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[75 ans de la Bataille des Ardennes] Défense héroïque dans l’Oesling


Plusieurs soldats américains photographiés dans les forêts autour de Nothum. (Photo : collection mnhm Diekirch)

Les terres grand-ducales ont servi de brise-lame pour contrer l’ultime offensive allemande, il y a 75 ans. Lancée le 16 décembre 1944, la bataille des Ardennes a marqué le pays.

Clervaux, Wiltz, Vianden, Diekirch ou encore Echternach, Bettendorf et Reisdorf. La liste des localités du Grand-Duché ayant subi la bataille des Ardennes est longue. Des héros sont nés pendant cette percée inattendue de la Wehrmacht, qui semblait déjà battue au début de l’hiver 1944/1945. Des milliers desoldats américains se sont sacrifiés pour freiner l’offensive allemande, qui visait Anvers et Bruxelles. Ils ont été stoppés net à Bastogne.

En se baladant aujourd’hui le long des larges et paisibles plaines qui caractérisent l’Oesling, on a du mal à s’imaginer qu’il y tout juste 75 ans, ces mêmes champs et forêts ont formé le décor d’une ultime tentative des  troupes allemandes pour inverser la vapeur. Acculées depuis juin 1944 et l’invasion des troupes alliées sur les plages de Normandie, les armées d’Adolf Hitler préparaient une contre-offensive que personne n’avait vue venir.

Le 9 septembre 1944, les troupes américaines avaient traversé la frontière à Pétange afin de libérer progressivement le Grand-Duché du joug nazi. La population était en liesse, mais la contre-attaque se préparait déjà le long de la Sûre. «Ce sont trois armées allemandes qui se sont préparées dès septembre pour tout écraser sur leur chemin vers Anvers. L’idée était de séparer les troupes britanniques aux Pays-Bas et les troupes américaines en France», note Philippe Victor, responsable éducatif du musée national d’Histoire militaire (MNHM), basé à Diekirch.

Des citoyens qui n’ont pas été écoutés

Ce sont en fin de compte quelque 250 000 hommes et 600 chars qui ont lancé la très sanglante bataille des Ardennes. Le Grand-Duché n’a pas été épargné. Pourtant, des citoyens sentaient venir le coup. Dans son ouvrage Objectif Bastogne, sur les traces des reporters de guerre américains, Jean-Paul Marthoz note que «les quelques informations éparses communiquées par des citoyens luxembourgeois (…) furent négligées» par l’état-major américain. «Le vendredi 15 (décembre), personne ne prêta attention à des rapports transmis par des sentinelles américaines postées le long de la rivière Our au Luxembourg et qui faisaient état de bruits suspects», peut-on lire dans ce même ouvrage.

Au matin du 16 décembre 1944, l’offensive von Rundstedt a été lancée. «Il y avait une poche à défendre autour de Saint-Vith. Poche veut dire « bulge » en anglais, d’où le nom « Battle of the bulge » repris par les Américains», indique Victor Philippe. «La riposte était désespérée. Largement en sous-nombre, les troupes américaines se sont sacrifiées. À Hosingen, deux compagnies avec 800 hommes ont réussi à stopper deux régiments allemands de 6 000 soldats», retrace l’enseignant détaché au MNHM.

Les chars ont eu du mal à avancer sur la neige. (Photo : collection mnhm Diekirch)

Les chars ont eu du mal à avancer sur la neige. (Photo : collection mnhm Diekirch)

Au premier jour de l’offensive, la percée allemande est qualifiée de remarquable, mais rapidement les troupes d’Hitler allaient être freinées dans leur élan, que ce soit à Elsenborn et Saint-Vith du côté belge ou encore Clervaux, Heisdorf et Reisdorf côté luxembourgeois. «Pendant deux ou trois jours, les combats furent très violents. Les soldats se sont battus jusqu’au dernier coup de poing», note Philippe Victor. «En partie, c’était du un contre dix, mais cette défense héroïque a permis de gagner du temps en attendant les renforts du général Patton, arrivé dans les Ardennes au bout de deux ou trois jours après être parti de Metz», détaille le responsable éducatif du MNHM. George S. Patton, qui  repose au cimetière militaire de Hamm, lance la contre-offensive le 22 décembre, jour où la neige a commencé à tomber en abondance sur les Ardennes.

Schumanns Eck et «Sauer River Crossing»

Sur les terres grand-ducales, on peut retenir trois affrontements marquants, à commencer par la sanglante bataille dans les forêts autour du Schumanns Eck, près de Wiltz. Ces combats, qui ont sévi pendant 15 jours fin décembre 1944, furent les plus meurtriers sur le sol luxembourgeois. Wiltz ne sera libéré que le 21 janvier 1945.

À Diekirch, 6 000 civils se voient enfermés le 19 décembre avec les troupes allemandes attaquant depuis le Herrenberg et l’armée américaine se défendant à partir d’Ingeldorf. En fin de compte, ils ont pu être évacués. Une des étapes décisives de la contre-attaque alliée a été le «Sauer River Crossing». Entre le 18 et le 22 janvier 1945, l’armée américaine était mobilisée pour repousser les Allemands de l’autre côté de la Sûre.

La bataille des Ardennes prend fin le 25 janvier. Le 12 février, Vianden est libérée comme dernière localité luxembourgeoise. La libération intégrale du Grand-Duché est célébrée le 13 février. La Grande-Duchesse Charlotte revient le 14 avril 1945 de son exil londonien.

David Marques

Un lourd bilan humain

19 000

Les États-Unis ont payé la plus lourde contribution pour chasser les troupes allemandes hors des Ardennes. Quelque 19 000 soldats ont trouvé la mort.

47 000

Toujours du côté de l’armée américaine, on a dénombré 47 000 blessés.

17 200

Dans les rangs de la Wehrmacht, 17 200 soldats sont tombés.

34 000

Les troupes allemandes ont comptabilisé 34 000 blessés.

16 000

Les alliés ont fait prisonniers 16 000 soldats allemands.

 

Un commentaire

  1. Conternois indigné

    Tous nos respects posthume à nos libérateurs, les Luxembourgeois doivent toujours être reconnaissants de ces sacrifices humains et de familles brisées américains. Malheureusement pas tous semblent comprendre la gravité de cette libération 1945: aujourd’hui la commune de CONTERN n’a même pas hissé le drapeau américain au Monument pour les soldats américains à Oetrange, près du « pont de la libération »! Même pas une fleur! Une honte de la bourgmestre Zovilé, des citoyens indignés s’en excusent ici…