Dominique Alderweireld, dit «Dodo la Saumure», connu pour avoir comparu dans l’affaire du Carlton en 2015, a été placé sous mandat d’arrêt mercredi en Belgique, notamment pour traite humaine et fraude sociale, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.
Dominique Alderweireld et sa compagne Béatrice Legrain ont été inculpés de traite d’êtres humains, de fraude à ONSS (l’équivalent de l’URSSAF en Belgique) ainsi que de bris de scellés placés sur deux maisons closes, a expliqué le procureur belge chargé du droit pénal du travail de la région francophone du Hainaut (sud-ouest du pays), Charles-Eric Clesse. Dominique Alderweireld exerçait ses activités à Tournai et dans la région, tout près de la frontière française.
«Plusieurs filles avaient été contrôlées sans être déclarées à l’ONSS et certaines d’entre elles étaient en séjour illégal en Belgique», a précisé Charles-Eric Clesse. Parmi la vingtaine de filles qui travaillaient dans les deux établissements du couple, certaines étaient Françaises et d’autres venaient d’Europe de l’Est, a affirmé le procureur. «Il y avait également une Belge, mère chômeuse de cinq enfants, et l’on peut imaginer qu’il abusait de sa situation précaire», a-t-il poursuivi.
«A quatre reprises, Dominique Alderweireld a brisé les scellés placés sur ses deux établissements, l’un à Tournai, en face du commissariat de police, l’autre dans un village des environs», a ajouté Charles-Eric Clesse. Dominique Alderweireld, qui a été incarcéré, comparaîtra vendredi matin devant une chambre du conseil qui doit statuer sur le sort du prévenu. Le proxénète est passible d’une amende – pouvant aller de 4 800 à 48 000 euros par jeune femme exploitée – ainsi que d’une peine de 6 mois à 3 ans d’emprisonnement, selon Charles-Eric Clesse. En septembre 2013, la cour d’appel du Hainaut avait déjà condamné «Dodo la Saumure» à une peine de cinq ans avec sursis pour proxénétisme.
«Dodo», de nationalité française et tenancier de maisons closes en Belgique, avait été propulsé sur le devant de la scène médiatique française pour ses liens avec l’ex-patron du FMI Dominique Strauss-Kahn. Accusé de proxénétisme aggravé dans le procès du Carlton à Lille (hôtel où plusieurs notables avaient profité de services de prostituées), il avait été relaxé en juin 2015.
Personnage haut en couleur, Dominique Alderweireld, alias «Dodo la Saumure», se définit comme un «souteneur» toujours prêt à aider ses «filles» plutôt qu’un vulgaire proxénète, même s’il dit regarder les femmes «avec l’œil du maquignon». Né à Annoeullin dans le Nord le 5 février 1949, il racontait dans son ouvrage «Moi, Dodo la saumure», vendu à près de 20 000 exemplaires (Denoël), avoir traversé une «enfance difficile» dans différentes localités du Nord, où il ne pouvait se laver qu’une fois par semaine.
Le Quotidien/AFP