La ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez, a dressé vendredi les contours du débat à venir sur la viabilité à long terme du système de retraites. La société civile sera entendue en premier.
Pas plus tard que mardi, l’OGBL a martelé qu’il n’existait aucune urgence à procéder à une «réforme drastique» des pensions. «Nous refusons toute attaque contre notre solide système. Le mur pronostiqué depuis des décennies n’est jamais arrivé», a clamé Nora Back, la présidente du premier syndicat du pays. Un front syndical commun sera formé avec le LCGB pour éviter toute détérioration du système.
Sur quelle voie le gouvernement conservateur-libéral va-t-il finalement s’engager ? Depuis la fin 2023, le débat annoncé suscite d’importantes tensions. La ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez (CSV), compte désormais calmer le jeu en lançant, comme prévu dans l’accord de coalition, un processus de consultation avec une large panoplie de représentants de la société civile.
Vendredi, les contours de ce processus ont été présentés. Dès la semaine prochaine, la phase de consultation sera officiellement lancée. Les partenaires sociaux vont être reçus en premier pour des échanges bilatéraux. Le bal sera ouvert par l’OGBL et le LCGB, suivis de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL).
Vont défiler ensuite au ministère le «think-tank» Idea, rattaché à la Chambre de commerce, le Conseil supérieur pour un développement durable ainsi que la Conférence nationale des élèves du Luxembourg et le Jugendrot.
Dans la deuxième partie du mois d’octobre, le premier tour de consultation sera complété par les entrevues avec les représentants du secteur agricole, le Conseil national des finances publiques, les syndicats du secteur public CGFP et FGFC, ainsi que l’Association des cercles d’étudiants luxembourgeois (ACEL).
Un déséquilibre redouté pour 2027
Contrairement au camp syndical, la ministre persiste sur la nécessité d’adapter le système des pensions afin d’assurer sa viabilité à long terme. Les dernières projections avancent que le taux de cotisation actuel de 24 % – à chaque fois 8 % versés par l’État, les employeurs et le salarié – sera insuffisant pour payer les pensions annuelles à partir de l’année 2027.
«Ce déficit provient (…) du départ en pension d’un bon nombre d’assurés, ayant entamé leur carrière professionnelle au Luxembourg autour de l’année 1990. À l’époque, l’emploi national accusait, sur de nombreuses années, une croissance élevée et ces cohortes d’assurés vont bénéficier de leur pension autour de l’année 2030», détaille Martine Deprez sur la plateforme ««Schwätz mat!». «Comme la croissance actuelle de l’emploi se situe autour de 1 %, l’évolution du nombre d’assurés cotisants est moindre que celle du nombre de pensionnés», ajoute-t-elle.
Sans adaptations, il deviendrait nécessaire de toucher dès 2027 aux réserves de l’assurance pension qui se chiffrent actuellement à 27 milliards d’euros.
La phase de consultation de cet automne sera clôturée par une synthèse des discussions et suggestions émises.
Au printemps 2025, des groupes d’experts reprendront les suggestions regroupées par sujet pour «les étoffer et les analyser au vu de leur pertinence», avance la ministre. C’est aussi à ce moment que la Chambre des députés sera impliquée.
Des conclusions ne devraient pas être tirées avant l’été 2025.
À leur tour, les citoyens sont
invités à donner leur avis
Les acteurs de la société civile ne sont pas les seuls à être consultés sur une possible réforme du système de pensions. Le ministère de la Sécurité sociale a, en effet, décidé de lancer une plateforme en ligne qui a pour double objectif d’informer sur le fonctionnement du système actuel et donner la possibilité au grand public de faire part de ses avis et propositions pour assurer la durabilité du régime des retraites. Les messages à faire passer au ministère seront limités à 500 caractères et devront être introduits jusqu’à fin novembre.
«Ce type de démarche participative est essentiel pour garantir que les décisions prises reflètent au mieux les besoins et attentes des citoyens», souligne la ministre Martine Deprez, citée dans un communiqué.