Les négociations pour le renouvellement de la convention collective de travail dans le secteur du bâtiment sont totalement bloquées, ont constaté jeudi les syndicats OGBL et LCGB.
«Conflit» : le mot a été répété à plusieurs reprises lors d’une conférence de presse commune tenue jeudi matin dans les locaux de l’OGBL à Esch-sur-Alzette. Les syndicats OGBL et LCGB, qui font cause commune sur ce dossier, attribuent au patronat le blocage de la négociation de la convention collective de travail du secteur du bâtiment, arrivée à échéance en septembre 2016. A l’issue de 20 mois d’un jeu du chat et de la souris au cours desquels les partenaires sociaux n’ont pris place que trois fois autour de la table des négociations, les discussions achoppent toujours sur les hausses salariales revendiquées par les syndicats. Disant leur attachement au dialogue social, ils jugent que le patronat joue la montre depuis près de deux ans pour ne pas « négocier sérieusement ».
Le secteur qui emploie quelque 18 000 personnes se porte pourtant bien et ses perspectives sont bonnes ont argumenté jeudi matin Jean-Luc de Matteis, secrétaire central OGBL, et Jean-Paul Baudot, secrétaire syndical LCGB. Ils ont rappelé que ces dernières années de considérables efforts de productivité ont été consentis par les salariés du secteur. «Les carnets de commande sont pleins et les entreprises manquent de main d’œuvre», a ainsi exposé Jean-Luc de Matteis.
Menace de grève en 2013 déjà
L’heure est donc, selon les syndicats, à la redistribution. Ils revendiquent une hausse annuelle de 1,5% pour la durée de la convention collective qui doit s’étendre sur trois années (2018, 2019 et 2020) et une rétroactivité pour 2016 et 2017. Une demande que le patronat ne veut en aucun cas satisfaire, exigeant pour sa part davantage de flexibilité. Le débat n’est pas nouveau et avait déjà failli mener à la grève en 2013, avant qu’un accord ne soit conclu in extremis.
Selon les syndicats, les patrons veulent moduler les horaires de travail de leurs salariés en fonction notamment des conditions météorologique. Actuellement la durée de travail hebdomadaire maximale dans le secteur est fixée à 48h, les heures prestées au-dessus de 40 heures hebdomadaires étant considérées comme heures supplémentaires et donc rémunérées comme telles.
Selon le schéma défendu par le patronat, la durée maximale du travail hebdomadaire serait portée à 54 heures et surtout le salarié se verrait attribuer un compte horaire sur une base annuelle. Autrement dit, les heures non travaillées en période d’intempéries hivernales, par exemple, seraient rattrapées au printemps par des journées de travail plus longues. Au final le salarié effectuerait bien une moyenne de 40 heures hebdomadaires sur l’année mais serait privé des heures supplémentaires qu’il percevait avec l’ancien système. «Cela entraînerait des pertes de revenus pouvant aller de 20 à 30%, ce n’est pas acceptable», a tranché Jean-Luc de Matteis de l’OGBL.
Prêt à toutes les actions syndicales
Invité par RTL radio jeudi matin, Joël Schons, administrateur du Groupement des entreprises et gérant de la société Stugalux, a au contraire rejeté le blocage des négociations sur les syndicats, les accusant de surenchérir sur les exigences salariales et minimisant les propositions patronales pour davantage de flexibilité.
Constatant l’impasse dans laquelle ils se trouvent, les syndicats ont annoncé qu’ils sont désormais prêts à toutes les actions syndicales pour amener le patronat à négocier, y compris le recours au Comité de conciliation. «Nous allons sensibiliser les salariés et les mobiliser», a annoncé Jean-Luc De Matteis, se joignant à son homologue du LCGB pour assurer qu’ils «sont prêts à négocier demain matin si les patrons le veulent vraiment».
Fabien Grasser