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Bagarre dans un squat à Remich : un sans-abri en blesse un autre


Konstantins prétend avoir seulement voulu rendre visite à Ruben pour prendre de ses nouvelles. (photo archives LQ)

Une bagarre entre deux sans-abri a éclaté dans un squat. L’agresseur aurait voulu récupérer l’argent que l’autre lui aurait volé ou emprunté. Problème, l’autre dit ne pas le connaître.

Konstantins cause et cause. D’habitude, les prévenus sont moins loquaces à la barre. Le Lituanien de 47 ans perd la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg avec son résumé un peu trop précis des faits qui lui sont reprochés. Il aurait volé un smartphone et trois euros à une prétendue connaissance qui lui devait de l’argent. Son histoire ne tient cependant pas la route pour la représentante du parquet, que le prévenu n’hésite pas à interrompre pendant son réquisitoire.

Il raconte avoir rejoint sa victime présumée dans une maison inoccupée le lundi 7 octobre 2024 «pour discuter, pas pour voler». Le seul moyen de s’introduire sur les lieux consistait à passer par une fenêtre à l’arrière de la maison. Il aurait frappé à la fenêtre et l’autre l’aurait laissé entrer «pour discuter et boire une bière». Mais la discussion se serait envenimée quand Konstantins a abordé l’argent que l’autre lui devait.

Le prévenu a sorti «un petit couteau pour couper du carton» (un cutter) et a gesticulé avec avant de se saisir d’un couteau de cuisine, blessant Ruben au passage à la tête, au bras et à l’oreille gauche, avant de se saisir du smartphone de ce dernier et de la monnaie. «Ensuite je suis parti acheter des bières à la station-service.» La police l’a retrouvé au bord de la Moselle immédiatement après les faits. «Nous sommes tombés sur un homme blessé, au sol. Le rembourrage de sa doudoune sortait. Il y en avait aussi à l’intérieur de la maison», précise un policier présent ce jour-là.

Une histoire, deux versions

Mardi après-midi, Konstantins a expliqué avoir confié ses affaires et son argent à Ruben il y a quelques années. L’autre serait parti avec, sans laisser d’adresse. «Je sortais de prison. Nous nous sommes croisés à l’Abrigado. Il m’a proposé de partager son squat. Nous avons embarqué mes affaires dans sa voiture et il a démarré», explique le prévenu.

Aux policiers, il a raconté une histoire différente, souligne la parquetière. Dans cette version, il aurait prêté 2 000 euros à Ruben à peine sorti de réclusion. Il affirme également que s’il a poignardé Ruben, s’était pour mettre ses vêtements en lambeaux pour que l’autre réalise l’effet de se promener dans la rue en guenilles, comme cela fut son cas après avoir perdu ses affaires.

Quelle version est la bonne ? Le prévenu sème le trouble et sa victime présumée prétend ne jamais avoir vu son assaillant avant ce matin d’octobre dernier. «Votre histoire n’est pas cohérente», avance la représentante du parquet.

Toutefois, elle y décèle «des éléments dont nous avions besoin» pour établir l’accusation. Konstantins a, selon toute vraisemblance, commis un vol avec violence dans une maison habitée (en l’escaladant), la destruction de la veste de son occupant, et une extorsion. Elle a requis la peine minimale prévue de 5 ans ferme de réclusion criminelle étant donné le maigre butin volé.

L’avocate de Konstantins soulève un doute quant au déroulement exact des faits. Seuls le prévenu et sa victime présumée savent comment ils se sont réellement déroulés dans la maison abandonnée à Remich. Leurs versions s’opposent et l’enquête de police n’a pas permis d’établir la vérité.

Elle répète également que son client ne s’est pas rendu sur les lieux dans l’intention de récupérer de l’argent ou de blesser. «Je savais que Ruben n’avait pas d’argent. Je pensais récupérer ce qu’il me devait petit à petit», a indiqué le prévenu mardi. Mais aussi qu’il avait appris que Ruben venait d’acquérir pour 50 euros de stupéfiants à l’Abrigado, ce qui l’avait poussé à se rendre au squat «parce que sa mère était sans nouvelles de lui».

La bagarre et le vol seraient deux faits distincts, selon l’avocate et l’une n’aurait pas servi à commettre l’autre. De même qu’un squat ne pourrait être considéré comme une maison habitée. Elle demande au tribunal de ne pas retenir les circonstances aggravantes à l’encontre de son client et de décriminaliser la peine de sorte qu’il puisse écoper d’une peine maximale de 5 ans de réclusion ferme.

Le prononcé est fixé au 26 juin prochain.

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