«Préservons les bonnes terres arables », « pas de béton », etc. Les panneaux se succèdent le long de la route nationale 81, entre Messancy et Arlon, à quelques minutes de Longwy.
Depuis quatre ans, plusieurs centaines d’agriculteurs et de citoyens se battent contre un projet d’extension d’une zone commerciale. Explications avec André Gillet, Jean-Pierre Lesenfants, André Reichling et Adrien Blauen.
Origine de la lutte
« On a appris le projet par hasard. C’était fin octobre 2013. L’un d’entre nous rentrait ses bêtes et a aperçu un tout petit écriteau annonçant l’extension de la zone d’activités économiques Weyler-Hondelange, avec des expropriations à la clé. On s’est alors informés en urgence, deux séances de conseil municipal étant prévues deux semaines plus tard. Puis on a monté un dossier, avant d’aller rencontrer les politiques, l’intercommunale porteuse du projet (lire ci-contre), les communes, des avocats. Résultat : on était présents aux conseils municipaux d’Arlon et Messancy (Hondelange est une commune de Messancy NDLR), à plus d’une centaine parfois, pour montrer notre désaccord. »
Les arguments contre
Terre. — Les agriculteurs et citoyens ne supportent plus de voir disparaître des terres cultivables et cultivées en Belgique et ailleurs.
« Douze hectares de surfaces agricoles et forestières sont perdus chaque jour. Or ce sont ces terres qui nourrissent les hommes. L’intercommunale dit que c’est un des socles de notre société, et on est bien d’accord là-dessus, mais elle fait l’inverse. Ici, on parle de très bons sols. »
Eau. — Le collectif ne souhaite par voir plus de véhicules circuler sur une route qu’il estime déjà saturée. Et notamment en raison des pollutions.
« De plus, quelles activités seraient lancées sur cette zone ? S’il y a des industries, il y aura pollution. Sans parler de l’impact sur les nappes phréatiques, sur la zone Natura 2000 voisine, et des inondations dues au bétonnage, déjà effectives. Le tout se dirigeant vers le village d’Hondelange. »
Vent. — Pour les citoyens, le dossier d’Idelux, c’est du vent.
« Il est rempli de mensonges. Ils disent que les terres sont mauvaises et utilisées surtout pour du pâturage, alors qu’on y fait pousser des céréales en masse ; qu’il va y avoir des créations d’emplois, alors qu’on ne fera que du déplacement d’emplois précaires ; ou qu’il n’y a pas d’alternatives à cette zone, alors qu’on en a listé plusieurs, comme les friches ferroviaires de Stockem ou le terrain militaire de Lagland. »
Feu. — Les opposants font feu de tous bois, notamment sur l’intercommunale.
« Ils ont pris l’habitude, comme les autres intercommunales du pays, d’exproprier des gens pour des projets qu’ils qualifient d’intérêt général, en leur achetant leurs terres à des prix bas. Ensuite, ils les revendent vingt fois plus à des privés. Ça ne peut plus durer. »
Aujourd’hui
La Région wallonne a mis un an pour désigner Pissart comme bureau d’études d’incidence sur le projet.
Depuis l’hiver 2014-2015, il n’y a rien de neuf. « On attend cette étude d’incidence. Et on a quelques craintes, surtout en voyant les nouvelles lois simplifiant l’installation des zones commerciales. Tout ça alors que le centre-ville d’Arlon se meurt. Il est triste, vide. Quand on peut massacrer l’activité locale, on la massacre. Mais on ne va pas se laisser faire. »
Contactés à plusieurs reprises, les représentants d’Idelux n’ont pas donné suite à nos appels.
Traduction : « Défendons les terres des bien-nés ! »