À l’issue d’un match indécis jusqu’au bout, c’est le Basket Esch qui s’empare de la Coupe en prenant sa revanche sur Etzella (66-68).
On attendait avec impatience ces retrouvailles entre Etzella et le Basket Esch. Il y a deux ans, déjà en finale, Etzella s’était imposé relativement tranquillement. Avant le match, les Nordistes, qui n’ont perdu que deux matches depuis le début de la saison, font forcément figure de favoris. Avec deux Américains très solides, le triple MVP Sticky Gutenkauf, ils sont à la tête de la meilleure attaque et de la troisième meilleure défense du pays.
En face, le Basket Esch a connu une saison rythmée par des pépins de santé d’à peu près tous ses joueurs. Mais les Lallangeois sont toujours présents au rendez-vous : «Sur un match, tout est possible», confiait d’ailleurs l’entraîneur Franck Mériguet en évoquant ce premier highlight de la saison.
Et les Eschois joignent immédiatement le geste à la parole en prenant le meilleur départ. Denilson Ramos Fonseca inscrit le premier panier du match, suivi quelques instants plus tard par un Quinten Nelson qu’on sent chaud bouillant. Et qui démarre son festival par une ogive de loin.
Pris à froids, les Nordistes réagissent immédiatement par leur arme fatale : l’intérieur Quatarrius Wilson, qui se fait respecter dans la raquette.
Mais le colosse est surveillé comme le lait sur le feu par les Eschois. Qui ne lui laissent pratiquement jamais l’occasion de s’exprimer. En effet, il voit systématiquement deux joueurs s’occuper de son cas. Si bien qu’il est relativement mis sous l’éteignoir.
Dans cette rencontre, on sent le Basket Esch en mission. À l’image d’un Thomas Grün qui multiplie les caviars pour ses coéquipiers. Ou d’un Quinten Nelson qui ne s’économise pas une seule seconde. Présent en attaque, il ne laisse pas non plus sa part aux chiens en défense. Et comme Clancy Rugg ou encore Jordan Hicks sont également sur la même longueur d’ondes, c’est bien les Eschois qui font la course en tête.
«Pour l’emporter, il faudra plus un match à 70 pts qu’à 95», expliquait Franck Mériguet dans nos colonnes. Avec un premier quart bouclé sur le score de 9-13, on était plutôt parti pour ce type de match.
Etzella n’est jamais très loin derrière. Mais Esch, en cette première mi-temps joue tout simplement mieux. Les Eschois sont plus collectifs, ils cherchent systématiquement le jour démarqué et même si la réussite est loin d’être exceptionnelle, elle permet à Grün et compagnie de prendre résolument les rênes de la rencontre, sous l’impulsion notamment d’un Jordan Hicks inspiré de loin, qui permet à son équipe de s’envoler au score (12-29).
En face, alors que Yann Wolff passe complètement à côté de son début de match (1 pt à 0/7 aux tirs et 0/5 à trois points), Sticky Gutenkauf, habituel moteur de l’ogre ettelbruckois, passe un mauvais début de soirée. Bien pris par Thomas Grün, il est souvent obligé de forcer ses tirs. Le plus souvent en pure perte. Et même si c’est lui qui mettra le premier missile longue distance ettelbruckois de la soirée à quelques secondes du buzzer, il verra Clancy Rugg lui répondre, également de loin, juste avant la mi-temps. Si bien qu’à la pause, le Basket Esch, qui a compté jusqu’à 15 pts d’avance, fait logiquement la course en tête (25-37)
Dans cette première mi-temps, on a vu des Eschois avec un plan clair pour contrer les forces des Nordistes. Et les empêcher de développer leur jeu létal.
Forcément, on attend une réaction ettelbruckoise au retour des vestiaires. Mais ce sont bien les Eschois qui continuent sur leur lancée. Avec un Denilson Ramos Fonseca qui se montre très présent offensivement comme défensivement. L’écart grandit encore mais Esch perd quelques balles bêtement et commet quelques erreurs évitables. Si bien que tout reste ouvert. Surtout face à une équipe du calibre d’Etzella. Qui fait toutefois largement la course derrière à un quart d’heure de la fin du match (29-44).
Il ne faut jamais enterrer les Nordistes. Qui remettent soudain le nez à la fenêtre : deux actions pour cinq points de l’Allemand Thomas Henkel, une incursion de Sticky Gutenkauf et il n’y a plus que dix points (34-44, 26e). Clairement, ce match est loin d’avoir délivré son verdict. Etzella est dans un temps fort, comme le prouve cette première réussite de loin de Yann Wolff. Wilson se fait respecter dans la raquette et l’avance eschoise fond comme neige au soleil (38-46, 28e). Esch doit en plus composer avec des problèmes de fautes, puisque Clancy Rugg et Jeffry Monteiro Neves pointent chacun avec trois unités à leur compteur personnel. Esch fait le dos rond. Et dans ces conditions, la solution vient souvent des meilleurs joueurs. Illustration avec deux paniers sans réponse de Clancy Rugg et Thomas Grün, qui se fraie un passage dans la défense nordiste pour permettre à Esch de conserver 12 pts d’avance à l’entame des dix dernières minutes (40-52).
Le dernier quart sera insoutenable. Les esprits s’échauffent de part et d’autres. Esch prend un temps, de nouveau ses aises. Mais Etzella ne lâche rien. Et à la faveur d’un coup de folie signé Fritz Gutenkauf puis Jimmie Taylor, tous les deux à trois points, il n’y a plus que quatre points entre les deux équipes avec encore 4 minutes à jouer (55-59).
Une dernière minute insoutenable
Les gâchettes sont de sortie et c’est au tour de Quinten Nelson de faire parler son adresse de loin pour redonner un tout petit peu d’air à Esch (55-62). On l’a dit, cette fin de match est électrique. Chaque coup de sifflet est contesté. Les fautes s’accumulent de part et d’autre. Et les joueurs se retrouvent plus souvent qu’à leur tour par terre. Il faut dire que la dépense d’énergie est énorme. Personne n’a envie de lâcher.
Et quand Thomas Grün rate sa remise en jeu qui tombe dans les mains de Henkel, qui enchaîne à trois points, il n’y a plus que 3 points (59-62). Monteiro Neves plante deux paniers de près? Sticky Gutenkauf répond par un tir à trois points puis une action à trois points. Il n’y a plus qu’un point (65-66).
Dernière minute. Jimmie Taylor ne score pas. Clancy Rugg s’empare de la balle et provoque la faute de Wilson. L’international luxembourgeois rate son premier lancer. Puis le second. Wilson, complètement seul, est servi dans la raquette. Mais Jeffry Monteiro Neves se sacrifie et prend sa cinquième faute. Sur la ligne des lancers, Quatarrius Wilson, qui n’est pas un spécialiste de l’exercice, rate sa première tentative. Puis la seconde. Il reste moins de 30″ et Esch est toujours devant pour un petit point.
Sticky Gutenkauf envoie Thomas Grün sur la ligne. Et le désormais ex international met le premier tir. Mais rate le deuxième. Jimmie Taylor part en contre-attaque et l’Américain s’y reprend à deux fois pour provoquer la faute. Et lui ne tremble pas… sur le premier lancer. Mais il rate le second. Dans la foulée, Thomas Grûn a droit à deux nouveaux lancers. Il rate le premier mais rentre le deuxième. Six secondes quatre à jouer et de nouveau +2 pour Esch. Vous avez dit suspense?
La Coupe va se jouer dans ces 6″4. Jimmie Taylor prend la balle et… rate! Esch remporte la Coupe!
Romain Haas