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Beau-père poursuivi pour abus : le parquet demande l’acquittement


«Je suis innocent à 100%», a répété le trentenaire face aux juges. (Photo : archives lq/Isabella Finzi)

Poursuivi pour attouchements sur sa belle-fille de 4 ans en 2013, un trentenaire était convoqué, mardi matin, à la barre du tribunal correctionnel. Le parquet a finalement requis son acquittement… pour cause de doutes.

Il est plutôt rare que le ministère public requière un acquittement. «Mais dans ce dossier, les éléments de doute prévalent», a estimé le substitut principal Laurent Seck, mardi matin, au bout de trois heures de débats. «Ce dossier n’aurait pas non plus dû traîner aussi longtemps au vu de la pénibilité de ce genre d’affaire», dira, par ailleurs, le parquetier.

Il faut en effet se replonger plus de six ans en arrière pour estimer les faits reprochés au prévenu, âgé aujourd’hui de 32 ans. À l’origine, les déclarations de sa belle-fille, une fillette de 4 ans, le 19 juillet 2013. Au moment de prendre sa douche, elle se plaint d’avoir mal à ses parties intimes. On est vendredi soir. L’enfant se trouve dans le cadre de son droit de visite depuis le début de la semaine chez son papa. Mais le nom que la petite associe à ses douleurs est celui du nouvel homme dans la vie de sa maman.

Constatant quelques rougeurs, la compagne du père de la fillette applique une crème anti-irritation. Le père, pour sa part, décide de porter plainte à la police à Esch. L’affaire se retrouve rapidement entre les mains de la section protection de la jeunesse de la police judiciaire. Au moment d’aller aux toilettes, avant même le début de son audition-vidéo, la mineure évoque une première fois l’incident à l’enquêtrice. Elle précisera ensuite que cela se serait passé quand elle dormait sur le canapé-lit avec sa maman et son beau-père. La fillette répètera également les gestes sur un nounours qu’on lui avait passé. «Elle a écarté les jambes et enfoncé son doigt dans l’entrejambe du nounours», résume l’enquêtrice. Le procès-verbal de la police retient aussi que les attouchements avaient eu lieu par-dessus le pyjama. Lors d’un examen gynécologique aucune lésion n’avait pu être décelée.

«J’ai coupé les liens avec la petite»

Une psychologue avait examiné l’enfant. Elle n’a pas pu constater que les déclarations de la petite avaient été influencées par son père. Et dans son expertise de crédibilité, elle n’est arrivée à aucune conclusion.

Le tribunal tentera d’en savoir plus sur la relation qu’entretenaient les parents séparés à l’époque. Prises de bec? Bagarres? Problèmes sur l’exercice du droit de visite? La mère qui est entretemps divorcée du prévenu n’a pas d’explications non plus. «J’ai coupé les liens avec la petite. Car je me sens fautive…», indique-t-elle. Elle confirme qu’au moment où ils rénovaient la chambre à coucher de sa fille, cette dernière dormait entre elle et le prévenu.

Depuis son audition, la position du beau-père n’a pas changé : «Je suis innocent à 100 % dans cette affaire», a-t-il répété hier face aux juges. L’homme qui habite au Luxembourg depuis sept ans insistera : «Si j’étais intéressé par la pédopornographie ou les enfants, j’aurais commis une bêtise.»

Une simple amende requise pour 34 images

Pour son avocate Me Zohra Belesgaa, il n’y a qu’une solution : l’acquittement. Car dans le dossier il n’y aurait aucun élément prouvant qu’il a mis un doigt dans le vagin ou qu’il y a eu attentat à la pudeur. «Entre l’arrivée de l’enfant et le vendredi, cinq jours se sont passés. À aucun moment, il n’est allégué que la petite s’est plainte», appuie la défense.

Un point sur lequel la rejoindra finalement le parquet. «Les déclarations de la fille restent assez vagues.» Dans son réquisitoire, son représentant estimera qu’il y a aussi «un doute quant à l’existence et l’intention sexuelle du geste. Sans intention, pas de viol ou d’attentat à la pudeur».

Au final, aux yeux du parquet, il ne reste que les 34 images à caractère pédopornographique (et 46 à caractère douteux) que la police avait saisies sur le disque dur de son ordinateur. Comme elles étaient effacées, leur date de téléchargement n’a pu être retracée. Le prévenu avait expliqué avoir partagé un certain temps une chambre dans un foyer et prêté son ordinateur sans mot de passe. Le parquet ne pense pas que la trentaine d’images montre qu’il a des tendances pédophiles. N’empêche que la détention de ce type de matériel est punissable. Vu l’ancienneté et le petit nombre de photos, il réclamera une simple amende.

Le père de la fillette s’est constitué partie civile. Il réclame pour elle 20 000 euros au titre du préjudice moral. La 12e chambre correctionnelle rendra son jugement le 12 mars.

Fabienne Armborst