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[Basket] Elles rêvent d’écrire l’histoire


Les basketteuses luxembourgeoises espèrent afficher le même sourire à l’issue de cette ultime fenêtre FIBA dans ces qualifications pour le championnat d’Europe.

La sélection nationale dames a deux matches pour être la première équipe luxembourgeoise de sport collectif à se qualifier pour des championnats d’Europe.

LE CONTEXTE

Il y a un peu moins d’un an, la sélection nationale de foot se retrouvait à deux matches d’une qualification pour un Euro. Aujourd’hui, c’est au tour des basketteuses luxembourgeoises d’être dans la même situation.

UN DÉMARRAGE PARFAIT…

Sur le papier, au départ, les joueuses de Mariusz Dziurdzia espéraient remporter un ou deux matches face à un adversaire qu’elles connaissent bien : la Suisse. En effet, le tirage au sort de leur groupe leur avait réservé du très lourd avec la Bosnie et le Monténégro. Deux équipes bien plus fortes que les modestes Luxembourgeoises… en théorie.

Mais après avoir parfaitement démarré en allant s’imposer en Suisse, elles ont enchaîné avec un match de rêve contre la Bosnie à la maison. Deux matches, deux victoires. Un démarrage idéal pour la première des trois fenêtres FIBA. Il a ensuite fallu attendre un an pour la deuxième fenêtre, en novembre dernier. Avec, d’abord, la réception de l’ogre monténégrin, invaincu jusque-là. Mais Ehis Etute et ses coéquipières réalisent le match parfait. Elles plantent 71 points aux filles des Balkans, limitées à moins de 50 points. Un immense exploit qui leur permet de rêver, pourquoi pas, d’une qualification pour les championnats d’Europe.

… AVANT LE CAUCHEMAR CONTRE LA SUISSE

Trois jours après ce qui est certainement le meilleur match de leur histoire, les basketteuses luxembourgeoises abordent en pleine confiance les retrouvailles avec la Suisse. Mais face aux Helvètes, qu’elles avaient dominées à Fribourg un an plus tôt, elles ne parviennent pas à confirmer. Saoulées par une pluie de missiles longue distance (11 à 33 %), elles ne mettent pratiquement pas un tir à trois points (1/19) et perdent en plus Ehis Etute, qui se blesse à la cheville dans le troisième quart. «J’en ai fait des cauchemars, avoue l’entraîneur national. Mais maintenant, c’est le passé, on ne peut pas revenir dessus. On a très bien joué trois fois. Et une fois très mal. Tu gagnes un match que tu ne pensais pas gagner et trois jours après, c’est normal que l’influx soit quelque peu retombé. On n’était pas dans un bon jour. On perd Ehis. On s’incline contre une équipe du même niveau que nous qui joue un basket qui ne nous convient pas. Et maintenant, on se retrouve dans une situation plus compliquée.»

LA SITUATION ACTUELLE

Alors qu’il reste deux matches pour tout le monde, le Luxembourg occupe actuellement la première place, à égalité de points avec le Monténégro. La Suisse, qui s’est relancée en s’imposant face à la Bosnie, puis à la Coque, n’est qu’à un point derrière et peut elle aussi croire à la qualification. Quant à la Bosnie, elle est hors course sur le plan comptable. Rappelons que, sur les huit groupes de qualification (le 9e est composé des quatre nations automatiquement qualifiées qui accueilleront les championnats d’Europe cet été), le premier ainsi que les quatre meilleurs deuxièmes valident leur billet.

IL FAUDRA COMPOSER SANS EHIS ETUTE…

«Cela fait 14 ans que je suis en équipe nationale et on n’a pratiquement jamais réussi à avoir toutes les meilleures joueuses en même temps. On a l’habitude», confiait la capitaine Magaly Meynadier dans nos colonnes, hier. Et effectivement, on ne peut pas dire que l’équipe qui sera alignée ce soir et dimanche par Mariusz Dziurdzia est la plus forte possible. Le premier gros point noir, qui était de toute façon connu depuis belle lurette, concerne bien sûr Ehis Etute. Après s’être blessée lors de la deuxième fenêtre, l’intérieure grand-ducale, encore présentée récemment comme l’une des 20 stars en devenir en Europe, ne sera pas présente. Retenue par son université des Oregon Ducks, où, pour l’heure, elle est encore dans un processus d’apprentissage et d’intégration, ce sera à sa petite sœur Isi (16 ans, 1,84 m) d’assumer la succession familiale. Les deux Etute sont d’ailleurs mentionnées dans un article de la FIBA qui présente les 20 futures stars européennes de moins de 20 ans.

Pour compenser l’absence d’Ehis Etute, qui pèse tout de même 23 points et 13 rebonds par match, il ne faudra pas compter uniquement sur sa petite sœur : «Ce sera le travail de tout le monde de compenser son absence», souligne encore le technicien.

… ET SANS BEAUCOUP D’AUTRES

Mais la multiple MVP du championnat ne sera pas la seule à faire défaut. Déjà absentes de la précédente fenêtre, Michelle Dittgen, Joy Baum et Catherine Mreches sont toujours malheureusement blessées. Le Luxembourg, qui connaît traditionnellement des problèmes de taille, ne pourra pas non plus compter sur Cathrin Wolff, retenue pour raisons professionnelles. Pas de Mandy Geniets non plus, indisponible pour cette fenêtre. Esmeralda Skrijelj ne fera pas non plus le déplacement, elle qui, de toute façon, n’aurait pas pu jouer, car seule une joueuse étoile (naturalisée) est autorisée et que c’est Amanda Cahill qui tient la corde. On ajoute à cela des malades pendant l’entraînement (Charlie Bidinger, Lisy Hetting) et ça nous donne des séances compliquées : «On remercie les joueuses U18 d’être venues nous aider pour qu’on puisse faire du 5 contre 5.»

D’ABORD, UNE NOUVELLE BOSNIE…

Même si elle n’a plus aucune chance de se qualifier, la Bosnie, ce soir, aura forcément à cœur de montrer qu’elle vaut bien mieux que son actuelle quatrième et dernière place avec quatre défaites en autant de rencontres. Les Bosniennes sont en effet, il faut le rappeler, les mieux classées de tout le groupe, elles qui figurent au 19e rang mondial et à la 10e place en Europe. Et les Luxembourgeoises peuvent s’attendre à une toute nouvelle Bosnie : «A priori, il reste cinq joueuses qui avaient joué contre nous. Et dans le cadre, elles sont 11 nouvelles. Qui auront à cœur de montrer à leur coach qu’elles méritent de faire partie de l’équipe nationale. Elles vont jouer avec beaucoup plus de passion. Ce sera très dur», prévient Mariusz Dziurdzia. Pour qui la victoire, si elle doit venir, passera par la défense : «On n’a pas une équipe pour scorer 80-90 points. Si on doit l’emporter, c’est par la défense qu’on le fera. Si on limite notre adversaire à moins de 60 points, on a de vraies chances.»

… PUIS UN MONTÉNÉGRO RENFORCÉ

Dimanche, dans le chaudron attendu de Topolica, les Luxembourgeoises vont retrouver des Monténégrines qui ont été littéralement humiliées en novembre dernier à la Coque. Les joueuses des Balkans auront commencé leur dernière fenêtre par un déplacement en Suisse. Avec une formation quasiment identique à celle d’il y a quelques mois. Avec toutefois un changement : «Elles ont récupéré une Américaine de 1,93 m. Je pense qu’elles nous ont sous-estimés à la Coque. Là, ce ne sera pas le cas. On sait qu’elles sont plus fortes que nous. Et que ça peut très vite tourner à la correction», se méfie le coach luxembourgeois.

ALORS? POSSIBLE, OU PAS?

Le Luxembourg est actuellement un leader très fragile, puisqu’il compte le même nombre de points que le Monténégro, chez qui il se rend dimanche. La Suisse n’est qu’à un point derrière et a l’avantage particulier sur les joueuses grand-ducales. La situation est donc à la fois simple et complexe. Sur le plan purement mathématique, oui la qualification est possible. Voici les différents cas de figure, expliqués sur le site de la FLBB.

• Le Luxembourg se qualifie en première position avec deux victoires

• Le Luxembourg se qualifie en première position avec une victoire contre le Monténégro si la Suisse ne remporte pas ses deux matches

• Le Luxembourg se qualifie en deuxième position suivant les résultats des autres groupes

On l’aura compris, la donne est simple. Avec deux victoires en poche, la qualification est assurée, un succès semble être le minimum requis pour espérer. Et même avec deux défaites, le Luxembourg compterait tout de même neuf points et pourrait éventuellement terminer deuxième (si la Suisse ne remporte pas ses deux matches) et faire partie des quatre meilleurs deuxièmes. Là encore, suivant ce qui se passe dans les autres groupes.

Mais comme l’a dit Magaly Meynadier : «Si on se qualifie, je veux que ce soit par nos résultats. Pas par chance.» En clair, elle veut absolument décrocher au moins une victoire. Malgré les absentes. Le défi est immense. Mais la récompense n’en serait que plus belle. Depuis des mois et des mois, elles renversent des montagnes. Se sont donné le droit de rêver. Alors maintenant, peu importe les embûches, les obstacles, les absentes et les blessées, il faut y croire. C’est le message passé par Mariusz Dziurdzia à ses joueuses : «Je leur ai dit que si elles n’y croyaient pas, ça ne servait à rien. Que ce sont les matches les plus importants de leur carrière. Elles ont l’occasion de faire ce qu’aucune équipe au Luxembourg n’a fait jusqu’à présent.»

Le point

Déjà joués

Suisse – Luxembourg……………..48-56

Luxembourg – Bosnie……………….77-64

Luxembourg – Monténégro……71-49

Luxembourg – Suisse………………44-59

Restent à jouer

18 h : Bosnie – Luxembourg

Dimanche 16 h : Monténégro - Luxembourg

Le classement : 1. Luxembourg 7 pts (4;+28); 2. Monténégro 7 (4;+56); 3. Suisse 6 (4;+2); 4. Bosnie 4 (4;-86).

La formule : le premier de chacun des huit groupes ainsi que les quatre meilleurs deuxièmes se qualifient pour la phase finale du championnat d’Europe, qui se déroulera en République tchèque, Allemagne, Italie et Grèce fin juin.

Le cadre : Charlie Bidinger, Amanda Cahill, Lisy Hetting, Kyra Coulon, Lisi Etute, Svenia Nürenberg, Isa Hämäläinen, Laurie Irthum, Liz Irthum, Magaly Meynadier, Anne Simon.