La commune de Sanem et la société de développement Agora, estiment que les cheminées ne présentent «plus un intérêt public suffisant» pour justifier une protection nationale.
Elles faisaient partie du paysage sidérurgique de Belval depuis des décennies, elles vont être bientôt démolies. C’est qu’ont annoncé la commune de Sanem et la société de développement Agora, dans un communiqué publié ce mardi.
«Plusieurs contraintes majeures, notamment techniques et financières, remettent aujourd’hui en question le possible maintien des deux cheminées. Elles présentent aujourd’hui un état de dégradation massif, ce qui implique un risque notoire en termes de sécurité, mais surtout des coûts extrêmement élevés en vue d’une réhabilitation complète des structures», expliquent-elles. D’après la commune de Sanem et Agora, les coûts estimés se chiffrent aujourd’hui à plus de 6 millions d’euros.
Des dépenses importantes directement liées à la complexité de ce chantier. Ce dernier nécessite, en effet, la mise en place d’échafaudages extérieurs et intérieurs sur une hauteur de plus de 40 mètres. Cela inclut également des travaux de désamiantage et de démolition des conduites d’aération de la cheminée. «Même après une restauration complète, les cheminées devraient faire l’objet d’un suivi régulier associé à des interventions de maintenance importantes, dont le coût est évalué à plus d’un million d’euros tous les trois à cinq ans», précisent Sanem et Agora. Ces travaux viseraient à préserver 3 800 mètres carrés de maçonnerie en briques rouges. «En l’absence de ces conditions de chauffage, ces matériaux subissent une dégradation accélérée, rendant toute conservation durable difficilement envisageable», regrettent la commune de Sanem et Agora dans leur communiqué.
Un concours d’idées lancé
Les deux cheminées de briques rouges de l’ancienne aciérie «Adolf-Emil-Hütte» avaient été construites en 1969 et 1972 par l’entreprise Eckart et Hotop de Sarrebruck. À l’origine, les deux cheminées mesuraient 115 et 75 mètres de hauteur. Pour des raisons techniques et de sécurité, elles avaient été démantelées en 2012 pour atteindre, aujourd’hui, une hauteur de 40 mètres chacune. Le plan technique du site de Belval prévoyait, au départ, la conservation de ces cheminées pour être intégrées dans le paysage urbain du quartier d’Esch-sur-Alzette.
Aujourd’hui, le constat est clair pour Sanem et Agora, «elles ne présentent plus un intérêt public suffisant pour justifier une protection nationale». Pour rappel, cette position avait été communiquée dès 2021 à la ministre de la Culture de l’époque, Sam Tanson. Cette dernière avait décidé de ne pas classer ces structures comme monuments nationaux. La commission des sites et monuments nationaux avait également émis un avis défavorable. Le ministre actuel de la Culture, Eric Thill s’était d’ailleurs rallié à cette décision.
Dans le but de faire vivre la mémoire industrielle, la commune de Sanem et la société de développement Agora lanceront, dans le courant du mois de novembre, un appel à participation pour un concours d’idées dans le cadre du démantèlement des deux cheminées. Des urbanistes, paysagistes, artistes et autres experts sont invités à se manifester pour sauvegarder l’héritage sidérurgique de Belval.