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[C’était mieux avant] Sohrab Ziai : «On a dormi sur les escaliers devant l’hôtel»


(Photo : dr)

Alors que Mamer, où il habite, affronte le Sparta, son club de cœur, l’ancien intérieur revient sur les grands moments de sa carrière.

Découvrez tous nos autres épisodes dans la rubrique dédiée «C’était mieux avant»

Votre adversaire le plus fort?

Sohrab Ziai : Au Luxembourg, sur ma position, c’était Mike Feyder. Un shooteur redoutable. À qui il ne fallait pas laisser un demi-mètre. Mais sinon, c’est Nelson Delgado. Il fallait le freiner autant qu’on pouvait. Et sur le plan international, j’avais joué en Coupe d’Europe contre Leverkusen et j’étais tombé sur un Finlandais qui était sur moi. Là, j’ai constaté la différence entre les pros et nous. C’est simple, tu n’arrivais même pas à prendre un shoot de tout le match.

Votre plus grand exploit?

Certainement le premier titre avec le Racing en 1998, l’année de mon arrivée. Ils étaient remontés en D1 l’année d’avant. Pedro Rajniak, mon entraîneur au Sparta en équipe de jeunes, était sur le banc du Racing. Et Bob Adam, qui m’avait entraîné chez les cadets, était le capitaine de l’équipe. J’étais la pièce du puzzle qui manquait. J’ai tout de suite trouvé ma place. Personne ne pensait qu’on arriverait tout de suite à décrocher le titre. Et en finale contre Heffingen, lors du premier match, j’avais marqué 34 pts. On jouait à Steinsel, car notre salle était trop petite. J’ai joué le match parfait. Au bon moment.

Votre meilleur souvenir?

Peut-être le titre à mon retour au Sparta en 2004. Le club attendait ça depuis 1987. Tu sentais que tout le club attendait cela. On avait une sacrée équipe et un coach, Michel Baiverlin, qui était un tacticien magnifique. Selon le système, je savais exactement où j’aurais un shoot libre.

J’étais la pièce qui manquait au puzzle

Votre plus grande émotion?

Le titre en 2000 avec le Racing. Le jeudi, on était encore à l’entraînement avec Pedro. Et pendant la nuit, il a eu sa crise cardiaque. Quelques mois après, on gagne le titre avec son fils Martin dans l’équipe. C’était une immense émotion.

Votre plus grand regret?

Avec le recul, celui de n’avoir jamais participé aux JPEE. J’ai souvent eu l’occasion de le faire, mais je ne voyais pas trop l’intérêt d’aller en équipe nationale. Une fois, je me suis laissé convaincre par Hermann Paar, qui m’avait invité à dîner. On s’était mis d’accord pour que je participe aux entraînements. Mais je me suis blessé. J’étais out pendant quelques semaines. J’ai raté le train à ce moment. 

Votre plus grande déception?

Une finale perdu contre Etzella en 2006. On aurait dû l’emporter, mais on gâche complètement notre deuxième match alors qu’on était l’équipe la plus forte. Cette défaite m’est restée en travers de la gorge assez longtemps. En même temps, c’était l’époque où Justice Sueing jouait à Etzella. Et Larrie (Smith) a toujours eu des problèmes face à lui.

On s’est rendu compte que le bus était parti avec un joueur endormi à l’arrière

Une anecdote que vous n’avez jamais racontée?

J’étais convoqué avec l’équipe nationale espoirs, alors que je n’étais que cadet, pour un tournoi à Paris. Une fois sur place, les leaders de l’équipe ont repéré une fête sur une péniche qui n’était pas loin de notre hôtel. La plupart des joueurs se sont faufilés dehors. En rentrant, à 3 ou 4 h du matin, on espérait que Doug Marty, le coach, ne nous remarquerait pas… et il nous attendait. Il nous a dit que, comme on était restés dehors jusqu’à 3 h du matin, on pouvait passer le reste de la nuit dehors. Il a fermé la porte et on a dormi sur les escaliers devant l’hôtel. Le matin, il nous ouvre, nous dit qu’on avait 20 minutes pour ranger nos affaire et aller dans le bus. J’ai traîné un peu. Je suis arrivé dernier dans le bus alors pendant tout le trajet, il m’a forcé à faire des pompes dans le couloir du bus. Je sais que ce n’était pas un comportement exemplaire. On ne se sentait pas fiers de nous. Mais la fête était bonne.

Un fou rire?

On était en stage à Barcelone avec l’équipe nationale jeunes. On est allé voir un match au Camp-Nou et en rentrant, le bus nous a déposés à l’hôtel et il est reparti… avec un joueur endormi à l’arrière. Le bus a roulé encore deux heures. Et c’est la société de bus qui a appelé pour avertir qu’il y avait encore un joueur. Ils ont envoyé un taxi pour aller le chercher!

Un coup de gueule?

Rick Brooks. Quand il est arrivé au Luxembourg, on n’était pas habitués à ce type de coach. Qui fonctionne de manière presque militaire. Je me souviens que dans les vestiaires, une fois, il a donné un énorme coup de pied dans la poubelle qui a presque heurté un joueur. Dès lors, on s’assurait de sortir les poubelles pour éviter ça! Il pouvait aussi de faire faire des pompes pendant le match si tu n’avais pas assez couru ou défendu.

Votre plus grave blessure?

Une déchirure des ligaments du pied gauche. C’était à Ettelbruck en 1999, je pense. Je suis retombé sur le pied d’un adversaire. J’ai dit au coach que j’avais mal, mais Pedro, avec sa mentalité slovaque, m’a dit de serrer les dents et de continuer. J’ai encore joué dix minutes avant de pouvoir enfin sortir. Et arrivé à l’hôpital, j’ai senti que ma chaussure serait de plus en plus inconfortable. Je n’ai pas pu être opéré avant une semaine, le temps que le pied dégonfle.

Le jour où vous avez décidé d’arrêter?

C’était un processus. Je sentais que la motivation diminuait. Qu’il y avait plein de belles choses à faire les week-ends plutôt que d’être dans une salle de sport. J’ai décidé d’arrêter à la fin de la saison 2008. Et je m’en vais sur un doublé. C’était parfait.

Aujourd’hui

À 46 ans et bientôt 47 (le 1er février), Sohrab Ziai, divorcé et père de deux filles et 11 et 14 ans, est depuis quatre ans expert en matière de protection internationale au Ministère des Affaires intérieures. Auparavant, il travaillait à la Chambre de commerce où il aidait les entreprises luxembourgeoises à se développer à l’international. Par ailleurs, il continue de s’entretenir physiquement.  

Ses faits d’armes

Joueur doté d’un excellent QI basket, Sohrab Ziai n’était pas celui qu’on remarquait forcément. Mais c’était le genre de joueur avec lequel on adorait évoluer. Ce n’est pas pour rien que celui qui a fait toutes les équipes nationales de jeunes sans jamais franchir le pas chez les seniors, quitte les parquets avec un palmarès XXL.

Il part avec 5 titres de champion (2 avec le Racing en 1998 et 2000 et 3 avec le Sparta en 2005, 2007 et 2008) et 2 Coupes (Sparta en 1997 et Racing en 2001). Fidèle, il n’aura connu que deux clubs durant toute sa carrière : d’abord le Sparta, où il a débuté, puis le Racing… avant un retour triomphal à Bertrange.