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Bascharage : «retrouver cette solidarité d’après la tornade»


Un courrier déposé dans les boîtes aux lettres de Bascharage a fait grand bruit. Les initiateurs expliquent leur démarche (Illustration : Editpress).

Un questionnaire adressé aux sinistrés de la tornade avait inquiété la commune. Il était en fait l’œuvre des victimes elles-mêmes qui désirent que les personnes isolées soient mieux accompagnées. Elles nous racontent.

Non, ça n’était pas une arnaque ni une tentative frauduleuse de soutirer des informations. Le questionnaire distribué ces deux dernières semaines aux sinistrés de la tornade à Bascharage n’avait qu’un but solidaire. Les signataires de cette initiative ont répondu aujourd’hui à la mise en garde de la commune, qui avait envoyé un communiqué de presse vendredi. Dans cet écrit, elle mettait en garde la population victime de la catastrophe naturelle contre des personnes faisant du porte-à-porte pour récolter des données sur les dégâts causés par la tornade.
Les habitants de cinq maisons ont bien fait du porte-à-porte, mais eux-mêmes sont sinistrés. Leur but était d’aider les personnes les plus isolées : «Nous sommes maintenant à quatre mois de la tornade, trois mois et demi lorsque nous avons lancé cette démarche, rappelle Eric Sassel, l’un des signataires du questionnaire. Nous, nous avons eu de la chance. Nous avons morflé, mais pas trop par rapport à d’autres qui souffrent encore. Il y a eu pas mal de retard dans les travaux, ce qui est normal puisque la demande a été tellement forte que les entreprises ont eu du mal à suivre. Aujourd’hui, il reste des cas compliqués, voire critiques, même s’ils sont plutôt rares.»

«C’est ce que nous voulions»

Ce questionnaire devait leur permettre de faire le point sur la situation chez leurs voisins à Bascharage avant d’aller voir directement les représentants de la commune. «Il y a des gens qui sont seuls et qui n’ont peut-être pas les compétences linguistiques pour bien connaître les procédures», note le signataire. «On est contents, car à la fin du communiqué de presse de la commune, il est annoncé qu’elle va enfin envoyer un document qui est en préparation. C’est ce que nous voulions : faire le relais pour inciter la commune à transmettre un document exhaustif sur la marche à suivre et facile à comprendre, avec un numéro de téléphone en cas de besoin», précise le signataire, sans amertume ni volonté d’engendrer une polémique. «À partir du moment où ils remplissent leur fonction, réalisent que certaines personnes ne sont pas aussi bien informées qu’on pourrait le penser, nous sommes satisfaits.»
Eric Sassel s’étonne tout de même de la réaction rapide de la commune qui ne semblait pas très renseignée alors que «les questionnaires étaient distribués en face à face. Les gens savaient très bien qui nous étions : des voisins. Nous avions d’ailleurs laissé nos coordonnées et tous avaient le libre choix de nous répondre ou non. Certains ont répondu pleinement, d’autres partiellement».
Tous les sinistrés n’ont pas pu être contactés puisque les signataires travaillent et ont effectué cette démarche sur leur temps libre. «Nous avons fait ce que nous avons pu et cela nous a permis de savoir que la majorité des gens sont bien avancés dans leurs démarches administratives et travaux, assure le signataire. Il ne leur reste que des bricoles à achever, mais quelques personnes sont en difficulté, voire en grande difficulté. C’est surtout pour ces personnes-là que nous voulions faire le relais. Car il y a eu une grande réunion d’information quelques jours après le sinistre, où tout le monde n’a pas pu aller, et depuis plus rien. Chacun se débrouille dans son coin, va chercher lui-même les informations.»

«Vous avez le sentiment d’être seul»

Les personnes les plus fragiles sont souvent des personnes âgées isolées : «Certaines, qui ont fait la guerre, ne maîtrisent pas forcément le français dans lequel sont écrits les papiers.»
L’initiative des signataires n’aurait pas été possible sans l’élan de solidarité créé à la suite de la catastrophe : «Dès le vendredi, nous nous sommes entraidés. Nous avons déblayé les gravats, nous étions 40 ou 50 à passer de maison en maison. C’était magnifique sur le plan humain donc, forcément, il y a des liens qui se sont créés.»
Une cohésion qui a refait surface lors du porte-à-porte pour le questionnaire, comme le raconte Eric Sassel : «L’accueil des habitants était très chaleureux. Ils étaient contents de voir que nous nous intéressions à leur sort. Les gens ont tellement de choses à faire : recevoir les experts, gérer les travaux, les assurances… Vous avez la tête dans le guidon, vous ne vous en sortez pas et vous avez le sentiment d’être seul à porter votre fardeau. À partir du moment où vous avez quelqu’un qui toque à votre porte, partage votre sort et se soucie de votre bien, la réaction est forcément chaleureuse. Nous avons retrouvé cette solidarité que nous avions connue juste après la tornade.»

Audrey Libiez

Lire aussi : l’avis du bourgmestre sur cette initiative

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