Le sommet européen s’est ouvert ce jeudi après-midi par un nouvel état des lieux concernant les migrants mais aussi par l’entame des discussions sur d’éventuelles sanctions contre la Russie pour condamner ses agissements en Syrie. Le Premier ministre luxembourgeois plaide pour le dialogue.
Une grosse averse s’est abattue sur le quartier européen de Bruxelles au moment où les 28 chefs d’État et de gouvernement de l’UE ont entamé leurs pourparlers. Le contexte de crise qui entoure toujours ces sommets n’a pas disparu. Alors que l’onde de choc de la sortie annoncée du Royaume-Uni (Brexit) ne s’est pas encore dissipée, voilà les 28 confrontés à de nouvelles urgences : la guerre en Syrie, une politique migratoire toujours défaillante et en plus le blocage concernant l’accord de libre-échange avec le Canada (CETA), qui ne sera abordé que vendredi.
En ouverture du sommet, la politique migratoire et le rôle que joue la Russie en Syrie ont en effet dominé les débats. Malgré la gravité de la situation, les visages des dirigeants européens étaient détendus avant le début de leur réunion, peu après 16h ce jeudi. Étonnant quelque part et il faudra voir si, d’ici ce jeudi soir (ou cette nuit), l’optimisme affiché sera encore toujours de mise.
Le Premier ministre, Xavier Bettel, a lui affirmé à son arrivée à Bruxelles avoir bien conscience des enjeux qui entourent ce sommet européen. Comme à son habitude, le chef du gouvernement luxembourgeois va enfiler son costume de médiateur, tout en ayant des messages clairs à passer. Cela est notamment le cas pour le conflit syrien et la situation humanitaire qui s’aggrave d’heure en heure. « Les bombardements d’Alep sont à condamner, ils ne sont pas acceptables. Mais on a été obligé de constater que les sanctions ne sont pas forcément le meilleur outil pour condamner ces actes », a souligné Xavier Bettel face à la presse luxembourgeoise, mais aussi internationale.
« Je sais que certains pays poussent pour avoir directement des sanctions mais comme vous le savez, les sanctions sont pour moi la dernière option à prendre si on n’a plus d’autre choix. Pour l’instant, on est confronté à une situation où tout le monde est perdant. Il nous faut tenter de sortir de là, sans imposer des sanctions avant de discuter », a enchaîné Xavier Bettel, qui plaide donc pour un retour à la table des négociations. « On a besoin de la Russie pour trouver une solution commune. Ce qui me dérange, est qu’on n’agit pas ensemble alors qu’on a avec les jihadistes de l’État islamique un ennemi commun », insiste le Premier ministre.
Pour ce qui est de la crise des migrants, Xavier Bettel ne s’est pas dit totalement opposé au principe de lier l’aide au développement à des quotas pour permettre le renvoi de réfugiés économiques vers leurs pays d’origine. « Si cela incite certains pays à enfin revoir les choses et investir plus dans les gens, je suis prêt à accorder mon feu vert », a dit le chef du gouvernement, tout en précisant toutefois que le Luxembourg allait continuer à soutenir « sans condition préalable les gens les plus pauvres ». « On a toujours mené une politique d’aide au développement pour venir en aide aux gens, pour leur offrir des perspectives. L’objectif doit être d’éviter les départs », souligne Xavier Bettel.
Il reste néanmoins à savoir si l’UE ne continue pas à faire fausse route. La solidarité européenne en ce qui concerne l’accueil de réfugiés en Europe fait en effet toujours défaut…
De notre envoyé spécial à Bruxelles, David Marques