Hesperange n’a quasiment rien pu faire pour empêcher le FCD03 de cingler à toute vapeur vers la couronne. À Oberkorn, le monstre a coulé en ne produisant rien, sans rien pouvoir et surtout en ne donnant pas l’impression de vouloir.
On veut bien qu’on appelle les chocs entre cadors où il ne se passe rien des «matches tactiques», mais il faut parfois avoir le courage de donner à certaines prestations le nom qu’elles méritent : des purges.
Entre un Differdange minimaliste et un Swift dont on n’avait pas totalement l’impression qu’il venait pour se donner des chances de rester dans la course au titre, les quarante-cinq premières minutes se seront résumées à un missile un peu forcé d’Artur Abreu à deux mètres de la lucarne (15e) et une agression de Martins sur Monteiro qui aurait pu valoir au défenseur hesperangeois un rouge et quelques matches de suspension puisqu’il a semblé littéralement envoyer son poing dans la mâchoire du petit attaquant après un contact anecdotique (21e).
Roland Vrabec, pour ce match de la dernière chance en vue du titre, a décidé de se priver de Raphael Holzhauser, un homme qui pèse neuf buts et quatre passes décisives en 2024. Il serait douteux que le match eut été plus emballant avec l’Autrichien, mais au moins eut-il pu se débloquer sur une phase arrêtée, l’un de ses grands talents.
Le Swift n’aurait-il pas dû finir le match à neuf?
La deuxième période sera donc du même tonneau. Affreuse. Et c’est encore une décision arbitrale litigieuse de M. Muller, qui préfère ne pas infliger un deuxième jaune à Couturier, auteur d’un plaquage sur Abreu (56e) pour annihiler un contre qui peut s’avérer dangereux, qui fera le plus jaser. On joue l’heure de jeu et le champion en titre est toujours à onze au lieu d’être à neuf.
C’est lui qui va enfin montrer quelque chose. Lasme et De Buyser, lancés en profondeur dans la surface, manqueront d’un peu de réalisme (60e et 62e), avant que le solide Belge n’arme la première vraie frappe du match, forçant Ruffier à s’envoler pour un arrêt-poster (65e).
Deux minutes plus tard, Rauch, auteur d’un match étincelant à la récupération, va hériter du ballon aux 25 mètres, s’avancer et déclencher un missile en lucarne opposée (1-0, 67e) qui pue la fin de règne pour un Swift qui n’avait pourtant encore concédé aucune occasion nette jusque-là. Ricky Delgado, la veille, avait dit que son équipe n’a pas énormément de réussite depuis août 2023. Cela se confirme.
Nagera produit le même bijou que Rauch
Mais sur une soudaine demi-volée de Monteiro que personne n’attend, le champion va avoir le coup de chance qu’il faut pour ne pas couler pour de bon. Dupire est battu mais le ballon rase le poteau (71e).
Hesperange n’a plus le choix : il va défendre ses dernières chances en quinze minutes. Vrabec fait entrer Belameiri, Deville, Ferrara et aussi Holzhauser bien sûr. Mais sur un coup-franc plein axe, l’ancien international autrichien va regarder Ruffier aller cueillir le ballon en lucarne (77e). La fin de (court) règne est pour une minute plus tard. Lancé dans un raid en solitaire, Nagera va ouvrir son pied en pleine course et trouver un angle magnifique pour battre Dupire au même endroit que Rauch dix minutes plus tôt (2-0, 78e). Le printemps du Swift, repoussé à douze points, vient de prendre un sérieux coup. Il ne lui reste plus que la Coupe pour ne pas faire une saison blanche. Et aussi avec la nécessité de finir au moins sur le podium, parce qu’on ne sait jamais, des fois que l’Europe s’envole elle aussi…
Julien Mollereau