Arno Bonvini est un directeur sportif heureux : Strassen est officiellement européen. Cela lui crée plein de nouvelles et réjouissantes obligations.
C’est fait. Strassen est européen. Et cette année, il ne le doit qu’à lui-même. Avez-vous l’impression que c’est une qualification très différente de la saison passée ?
Arno Bonvini : Absolument! Ça change même tout. L’année dernière, on finit 6e et on va en Europe juste parce que d’autres n’ont pas fait le taf (NDLR : quelques clubs n’avaient pas obtenu la licence UEFA, dont le Swift ou la Jeunesse), alors que ce n’était pas notre faute à nous s’ils ne l’ont pas fait. Alors que 6e, on l’avait déjà été sans être européen. Même 5e. Mais là, on peut avoir la fierté du devoir accompli.
Où avez-vous le plus progressé, ces derniers mois, pour en arriver là ?
Ce qui a changé la donne, c’est qu’à l’automne, nous avons eu cette prise de conscience que nous avions un potentiel énorme dans cette équipe et qu’on n’avait plus à se contenter de douze ou treize joueurs dans l’effectif. On avait tout un groupe très homogène, jusque sur le banc. Si on ne changeait rien, on risquait encore de finir 5e ou 6e alors qu’il était évident que beaucoup d’autres équipes, hormis Differdange, n’avaient pas de régularité. Pas plus que nous. Mais j’associe l’ancien staff à cette réussite. C’est aussi son mérite. Il doit être cité.
Le fait d’être européen, cela change-t-il quelque chose à un recrutement déjà bien avancé ?
Notre recrutement avance très bien et j’espère que cette qualification nous permettra d’avancer encore plus vite. On ne fera pas de folie, cela dit. Hadji, par exemple, ce n’était pas une folie. Tout était calculé dans le budget. On savait que pour se le permettre, il fallait que l’on se sépare de deux joueurs au mercato hivernal, chose qu’on a faite avec Dadashev et Correia (NDLR : prêtés à Mersch et Rodange). Nos moyens restent les mêmes, mais là, on ne joue plus dans la même cour. On ne jouera plus pour être 5e ou 6e et on ne peut donc plus se permettre de se tromper sur deux ou trois joueurs, comme dans le passé. Là, il faut que ce soit très ciblé et sans faille.
Puisque vous parliez d’Hadji, il hésitait encore à répondre à votre offre de prolongation, réclamant une nette revalorisation salariale. L’Europe peut le décider ?
Je l’espère, pour lui comme pour nous. Sinon, il devra aller à l’étranger. Moi, je veux qu’il reste parce que je pense qu’il en a encore beaucoup dans le ventre. La balle est dans son camp. On va en rediscuter ce soir (NDLR : hier). On va remettre un petit plus à notre proposition, mais il doit aussi comprendre qu’on doit avancer. Zachary, je l’aime, mais on a un projet à construire et il y avait déjà des pistes qui s’étaient ouvertes, notamment à son poste, avant qu’on ne soit européen. Et maintenant qu’on est européens, d’autres vont s’ouvrir.
Hadji doit comprendre qu’on doit avancer
Quant à Tim Hall, qui vous avait demandé de patienter, également ?
On l’espère. Il a été franc et correct. Je comprends que quand tu as goûté au monde pro, tu veuilles y retourner. Mais voilà, j’espère qu’il fera de bons matches avec nous, mais pas trop (il sourit), parce que si le monde pro l’appelle, on ne l’empêchera pas d’y aller. On n’empêchera personne d’y aller.
Strassen doit déjà apprendre à vivre avec ce genre de risques ?
Tous les grands clubs du Luxembourg vivent avec ça depuis des années. Cela fait partie du jeu. Mais on a des plans B et C, on double tous les postes de façon très sérieuse. Déjà cette année, l’idée, c’était cela, afin d’être compétitifs du début à la fin de la saison. Et quand je vois comment on finit ces dernières semaines, on n’était jamais fatigués et cela s’est vu. Après, si avec l’Europe, l’intérêt de clubs pros touche plus des Luxembourgeois de l’effectif, là, cela nous ferait plus mal.
Les objectifs européens de Strassen ?
Ils dépendent aussi de là où on commence. Tout le monde semble penser qu’en cas de victoire de Differdange en finale de Coupe, la 2e place de DN sera qualificative pour le 2e tour de la Conference League, mais cela ne nous a pas encore été confirmé. Ce qui changerait aussi considérablement la donne financièrement.
Et en DN, en 2025/2026, maintenant que l’UNA est une place forte ?
Ces prochaines années, ce sera toujours top 3-4. Et même si une année, on n’est pas européen, Luc Hilger et le comité ont bâti le budget pour que cela ne nous tue pas. On pourrait ne pas y être une année et cela ne créerait pas de souci. C’est rassurant pour moi comme pour les joueurs.