Alors que la transition énergétique s’accélère, des secteurs comme celui du bâtiment se doivent d’évoluer. Les Centres de compétences de l’artisanat se tournent donc vers de nouvelles formations.
Cela pourrait être le bâtiment le plus efficace en termes d’économies d’énergie du Grand-Duché. Dans l’un des halls du centre de formation Krakelshaff, à Bettembourg, panneaux photovoltaïques, pompes à chaleur ou encore isolation thermique sont réunis au sein d’un même bâtiment. Mais ici, ces technologies sont là pour servir de supports aux artisans et aux demandeurs d’emploi qui viennent se former à l’efficience énergétique.
Depuis 2016, les Centres de compétences de l’artisanat accueillent les entreprises qui souhaitent développer chez leurs salariés de nouvelles compétences (lire encadré). Divisée en deux branches, le génie technique du bâtiment (GTB) et le parachèvement (PAR), cette offre s’est matérialisée en mars 2021 par deux bâtiments abritant le centre Krakelshaff. Les halls, d’une superficie de 5 000 mètres carrés, sont entièrement dédiés aux métiers de l’artisanat et à la formation d’électriciens, d’installateurs sanitaires, de charpentiers, de peintres ou encore de carreleurs.
Mais le métier d’artisan est en pleine mutation. La transition énergétique est en marche et les vieilles technologies fossiles laissent peu à peu leur place aux énergies renouvelables. Si le chemin est encore long, ce sont ces ouvriers qui sont en première ligne pour assurer cette évolution. Pour les accompagner, les Centres de compétences GTB/PAR proposent désormais de nouvelles formations en lien avec l’efficience énergétique. Décarbonation, électromobilité, développement durable… tous ces sujets auront bientôt leur centre de compétence dédié.
«Nous proposons déjà des formations, mais nous allons élargir la gamme, annonce Marc Ant, administrateur délégué du Centre de compétences. Nous allons également proposer des formations aux ingénieurs et aux architectes, avec de nouveaux supports, et plus seulement aux techniciens.» Ce nouveau centre de compétences devrait voir le jour d’ici l’été. Il prendra la forme d’un groupement d’intérêt économique, qui facilite le développement économique des entreprises qui le composent par la mutualisation des ressources, qu’elles soient matérielles ou humaines. En attendant, le CDC va d’abord interroger les professionnels dans les prochains mois sur leurs besoins en formation. «Nous allons lancer une large analyse qui nous permettra aussi de motiver les entreprises.»
«Prendre nos responsabilités»
Dans ce grand projet, les CDC sont accompagnés par le ministère de l’Énergie. «Si nous voulons gagner le combat contre le réchauffement climatique et nous sortir de la dépendance aux énergies fossiles de Poutine ou des despotes, il nous faut prendre nos responsabilités», rappelle le ministre Claude Turmes. Des responsabilités qui passent notamment par la formation des artisans. Certains, qui ont toujours travaillé sur des chauffages au gaz, apprennent aujourd’hui à installer des pompes à chaleur. «Le message politique, c’est que le Luxembourg doit être précurseur dans ces technologies. Le rôle du ministère est d’aider à financer ce centre de compétences assez unique au niveau européen.»
Le CDC a d’ailleurs fait une demande de subventions auprès du Fonds climat-énergie aussi bien pour l’implantation de son nouveau centre de compétences dédié à l’efficience énergétique que pour l’élaboration d’un plan de formation sectoriel et la réalisation de sessions de formation. Il est ainsi prévu de former plus de 1 000 personnes dans 25 à 30 activités différentes sur deux à trois ans. Ces formations, essentiellement pratiques, seront dispensées par des formateurs professionnels.
«Nous allons recruter des ingénieurs en efficience énergétique et nous allons nous rapprocher d’autres organismes de formation pour travailler avec eux», affirme Marc Ant. Plusieurs publics cibles seront visés, notamment les ouvriers et les techniciens des entreprises artisanales, mais aussi ceux des communes et des administrations publiques. Des formations dans les éoliennes, la thermographie du bâtiment, l’énergie verte ou encore la biomasse seront proposées. «Le développement des énergies renouvelables, l’isolation et la rénovation des bâtiments requièrent des artisans experts, souligne Claude Turmes. Le défi de la transition énergétique ne peut être relevé qu’ensemble.»
Près de 10 000 sessions de formation
Créés en 2016 pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre dans l’artisanat, les centres de compétences étaient centrés à l’origine sur le génie civil du bâtiment et le parachèvement. Mais, au fil des années, ils ont su se développer pour proposer de nouvelles formations dans la santé-sécurité-engin (premiers secours, utilisation de nacelles, de grues…) ainsi que dans les soft skills (les compétences comportementales telles que l’empathie, la confiance en soi, le savoir-être…) et le management.
Si un centre de formation dédié existe aujourd’hui à Bettembourg, les CDC travaillent aussi avec des organismes spécialisés dans d’autres domaines comme le gardiennage, l’immobilier ou le tatouage. Depuis sept ans, 9 643 sessions de formation ont ainsi été organisées pour 44 000 personnes dans 50 métiers différents.
Au-delà de l’efficience énergétique, leur offre continue de se développer dans d’autres secteurs, comme celui de la santé-sécurité-engin, qui bénéficiera bientôt, lui aussi, de son propre centre de compétences, tandis que des annexes aux CDC existants seront mises en place dans le nord du pays. Un parc photovoltaïque expérimental est également à l’étude avec des entreprises spécialisées. Il permettra de faire de la recherche et de tester de nouvelles technologies.