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Benelux : «Il est important d’être unis en ces temps troubles»


10092025.HM. Sommet BENELUX au château de Bourglinster . H. Wüst , B. De Wever L. Frieden, D. Schoof , F. Decoster.

Le Premier ministre, Luc Frieden, a accueilli hier ses homologues belge et néerlandais pour un sommet du Benelux. L’actualité internationale a pris le dessus sur la coopération régionale.

Trois ans après le dernier sommet du Benelux organisé au Luxembourg, les Premiers ministres belge, néerlandais et luxembourgeois se sont retrouvés, hier, au château de Bourglinster. Le lieu idyllique est resté le même, les têtes ont toutefois changé alors que le contexte géopolitique s’est encore aggravé depuis le dernier rendez-vous, en novembre 2022. En Belgique, Bart De Wever a pris la succession d’Alexander De Croo, aux Pays-Bas, Dick Schoof a pris le relais de Mark Rutte tandis qu’au Grand-Duché, Luc Frieden est venu suppléer Xavier Bettel.

L’unité et l’objectif du Benelux restent toutefois inchangés, d’autant plus en «ces temps troubles dans le monde et en Europe», comme le souligne le Premier ministre luxembourgeois. «La situation rappelle un peu 1944 où les gouvernements luxembourgeois, belge et néerlandais, tous en exil à Londres, ont créé une Union économique pour encourager la reconstruction après la Deuxième Guerre mondiale», retrace-t-il.

«Le Benelux doit montrer le bon chemin»

L’Ukraine vivrait depuis plus de trois ans une occupation que les trois États membres du Benelux ont subie entre 1939 et 1945. «Aujourd’hui nous sommes des pays libres. Les Ukrainiens se battent aujourd’hui pour notre liberté. Il est important de continuer à les soutenir pleinement», souligne Luc Frieden. «Nous continuerons à fournir une aide politique, humanitaire, militaire, financière et à la reconstruction», soulignent les trois Premiers ministres dans la déclaration politique renouvelée, signée hier à Bourglinster.

Le Premier ministre néerlandais souligne que les trois pays du Benelux «sont plus forts en agissant ensemble sur la scène internationale». Cela vaut pour l’Ukraine, mais aussi Gaza. Les agissements de l’armée israélienne ont été condamnés à l’unanimité par les trois chefs de gouvernement. L’intrusion de drones russes dans l’espace aérien de la Pologne a été mis en avant par Dick Schoof (lire ci-contre).

Au vu de ce contexte tendu, le Benelux compte continuer à pleinement jouer son rôle de pionnier en matière d’intégration européenne. Cela vaut pour la défense, la sécurité intérieure, la résilience climatique et la compétitivité économique.

«En Europe, nous sommes confrontés à de nombreux débats, car nous sommes exposés à d’importantes pressions en ces temps très compliqués. Le protectionnisme prend de l’ampleur, un nouvel impérialisme existe dans le monde, le multilatéralisme est affaibli. Il existe un consensus, nous devons y répondre, et la seule réponse peut être une plus forte intégration européenne», développe Bart De Wever. «Historiquement, le Benelux a souvent montré le bon chemin à suivre. Mon ambition personnelle est que nous devons une fois de plus assumer ce rôle de précurseur pour un avenir meilleur pour l’UE. Nous avons tellement à gagner en unifiant davantage nos marchés, nos marchés des capitaux, nos capacités industrielles», énumère le Premier ministre belge.

Deux régions voisines en renfort

Le modèle du Benelux attire depuis plusieurs années d’autres régions. Hier, le ministre-président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Hendrik Wüst, a une nouvelle fois participé au sommet. Le dernier venu dans le format «Benelux+» est la région des Hauts-de-France, représentée par un de ses vice-présidents, François Decoster.

«Le renforcement de la compétitivité doit rester une de nos préoccupations majeures. Et nous devons agir ensemble dans des domaines clés comme l’industrie, l’intelligence artificielle, la recherche ou l’énergie», affirme le premier.

Côté français, on mise sur l’électromobilité, la production de batteries, l’agriculture ou la logistique. «En cette période compliquée, il importe de créer de nouvelles voies de coopération afin d’affronter les nouveaux défis qui se posent à nous. Le faire ensemble est possible grâce à la situation géographique, l’histoire et les caractéristiques communes de nos économies», note le second.

«Le Benelux est en quelque sorte une union naturelle. C’est pourquoi il a été très utile et important d’être unis en ces temps troubles. Il est essentiel de se concerter avec ses voisins», conclut Luc Frieden.

Agressions russes : le Benelux en première ligne

L’interception de drones russes en Pologne s’est invitée au sommet du Benelux, organisé mercredi au Luxembourg. Des avions de chasse néerlandais ont participé à la contre-attaque de l’OTAN.

Le Premier ministre des Pays-Bas, Dick Schoof, s’est montré le plus virulent, hier soir, lors de la conférence de presse de clôture du sommet Benelux. «La nuit dernière, nous avons vu que l’agression russe ne se limite pas à l’Ukraine. La menace qui pèse sur le territoire de l’OTAN s’accentue», a-t-il lancé, avant de rappeler que des avions de chasse néerlandais, stationnés en Pologne, ont participé à neutraliser les drones russes dans l’espace aérien polonais. «L’OTAN a réagi rapidement et avec détermination, ce qui est essentiel au vu de l’importante escalade à laquelle on est confronté. La situation est grave. L’Alliance a démontré qu’elle a la capacité et qu’elle est décidée à défendre chaque millimètre de son territoire», renchérit Dick Schoof.

De son côté, le Premier ministre luxembourgeois a «fortement condamné» l’agression russe contre l’Ukraine, mais aussi l’intrusion de drones russes dans l’espace aérien polonais. «Ce qui s’est passé (hier) matin est un signe supplémentaire que la Russie n’a aucune volonté de se retirer de l’Ukraine ou de réduire son effort de guerre», fustige Luc Frieden. «Il est d’autant plus important de rester unis. Nous avons cherché à déterminer comment fournir davantage d’armes à l’Ukraine, en nous concertant également à l’échelle du Benelux », ajoute-t-il.

Le Luxembourg protégé par ses voisins

Luxembourg, Belgique et Pays-Bas s’engagent tous les trois à participer au projet PURL, qui prévoit que les alliés puissent acheter des armes pour le compte de l’Ukraine. L’accord de principe conclu par le gouvernement luxembourgeois reste à chiffrer. Le gouvernement belge débloque 100 millions d’euros, le gouvernement néerlandais investit 500 millions.

Une coopération militaire plus étroite entre les trois pays est-elle possible? «L’armée néerlandaise est plus grande que celles du Luxembourg et de la Belgique. Il nous faut donc identifier les niches où on peut investir ensemble. C’est ce que nous comptons faire», avance Luc Frieden.

Plus globalement, le Premier ministre souligne l’importance de s’abriter sous le parapluie de l’OTAN, tout en pouvant compter sur le soutien aérien belge et néerlandais. «Nous avons vu que les attaques délibérées ou involontaires de la Russie contre la Pologne ont été immédiatement repoussées, notamment grâce à la présence des avions néerlandais. Cela prouve que notre Alliance et notre amitié fonctionnent», énonce-t-il, avant de noter que «si le Luxembourg est attaqué par les airs, nous pouvons compter sur nos voisins. C’est pourquoi nous avons souligné que la coopération est importante. Au niveau du Benelux, de l’UE et de l’OTAN.»