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[Basket] Ken Diederich : « La France a l’obligation d’aller au moins en finale »


L'entraîneur de l'équipe luxembourgeoise de basket livre son regard sur la Coupe du monde qui se joue en Chine actuellement (Photo : Luis Mangorrinha).

La France a fait chuter les États-Unis (89-79) dès les quarts de finale, mercredi. Une sensation pour la presse internationale. Mais Ken Diederich, le coach de l’équipe nationale luxembourgeoise, n’est pas plus surpris que ça.

Vous avez suivi le match ?
Ken Diederich : Oui, je n’ai pas encore repris le boulot et j’ai terminé un camp avec les jeunes du T71 donc j’avais le temps de regarder le match.

Le Français Rudy Gobert, mercredi en quart, lors de la victoire face aux Américains (Photo : AFP)

Le Français Rudy Gobert, mercredi en quart, lors de la victoire face aux Américains (Photo : AFP)

Quelle est votre réaction ? C’est une énorme surprise pour vous ?
Je dirais que c’est une surprise, mais pas une sensation. C’est vrai que j’aurais mis 100 euros sur les États-Unis, mais je ne l’ai pas fait. D’ailleurs, avant la compétition, j’avais parié avec Josh Almanson (NDLR : Américain qui a évolué au Luxembourg) que les Américains ne gagneraient pas la compétition. Lui a dit le contraire. Sur le match, il n’y a rien à dire. Les Français ont dominé pratiquement toute la rencontre, hormis un moment où ils perdent le fil et se font mener de quelques points. Mais ils ont très bien géré la fin de rencontre alors que les Américains ont raté des tirs ouverts, ont commis des pertes de balle. Ils se sont repris dans le quatrième quart mais la France n’a pas craqué. Gobert a été énorme, Fournier a mis des paniers, Ntilikina a fait une super défense sur Walker. Quant à De Colo, il sort du banc et c’est un joueur fantastique, qui est chaque année dans le Final Four de l’Euroligue, qui a évolué aux Spurs. En revanche, j’ai le sentiment que Batum a régressé. Ça reste un bon leader mais j’ai l’impression que les sensations ne sont plus celles d’il y a quelques années.

Pour les Américains ce qui compte, ce sont les JO

Pensez-vous que cette défaite aura des conséquences pour les Américains ?
Non. Pour eux, ce n’est pas une compétition importante, il n’y a pratiquement pas de médias américains sur place. Il n’y a presque rien sur ESPN. Tout ce qui compte pour eux sur le plan international, ce sont les JO. Et ils savent très bien que si les meilleurs sont là, ils sont les plus forts au monde.

De l’équipe US présente en Chine, vous en voyez combien à Tokyo ?
Peut-être un ou deux. Je pense que Donovan Mitchell, qui est vraiment fort, aura sa place. Kemba Walker, s’il fait une belle saison, peut éventuellement y croire aussi.

Le Basket reste un sport collectif

Comment analysez-vous cette défaite des Américains ?
Je le répète, ce n’est pas une surprise. Quand vous perdez 16 joueurs avant même le début du camp d’entraînement, c’est forcément problématique. Du coup, la sélection était bizarre. Il s’agissait de joueurs très athlétiques, mais d’une équipe mal préparée. Pas d’intérieur, un seul meneur. Contre les Français, Gobert a été super dominant dans la raquette. Il y a quelques années, tout le monde demandait des autographes et faisait des photos avec les joueurs US. Mais ça, c’est fini. Il n’y a plus de respect. Et les Français l’ont prouvé.

Il y avait déjà eu une première alerte en match amical, avec la défaite des Américains contre les Australiens ?
Oui, ce n’était pas non plus si surprenant pour ceux qui connaissent le basket. Les coaches US savaient également que ce serait compliqué. Les Australiens, c’est une vraie équipe, les mecs jouent ensemble depuis 15 ans. Le basket reste un sport collectif, il faut être bien en équipe, bien préparé, ce qui n’était pas le cas des Américains. On l’a bien vu aujourd’hui, eux, ce n’est que du un contre un avec des shoots très difficiles mais le basket FIBA, ce n’est pas ça. Sur la fin du match, les Français ont su aller chercher les fautes, obtenir des lancers…

Maintenant, comment voyez-vous la suite ?
Il reste quatre équipes. La France a l’obligation d’aller au moins en finale, sinon cette victoire n’aura servi à rien. Mais elle va affronter une Argentine vraiment forte. Les Australiens auront envie de gagner mais les Espagnols sont toujours là. C’est vraiment dur de dire qui va gagner. De mon côté, j’ai surtout été surpris par les deux défaites des Serbes contre les Espagnols et face aux Tchèques, ça c’était vraiment une grosse surprise pour moi.

Entretien avec Romain Haas