Les élections départementales françaises ont rendu, dimanche, leur verdict. Et c’est avec soulagement que le pays s’est réveillé lundi sans aucun département tenu par l’extrême droite. Un miracle ? N’exagérons rien. Plutôt un réflexe de la part d’un électorat conservateur. L’UMP de Nicolas Sarkozy a profité de l’effondrement du parti au pouvoir. Rien que du classique. Et le Front national d’extrapoler ses résultats à un niveau national, comme si cela pouvait avoir un sens. Les interprétations sont nombreuses et chaque camp y va de la sienne.
Le Front national se positionnait comme le deuxième parti français après le premier tour, l’UMP y va de son discours sur la reconquête du pouvoir et le Parti socialiste de la logique érosion du pouvoir. Soit. Mais les Français en sauront plus à la fin de l’année, lors d’élections régionales dont l’importance sera toute autre, notamment avec l’apparition des grandes régions.
Fin 2015, une vraie tendance pourra être tracée. D’ici là, peu de surprises sont à attendre. Le Front national devrait répéter à l’envi son «UMPS» sans ambition, Nicolas Sarkozy se poser en seule alternative crédible et le pouvoir en place insister sur ses avancées en terme de réformes. Fin 2015, le Front national appellera à nouveau au changement et la lassitude de l’électorat du Parti socialiste et de la droite pourrait être au même niveau qu’aujourd’hui.
Dimanche, c’est un avertissement sans frais que les Français ont envoyé aux partis dits traditionnels. Un avertissement dont la seule conséquence est l’élection de quelques conseillers départementaux xénophobes. Lors des régionales de décembre, l’avertissement pourrait devenir sanction. Et si les pouvoirs des départements sont finalement assez limités, ceux des régions sont appelés à devenir de plus en plus importants. Les partis politiques français ont huit mois pour apporter des idées crédibles au débat public, huit mois pour mobiliser leurs électeurs autour d’idées d’avenir. S’ils n’y parviennent pas, l’avertissement des départementales se transformera en sanction des régionales.
Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)