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BD : « Le Tour de Belgique » de l’auteur-cycliste Monsieur Iou


Des escapades pleines de surprises et de découvertes – et parfois de galères – que Monsieur Iou raconte avec énormément d'humour et d'autodérision. (©Monsieur Iou/Le Tour de Belgique)

C’est un premier album simple graphiquement, mais drôle et sympathique que propose l’auteur-cycliste Monsieur Iou avec « Le Tour de Belgique ». Un album qui roule.

À trente ans, Monsieur Iou, pur produit de la métropole bruxelloise, se rend compte qu’il n’a qu’une connaissance très vague de son «plat pays». Il décide donc de grimper sur son vélo et de partir à la découverte des différentes merveilles belges. Des escapades pleines de surprises et de découvertes – et parfois de galères – qu’il raconte avec énormément d’humour et d’autodérision dans Le Tour de Belgique (éd. Rue de l’Échiquier).

C’est votre premier album. Quelle en est la genèse ?

Monsieur Iou : En fait, bien avant de commencer à dessiner, j’ai commencé à faire plein de balades à vélo. Comme ça, par curiosité. Beaucoup de choses m’ont très fort surpris. Et je me suis rendu compte, ce n’était pas un constat très agréable !, que je connaissais très mal mon pays. Il y a plein de jolies choses à voir et j’ai voulu le montrer. En racontant mes petits périples à mes amis, je me suis rendu compte que ça intéressait beaucoup de monde et que, en fait, peu de gens connaissent bien la Belgique. J’ai donc commencé à en faire un blog. Le blog a assez bien marché, mon éditeur est tombé dessus et m’a proposé d’en faire un album.

Le but n’est pas sportif, mais de rappeler qu’il y a plein de choses à voir même sans aller à l’autre bout du monde.

C’est ça. Pas besoin de rêver d’avoir de gros moyens pour partir à l’autre bout du monde pour voir des choses incroyablement belles et intéressantes. Souvent, il suffit de lever la tête, de bien regarder ce qu’il y a et ce qui se passe autour de nous.

Bon, il faut aussi un minimum de condition physique. À côté de l’aspect « guide touristique » décalé, l’album est aussi une sorte de vade-mecum du parfait cyclotouriste…

Disons que je voulais démystifier la chose. Beaucoup de gens me disaient : « Ah oui, mais il faut un bon vélo, ça coûte cher. » Je ne suis pas sûr de ça. Il faut juste un vélo qui convient bien et quelques affaires. Quelques infos sur le matériel suffisent. Et il ne faut pas du tout être un ancien coureur pro ou un grand sportif pour faire ce que je fais.

Vous le dites pourtant dans l’album : on appelle ça le plat pays, mais, parfois, ça monte quand même, non ?

Oui, oui, ça monte, mais il y a des solutions à toutes les situations. Si ça monte trop, on descend de vélo et on monte à pied, ou bien on arrive en haut et là, on peut s’arrêter le temps nécessaire. Ça grimpe pas mal, mais les distances ne sont jamais trop longues. Et puis, chacun peut adapter ça à ses capacités, ce n’est pas une course chronométrée. Personnellement, toutes les contraintes – pavés, pluie, vent, etc. – m’ont finalement créé de bons souvenirs.

Bon, après, ce qui fait le principal intérêt de cet album, c’est son humour, l’autodérision sur vous, sur la Belgique, sur les guéguerres entres les régions, sur les traditions, sur les excès alcooliques de certaines festivités nationales… C’est belge, quoi ! Après, étant belge, je n’ai pas voulu forcer le trait sur cette belgitude, mais c’est clair que c’est plus sympa de parler des échecs que des réussites, ça a quelque chose de moins frontal et ça rend le récit plus intéressant.

Vous n’hésitez pas, pour vous accompagner dans le livre, à faire appel à Eddy Merckx et à Philippe, le roi. Vous visez haut ?

(Il rit) Bien sûr, il le faut ! Le Cannibale d’un côté et le roi de l’autre, c’est pas mal, en effet! Après, le roi, ce n’est qu’un clin d’œil, mais Eddy Merckx, ça représente vraiment quelque chose en Belgique. Je ne suis pas un fanatique absolu de Merckx, mais c’est une espèce de légende vivante.

Comme je parle de cyclisme et de Belgique, ça m’a plu d’utiliser son image pour créer un dialogue avec lui. Il représente l’ambition, le champion, quelque chose de finalement à la fois proche et lointain.

Même en tout début d’album, en citant Arlon, vous écrivez : « C’est trop loin, je vois rien. »

C’est vrai. Mais c’est pour se moquer du cliché du Bruxellois typique qui, dès que c’est trop loin en Wallonie, ne sait absolument pas à quoi ça ressemble.

Il faudra faire un Tour de Belgique 2 ou un Tour du Benelux.

J’aimerais bien.

Entretien avec Pablo Chimienti