On le disait usé par ses batailles politiques ou judiciaires, décrédibilisé par ses gaffes, fatigué par ses ennuis de santé mais les partisans de Silvio Berlusconi continuent à voir en lui un leader « rassurant », un « vrai pilier de l’Italie ».
A 81 ans, le vétéran de la vie politique italienne a encore démontré dimanche à Milan (nord) qu’il fallait compter avec lui.
Debout, sans jamais prendre une pause ni un verre d’eau, il a prononcé un discours de plus de deux heures devant ses partisans rassemblés dans l’ambiance feutrée d’un théâtre lui appartenant.
Alternant des éléments de son programme –de la réforme fiscale au relèvement des retraites– à des piques à ses rivaux, en particulier au Mouvement 5 étoiles (populiste), « Silvio », bronzé comme à son habitude, a multiplié les blagues, faisant rire son audience, qui n’était pas avare en applaudissements.
« Qui pourrait faire ce qu’il vient de réaliser? Comme ça debout, sans même un verre d’eau? Pas même un jeune de 20 ans. C’est un homme exceptionnel », s’enthousiasme Elga Morati, une infirmière de 70 ans à la retraite.
« Il est le vrai pilier de l’Italie. C’est une personne bénie des Dieux. C’est important pour notre Italie parce qu’elle est en train de s’enfoncer dans la vermine. Il n’y a que lui qui puisse la sauver », ajoute-t-elle.
« Magistrature politisée »
Si les soutiens de Silvio Berlusconi, selon un sondage Ipsos, se trouvent surtout parmi les retraités, les femmes au foyer et les chômeurs, les jeunes n’étaient néanmoins pas en reste dimanche.
Silvio, trop vieux? Que nenni. « Il est vraiment jeune à l’intérieur. La campagne électorale le prouve: il est tous les jours à la télé, à la radio », souligne Giuseppe Porta, un étudiant de 20 ans, qui estime que ce sont les Italiens et « la démocratie (qui) l’appellent ».
Pour Simone de Giorgio, 20 ans lui aussi, Silvio Berlusconi est « un phare, quelqu’un sur qui prendre exemple ».
« Dans tous les secteurs où il a opéré, il a toujours montré qu’il était le numéro un: dans l’entreprise, la télévision, le football, la politique… C’est un phénomène », juge le jeune homme originaire de Tarente (sud), en saluant son « énorme énergie ».
Si le leader de Forza Italia a été à de nombreuses reprises inquiété par la justice et a écopé en 2013 d’une condamnation pour fraude fiscale, qui a entraîné son inéligibilité –ce qui l’empêche de se présenter comme candidat et de briguer le poste de chef du gouvernement– ce n’est la conséquence que d' »une magistrature politisée », selon ses supporters.
« En Italie, une partie de la magistrature fait activement de la politique. Des juges l’ont persécuté (…) parce qu’il gagnait toujours les élections », soutient Simone de Giorgio.
« Tout ce qu’il a subi a été indigne, immoral », renchérit Giacomo Zecchini, 72 ans, ancien chef d’entreprise à la retraite.
« Sécurité et sagesse »
Nombreux sont ceux qui disent voter pour Silvio Berlusconi depuis ses débuts en politique, en 1994, à l’image de Raimando Suriano, 76 ans.
Selon lui, « Berlusconi est le plus concret, le plus préparé, il a tellement d’expérience ». « Et puis, c’est un entrepreneur: il a donné et continue à donner du travail à des milliers de citoyens à travers Fininvest », sa holding présente dans les médias, l’édition ou encore le secteur bancaire.
Pour Giacomo, il est d’ailleurs « le seul à avoir un programme politique sérieux, crédible et réalisable », « qui peut relancer le monde du travail, l’économie ».
« Contrairement à (Matteo) Salvini, qui est pourtant une personnalité politique valide, il a la capacité d’attirer aussi le vote modéré. C’est une personne rassurante par rapport à d’autres hommes politiques », note de son côté Federico Guiscardo, 38 ans.
Pour Federica Zanella, candidate de Forza Italia (FI) à Milan, il représente ainsi « la sécurité et la sagesse (…) face aux réalités populistes, en particulier le Mouvement 5 étoiles qui fait très peur, parce que là où ils ont le pouvoir ils n’arrivent pas à gouverner ».
Le Quotidien / AFP