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[Basket] Esch, une page se tourne


Joé Biever (n° 5), réconforté par son frère Pit, retraité depuis l’an passé, et Alex Rodenbourg, qui tombe dans les bras de son coach Franck Mériguet, ont disputé, dimanche, le dernier match de leur illustre carrière. Une page se tourne…

La défaite contre Etzella au Deich marque un tournant pour le champion déchu.

Une défaite, ça ne fait jamais plaisir. Encore moins quand celle-ci scelle le sort d’une saison. Qui s’achève, du coup, un peu trop prématurément. Mais quelques instants après la sirène qui marquait de manière officielle – et sans contestation – la défaite du Basket Esch sur le parquet d’Etzella, on les a vus tomber dans les bras l’un de l’autre.

Partenaires de toujours, amis de toujours, on sentait une émotion particulière entre Joé Biever et Alex Rodenbourg. Et pour cause : si l’arrêt de Pit Biever, l’année dernière à l’issue du titre, en avait surpris plus d’un, cette fois, il était clair que si défaite il y avait, ce serait la fin d’une aventure de plus d’une dizaine d’années entre les deux hommes. Et leur club de – presque – toujours.

Dimanche, Alex Rodenbourg et Joé Biever ont donc joué une dernière fois en équipe première. Pendant le match, on a vu l’intérieur, comme à son habitude, ne pas ménager ses efforts, mettre son grand corps tatoué en opposition pour tenter de contrecarrer les plans offensifs d’une machine ettelbruckoise difficile à stopper. Contrairement aux deux premiers matches, où il avait dû sortir pour cinq fautes, il a, cette fois, mis un point d’honneur à terminer la rencontre sans se faire éjecter. Si la réussite n’était pas au rendez-vous (2 pts à 1/7), il a tout de même pris 6 rebonds en 26’31« . Son pote et capitaine, malgré sa plus petite taille, ne s’est pas non plus ménagé, est allé au charbon et a été récompensé en prenant 7 rebonds, ce qui en fait le deuxième meilleur Eschois dans l’exercice derrière l’intouchable Clancy Rugg (15 pts, 21 rebonds) et a ajouté 5 points.

Des stats malgré tout insuffisantes pour empêcher Etzella de retrouver la finale. Les Ettelbruckois, surmotivés après s’être imposés à Lallange trois jours après avoir cédé à la maison, ont pris la tête à partir de 29-29 sur un alley-oop de Brandon Johnson (13 pts, 5 rebonds), parfaitement servi par «Sticky» Gutenkauf (21 pts, 9 rebonds, 8 passes) pour ne plus la lâcher.

En face, Esch, privé de Jordan Hicks, dont la saison s’est achevée trois jours plus tôt au bout d’une douzaine de minutes de jeu à la suite d’une aggravation de son problème au mollet, a résisté autant que possible. À tel point qu’à dix minutes de la fin, tout était encore possible puisque Etzella n’avait que quatre points d’avance à l’entame du dernier quart. Mais la rencontre a basculé : Jeffry Monteiro Neves, remarquable d’efficacité et d’intensité (10 pts, 5 rebonds en 13’29« ), a pris une faute technique, Clancy Rugg et Thomas Grün, qui ont littéralement porté leur équipe à bout de bras, ont cumulé les pertes de balle ou les paniers ratés et quand Joé Biever a écopé d’une antisportive à 2’46«  de la fin, il était clair que les carottes étaient cuites. Et que la saison du Basket Esch allait s’achever au Deich, en ce dimanche soir.

Et maintenant ?

Une fois l’émotion passée vient la question de la suite. La saison est terminée. Alex Rodenbourg et Joé Biever, deux piliers inamovibles de l’équipe depuis de très longues années, ne sont plus là. À quoi va ressembler le Basket Esch la saison prochaine ? Joé Biever et Alex Rodenbourg étaient starters. À leur place, en tout cas, numériquement, on imagine que Corentin Cornu, qui n’a pas démérité en entrant dans le cinq dimanche, aura sa place. Et que dire de Jeffry Monteiro Neves? Présenté depuis des années comme l’un des plus grands talents à son poste, l’intérieur eschois a clairement pesé sur le match dès son entrée sur le parquet. Souvent préféré à Alex Rodenbourg car plus fort en attaque, il devrait bien sûr être lui succéder dans le cinq la saison prochaine.

L’une des forces d’Esch, depuis des années, c’est sa stabilité. L’équipe n’a connu que deux coachs en plus d’une décennie. Et il y a fort à parier que Franck Mériguet sera à nouveau aux commandes la saison prochaine. Clancy Rugg et Jordan Hicks font partie également de la famille depuis de longues saisons maintenant. Si l’international luxembourgeois a laissé entendre qu’après quelques bonnes bières, il repartirait certainement pour une nouvelle aventure, la question se pose forcément davantage pour un Jordan Hicks qui cumule les pépins physiques ces dernières années : «Mais quand tout le monde est là, on bat tout le monde», souligne le technicien lallangeois. Et Thomas Grün, qui a encore haussé son niveau de jeu dans ces demi-finales, a démontré, si besoin était, pourquoi il a été pro aussi longtemps. Sa vision du jeu, son agressivité en attaque et son impact en défense n’ont pas beaucoup d’égal au Grand-Duché.

(Avec Pit et Eric), c’étaient eux le vrai noyau dur de l’équipe. Les vrais Eschois. L’image du club

Demain, c’est demain. Et pour le moment, Franck Mériguet veut parler du présent. Et quand on lui demande ce qu’il a à dire à propos de ses deux vieux grognards qui raccrochent, les mots viennent naturellement : «Je suis arrivé à Esch en décembre 2009. Ils devaient avoir 18-19 ans. Dimanche, à la fin du match, on s’est remerciés mutuellement pour ces années passées. On a bien travaillé ensemble. On a réussi à garder une relation de confiance pendant toutes ces années. Ce sont des joueurs avec qui on peut vraiment fonctionner comme cela.» Et d’ajouter : «Avec Pit, qui a arrêté la saison dernière, et Eric Kesseler, c’étaient eux le vrai noyau dur de l’équipe. Les vrais Eschois. L’image du club. Forcément, cela fait un pincement au cœur de les voir arrêter. On n’a pas envie que ça s’arrête. Sur leur fin de carrière, on était en haut du tableau, on a gagné une Coupe, un titre. On a eu des moments hyper-difficiles, une descente en N2, des galères. C’est pour cela qu’on profite d’autant plus des bons moments.»

La saison du Basket Esch est terminée. Le club a perdu son titre décroché l’an passé. Mais les entraînements vont encore se poursuivre pendant quelque temps à raison de deux fois par semaine. Et dans quelques jours, tout le monde va se retrouver à la Brasserie K116, l’un de leurs lieux fétiches, histoire de se remémorer tous ces moments. Les bons. Comme les moins bons.

Avec l’arrêt d’Alex Rodenbourg, Jeffry Monteiro Neves devrait logiquement s’installer dans le cinq majeur du Basket Esch. Photo : fern konnen