Avec «Good Drive», Bâloise est la première société au Luxembourg à tenter l’expérience de l’assurance automobile connectée. Et souhaite ouvrir la voie.
Il y a un peu plus d’un mois, l’assureur Bâloise a annoncé le lancement d’un nouveau produit, le «Good Drive».Le principe est assez simple: en utilisant la télématique, Bâloise peut mesurer la conduite d’un client. Plus sa conduite est bonne, moins sa facture est coûteuse.
Les assureurs commencent à injecter à petite dose du digital dans leurs assurances et aussi de la télématique. On appelle cela l’AssurTech. Contraction des mots «assurance» et «technologie», ce terme désigne le fait de connecter une assurance à son assuré, souvent par le biais d’un smartphone.
Si cette pratique prend de plus en plus d’ampleur aux États-Unis, en Europe, elle met un peu plus de temps à se propager. Ou bien est-ce la législation des pays européens en termes de protection des données qui est moins flexible qu’au pays de l’oncle Sam? Ainsi, aux États-Unis, il est possible de réduire le prix de son assurance santé à condition de faire du sport (avec un smartphone autour du bras) ou encore de réduire celui de son assurance automobile en acceptant l’installation d’un boîtier de l’assurance dans son véhicule.
Deux ans de test
Au Grand-Duché, c’est la société Bâloise qui s’est lancée dans l’aventure de l’assurance automobile connectée, alors que les autres compagnies du pays n’ont, pour le moment, pas encore vraiment bougé sur ce segment. Mais ici, pas de boîtier, juste un smartphone et l’application Game of Roads. « Nous avons d’abord commencé en 2015 avec le lancement, sous la forme d’un jeu, de l’application Game of Roads , explique le directeur de Bâloise Luxembourg. Les jeunes et les conducteurs plus âgés pouvaient alors se challenger afin de savoir qui avait la meilleure conduite et gagner des cadeaux, dont une voiture. Pour définir cette notion de « bonne conduite », nous nous sommes concentrés sur des critères assez simples comme l’accélération, le freinage ou encore la vitesse. »
Laurent Heiles ajoute : « En 2016, nous avons amélioré l’application, en travaillant notamment avec des pilotes et nous avons ajouté d’autres critères, afin d’avoir la mesure la plus fiable possible sur la conduite effective d’un automobiliste utilisant sur son smartphone l’application Game of Roads. Aujourd’hui, après deux ans de phase de test, nous avons décidé de lancer le produit « Good Drive » à la communauté qui s’est formée autour de l’application .»
Xavier Roblin, digital marketing manager chez Bâloise Luxembourg, souligne : « Avec un smartphone, on peut avoir des outils de mesure vraiment très précis et nous souhaitons continuer à améliorer l’application. Nous voulons, par exemple, que l’application pénalise les automobilistes utilisant le téléphone au volant .» Ce dernier tient à souligner également la complexité d’une telle application qui est développée par une start-up luxembourgeoise, Motion-S.
En effet, avant de lancer ce style de produit, il faut être certain de son efficacité, de sa capacité à prendre les bonnes mesures au bon moment, mais également veiller à respecter la législation sur la protection des données des consommateurs et des citoyens. « En ce qui concerne ce dernier point, nous avons reçu toutes les autorisations de la part de la CNPD, car sans cela, on ne peut rien faire. De plus, le système ne nous permet pas d’identifier un uti lisateur », précise Xavier Roblin.
Uniquement pour les jeunes pour le moment
Bâloise Luxembourg est la seule filiale du groupe à proposer le produit «Good Drive», qui est uniquement destiné aux jeunes conducteurs ayant moins de huit ans de permis. « On échange beaucoup avec le groupe et les autres pays. C’est vrai que l’on est, au Luxembourg, un peu le laboratoire du groupe », sourit Laurent Heiles.
Si l’entité luxembourgeoise est innovante, elle reste tout de même prudente et attend de regarder si le produit fonctionne sur sa communauté de jeunes conducteurs avant d’éventuellement ouvrir le produit à d’autres catégories d’automobilistes. En tout cas, l’assureur promet aux jeunes conducteurs «sérieux» des coupons de réduction pouvant faire baisser le coût de l’assurance jusqu’à 30 %. Un rabais intéressant, pour une assurance qui se situe généralement pour les jeunes entre 1 100 et 1 500 euros par an.
Outre l’aspect financier, l’application permet d’avoir un regard presque ludique sur la conduite d’un conducteur, qui à la vue de ses résultats peut prendre conscience que sa conduite est dangereuse ou bien au contraire qu’elle est sérieuse.
Jeremy Zabatta