Les clubs qui courent après l’Europe vont préparer la prochaine journée en se posant la question de savoir si le Swift sera en grève ou pas contre le RFCU. Ce qui changerait potentiellement beaucoup de choses.
Vont-ils parler d’autre chose que du Swift, cette semaine, les clubs en course pour les places européennes? La semaine passée, on a appris deux choses : 1) Hesperange n’était pas dans les clous pour le remboursement des dettes contractées auprès des joueurs et donc n’était pas éligible pour une licence UEFA, donc pour jouer la Coupe d’Europe. 2) Ses joueurs ont déposé un préavis de grève pour le match de samedi contre le RFCU et exerceront leur droit s’ils ne sont pas payés d’au moins un mois de salaire avant le coup d’envoi. Bref, le Holleschbierg semble organiser le chaos sur les sommets de la Division nationale. Toujours plus bas. Toujours plus tordu.
«Si on avait pu les battre 8-0…»
«Après, cela se peut aussi que les joueurs reçoivent leur salaire et que finalement, ils jouent. Moi, je pars du principe qu’ils jouent», veut croire Luc Hilger, le président de Strassen. Les joueurs hesperangeois aimeraient bien entendu qu’il ait raison, mais en off, ils disent avoir cessé d’y croire et garder grande ouverte l’option de la mise en retrait pour cette rencontre face à un candidat déclaré à la Conference League. Au grand dam de tous ses concurrents directs. Au premier rang desquels le F91, pourtant celui qui possède au moins une petite avance dans cette course à l’international. Gerry Schintgen a du mal à ne pas s’étrangler : «Je trouverais ça très antisportif, éthiquement fortement irresponsable. J’ai entendu leur président dire que sportivement, les choses se passeraient correctement. J’en doute».
S’il en doute, c’est parce que ce seraient forcément les juniors du Swift qui se déplaceraient sur la pelouse du Racing. On n’en est certes plus à l’époque où une équipe de U19 aurait pris un 20-0 bien tassé, mais pour Thomas Gilgemann, qui regarde ça avec l’expérience d’un président qui s’est posé la question de savoir quelle équipe son Progrès aurait en face, fin 2024 (les juniors hesperangeois étaient d’ailleurs assis en tribune, au cas où, au stade Jos-Haupert, début décembre), «des U19, de nos jours, cela vaut une Division 1 sans expérience. Mais nous, on n’aurait pas hésité. Si on avait pu les battre 8-0, on les aurait battus 8-0. Surtout dans le contexte actuel où le goal-average fait que pour un but, on peut être européen ou pas».
«Après, s’ils envoient tout le temps leurs juniors…»
Tout le monde aura donc le regard braqué sur le Hammerel, samedi. Le RFCU aura-t-il droit à un traitement de faveur involontaire, un coup de pouce du calendrier? Cela a son importance parce que dans la foulée, le Swift doit encore affronter Strassen, le F91 et le Progrès. Et que vu comment se comporte cette équipe décimée composée de garçons ressortis du placard et ébranlés psychologiquement («d’ailleurs, chapeau à eux, ils font le taf», veut préciser Thomas Gilgemann), ce ne serait pas la même de se la coltiner plutôt que les juniors. «Après, s’ils appliquent la même logique pour tous les autres candidats à l’Europe, qu’ils envoient à chaque fois leurs juniors, ce ne serait pas moins regrettable, mais en tout cas plus acceptable», relance Gerry Schintgen.
Depuis son lieu de villégiature, Karine Reuter, présidente de la LFL et du RFCU, a préféré s’abstenir de commenter. D’autres s’en sont chargés pour elle, tranchant dans le vif. Luc Hilger à la relance : «De toute façon, le Swift a déjà faussé le championnat. Souvenez-vous que Mondorf, qui n’est vraiment pas très loin de nous, a eu lieu match gagné par forfait 0-3 après le premier mouvement de grève». Le président de l’UNA appelle les joueurs à finir dans le respect, «à aligner l’équipe type». Et la fédération à tirer les conclusions de cet épisode rocambolesque et jamais vu : «Pour éviter toute falsification, la FLF devrait faire comme l’UEFA en Coupe d’Europe : imposer une liste de 28 joueurs. On a les noms et ils sont les seuls à pouvoir jouer. Cela éviterait ce genre de situations». Et dire que la deuxième grève n’a encore même pas eu lieu…