Etzella a subi la loi des Musel Pikes, samedi, à Stadtbredimus, Pikes. Cinquième revers de la saison pour le champion en titre et vainqueur de la Coupe. Jairo Delgado, l’un des piliers de l’équipe, tire la sonnette d’alarme.
Quelle est votre analyse de la situation alors que vous affichez un bilan de 6-5 en championnat cette saison?
Jairo Delgado : La situation est compliquée. On ne s’est pas encore trouvés avec les nouveaux Américains. En défense, on ne joue pas comme on devrait. Et notre attaque est à l’image de notre défense. Si quelqu’un passe son adversaire, il n’y a pas d’aide défensive. En fait, on joue à 1 contre 5 en défense et à 1 contre 5 en attaque. Je ne vois pas comment je pourrais être plus positif.
Pourtant, on avait le sentiment qu’après un début difficile, ça allait quand même un peu mieux?
On avait peut-être le sentiment que nous n’étions pas dans une crise comme maintenant. Billy (McNutt) a joué deux matches, ça nous a permis de prendre un peu d’air. Mais depuis, ça ne va pas. En fait, ça ne colle pas entre les deux Américains. D’un côté, on a Ike qui est un joueur d’équipe, plus défenseur qu’agressif en attaque. De l’autre, on a Dwayne qui est plus individualiste. Pour moi, il garde un peu trop la balle et ça se voit dans les statistiques. Si vous regardez les Luxembourgeois, on ne fait rien, parce qu’on n’a pas la balle. Et pour ne rien arranger, en défense, on n’y arrive pas et on se prend des matches à plus de 100 points alors que l’année dernière, on accordait à peine 70 points aux mêmes adversaires. En match, on a des problèmes de communication qui permettent à l’adversaire de marquer des points facilement sous l’anneau. C’était le cas avec Pit Elcheroth contre l’Arantia et la même chose avec Luka Buntic, samedi.
Vous évoquez le terme de crise. Est-ce qu’Etzella est en crise?
Pas encore, mais ça peut très vite venir. Si on perd contre le T71, on est à 6-6, avec encore huit matches à jouer. Il faut en gagner quatre pour être sûr d’être en play-offs. C’est loin d’être évident.
Ce qui est sûr, c’est qu’il faut réagir maintenant. Est-ce que ça veut dire changer un Américain? Les deux? Ou leur parler? C’est au coach de prendre sa décision.
Dans ce genre de situation, on dit souvent que les seuls leviers qu’on peut actionner, ce sont les Américains ou le coach. Quel est votre sentiment?
Ce qui est sûr, c’est qu’il faut réagir maintenant. Est-ce que ça veut dire changer un Américain? Les deux? Ou leur parler? C’est au coach de prendre sa décision. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas changer les Luxembourgeois. Le constat, c’est qu’actuellement ça ne fonctionne pas. Les Luxembourgeois doivent, bien sûr, aussi faire des efforts, notamment en défense. Mais s’il n’y a pas d’alchimie entre les joueurs, il faut certainement changer d’Américain. En revanche, personne ne pense à changer de coach.
À sa place, quelle serait votre décision?
Déjà cela dépend de ce que tu peux récupérer comme joueur. Nos deux Américains actuels sont super sympas, ce n’est pas le problème. Ike n’est pas très agressif et on sait que si on traverse un trou, on peut compter sur Dwayne en attaque. On constate que ça marchait plutôt bien quand Billy a joué avec Dwayne. C’est compliqué. Un choix dur à effectuer. Changer un seul ou les deux, ce qui est sûr, c’est qu’il faut du changement! Car même si on atteint les play-offs, ça ne suffira pas pour aller chercher un titre.
C’est vrai que c’est compliqué ces derniers temps?
Oui. On prend une raclée à Larochette, l’Amicale nous marque presque 90 points. Il y a le match contre le Sparta qu’on gagne de justesse mais qui était plutôt positif. Et la semaine dernière, on tombe à la maison contre une équipe du Racing en pleine réussite, avec un Abdiu qui sort du banc pour nous planter panier à trois points sur panier à trois points. Et on constate aussi qu’on a beaucoup de mal à stopper les gros gabarits dans la raquette. C’est valable pour Devin White du Racing et c’était encore le cas samedi face à Garrett. À chaque fois, ces joueurs mettent des paniers trop facilement à l’intérieur.
C’est là où vous vous dites qu’avec un Billy ça aurait été différent?
Oui. Billy a plus de présence dans la raquette. Ça aurait certainement été autre chose avec lui…
Il était d’ailleurs là samedi? On peut envisager de le revoir sous le maillot ettelbruckois cette saison encore?
Il était là pour s’occuper de trucs perso. Mais il doit retourner au Canada dès ce lundi. Je pense que le club a discuté avec lui, mais avec ses études, je pense qu’on doit plutôt compter sans lui qu’avec lui.
Comment expliquez-vous ce qui se passe à Etzella. Notamment à l’extérieur?
Je pense que le problème, ce n’est ni le parquet de l’Arantia ni celui des Pikes. Le problème, c’est nous. On ne joue pas en équipe. Il y a un certain mal-être qui s’est installé chez nous. Il faut absolument essayer de redevenir positif et de jouer avec de la confiance. C’est au coach de nous donner la confiance. On doit arrêter les pensées négatives, même si, pour le moment, on n’a pas vu de beaux matches.
Oui. On gagne (à Mondorf), mais je pense que si on avait affronté la Résidence, on aurait perdu ce match. On a eu tellement de tirs ouverts, mais comme on manque de confiance, on se pose trop de questions.
Comme en Coupe, cette semaine à Mondorf?
Oui. On gagne, mais je pense que si on avait affronté la Résidence, on aurait perdu ce match. On a eu tellement de tirs ouverts, mais comme on manque de confiance, on se pose trop de questions. Tu te retrouves face à une zone pendant 40 minutes et sans gnac… L’an passé, on pouvait compter sur Dominique (Benseghir) ou Gilles (Polfer) pour mettre des paniers de loin. C’était un de nos gros points forts d’alterner entre jeu intérieur et extérieur, mais cette année, de loin, on n’a rien!
Est-ce que l’explication vient d’une forme de décompression après la saison extraordinaire dont vous sortiez, où vous n’aviez perdu que deux matches en tout et pour tout?
Je ne dirais pas cela. Je parlerais plutôt de la motivation supplémentaire des équipes qui nous affrontent. On a pu le constater de la part du Racing, qui a exulté après nous avoir battus. Je pense que les autres équipes sont toujours plus motivées à l’idée d’affronter le champion en titre.
Pensez-vous que l’équipe pourrait avoir besoin d’un préparateur mental?
Je pense qu’il n’y a aucune équipe dans le championnat qui en ait un. Mais effectivement, chez nous, c’est un problème mental. On voit chez beaucoup de sportifs l’apparition de coaches mentaux, ce n’est pas pour rien. Et je me dis que dans notre situation, ça pourrait être une bonne idée.
Si on perd contre le T71 et contre Contern, là on pourra parler de crise
Il vous reste deux matches avant la trêve. Comment voyez-vous cela?
Si on perd contre le T71 et contre Contern, là on pourra parler de crise. Si on bat les deux, on ne pourra pas se reposer sur nos lauriers, mais on reprendra un peu de confiance, on sera à 8-5 avec encore un ou deux matches à gagner pour être en play-offs.
Pour le moment, on ne parle ni de première ni de deuxième place alors?
Non. Dans notre situation, la première chose à faire, c’est d’abord se qualifier pour les play-offs. On sait qu’en janvier on a deux matches face à Esch. Si on peut les remporter, ce serait très positif.
Vous vous attendiez à vous retrouver dans cette situation?
Pas vraiment. Si on regarde l’an passé, on pouvait se dire qu’on allait continuer de jouer notre jeu avec les mêmes Luxembourgeois et deux nouveaux Américains. Mais ce n’est pas du tout ce qui s’est passé.
Avez-vous regretté, à un moment, de ne pas avoir raccroché à l’issue de la dernière saison?
Non. Ça aurait été facile, mais je voulais montrer qu’on était capables de refaire une belle saison. J’ai prévu d’arrêter à l’issue de cette saison ou de la prochaine. Mais ce qui est sûr, c’est que je ne me vois pas dire stop sur une mauvaise saison. J’aurais un goût trop amer en bouche.
Le Basket Esch est le favori du championnat?
Pour l’instant, oui. Ils sont invaincus, le T71 a eu des problèmes, nous aussi. Du coup, c’est assez facile pour eux d’être le favori.
La période des vœux arrive. Que peut-on vous souhaiter?
Qu’on puisse retrouver notre jeu de l’an passé. Qu’on soit positifs, avec plus d’enthousiasme… et éventuellement un autre Américain.
Entretien avec notre journaliste Romain Haas