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«Avatar 2» : le roi du box-office de retour sur Pandora


Le héros Jake Sully et sa compagne Neytiri ont fondé une famille nombreuse, vivant en harmonie avec la forêt. Mais les humains débarquent. (Photo : Walt Disney Company)

Avatar : The Way of Water débarque demain avec une triple ambition : surpasser le premier opus, démentir la mort du cinéma en salle et faire naître une saga aussi mythique que Star Wars.

Treize ans après Avatar, plus gros succès de l’histoire du box-office mondial qui a approché les trois milliards d’euros de recettes, Avatar : The Way of Water reprend le chemin de l’astre Pandora, à des années-lumière de la Terre, pour une fable de science-fiction à tonalité écologique.

Le premier volet avait marqué une étape décisive dans le réalisme des images numériques et, une fois de plus, les décors, la richesse des univers et la précision des images, dont le rendu numérique de l’eau, font la force de ce film. Brouillant encore la frontière entre les images réelles et celles créées par ordinateur.

Tourné comme le premier pour la 3D, le film s’étire sur plus de trois heures. Contrairement aux prédictions de James Cameron, Avatar n’a pas permis d’imposer largement au cinéma l’image en relief, qui nécessite le port de lunettes ad hoc. Mais le réalisateur s’accroche à cette technologie.

Le cinéaste, habitué à donner des sueurs froides à ses producteurs avec ses projets démesurés, peut tout se permettre : de nombreuses scènes de «capture de mouvement», la phase où les acteurs sont filmés sur fond neutre, ont été tournées en apnée. Une piscine géante a même été construite pour l’occasion.

Sigourney Weaver… dans la peau d’un adolescent

Côté intrigue, les survivants du premier épisode, le héros Jake Sully (joué par Sam Worthington), désormais devenu pleinement Na’vi, l’espèce bleue autochtone, et sa compagne Neytiri (Zoe Saldana), ont fondé une famille nombreuse, vivant en harmonie avec la forêt. Sigourney Weaver, dont le personnage de scientifique n’avait pas survécu au premier épisode, est de retour… dans la peau d’un adolescent. Les humains, qui ont saccagé la Terre et sont à la recherche d’une planète de rechange, débarquent à bord d’un vaisseau bardé de robots de guerre, pour s’emparer manu militari de ce petit paradis.

Face à eux, la nature va prendre sa revanche. «Les humains sont les méchants. Ils représentent notre mauvais côté», a expliqué James Cameron, inspiré par la question des réfugiés climatiques. «Nous avons de l’empathie pour les Na’vis, qui représentent notre bon côté. Ils sont nous, bien qu’ils ne nous ressemblent pas, avec leur couleur bleue, leurs oreilles pointues, leurs queues…»

Se sachant traqué, Jake se réfugie avec ses proches auprès d’une autre tribu, adaptée à la vie marine, et dirigée par Ronal (Kate Winslet, qui fait son retour chez Cameron après Titanic). Sauront-ils surmonter leurs différences pour bouter l’ennemi humain hors de leur univers?

Un film tous les deux ans jusqu’en 2028

Fasciné par les machines et les robots (les deux Terminator), la science-fiction (Aliens) et le milieu aquatique (Abyss, Titanic), James Cameron semble mêler ici toutes ses obsessions. Ce nouvel Avatar ne s’encombre plus du dialecte Na’vi, largement évacué au profit de l’anglais, ni des branchements pour intégrer le corps des Na’vi : exit les «avatars», seuls coexistent désormais les humains, les Na’vis et leurs hybrides.

À l’intrigue du premier volet, le film ajoute une dimension mythologique, avec des liens complexes entre pères et fils, laissant deviner l’ambition de créer une saga aussi lucrative que Star Wars de Georges Lucas, modèle ultime du cinéma de science-fiction. Cameron et Disney ont déjà tourné les images du troisième volet et prévoient un Avatar tous les deux ans au moins jusqu’au cinquième, en 2028.

Il faut dire que James Cameron n’a jamais encore connu l’accident industriel : Titanic (2,2 milliards de dollars de recettes) fut longtemps le film le plus rentable de l’histoire du cinéma, avant Avatar. «La sortie du film est un gros test pour l’industrie mondiale du cinéma», analyse pour Éric Marti, directeur général de Comscore France, société leader dans la mesure des pratiques digitales.

«Pendant deux ans, il n’y en a eu que pour les plateformes. Pour les cinémas, cette sortie, c’est L’Empire contre-attaque : la réaffirmation de la primauté de la salle» sur tous les autres canaux de diffusion, ajoute ce spécialiste. The Way of Water surpassera-t-il le premier? Le succès d’une suite n’est jamais garanti, treize ans après. Mais le triomphe récent de Top Gun : Maverick, 30 ans après, nourrit l’espoir.

Avatar : The Way of Water, 
de James Cameron.
Dès demain sur les écrans.

James Cameron, cinéaste de tous les records

Tout ce qu’il filme se transforme en or : le Canadien James Cameron, 68 ans, créateur d’Avatar, est à la fois le souverain du box-office mondial et un réalisateur à part, capable de travailler pendant une décennie sur un projet.

«Je suis le maître du monde!»

Il est l’auteur des films les plus longs, les plus chers, et les plus rentables au monde. Si les deux Terminator ou Alien sont largement rentrés dans leur frais, c’est avec Titanic, en 1997, que Cameron a définitivement écrasé la concurrence. Le film contant la romance tragique de Jack et Rose (Leonardo DiCaprio et Kate Winslet) a brisé des millions de cœurs et coûté 200 millions de dollars, avec reconstitutions quasi à l’échelle du navire, bassin géant sur vérins hydrauliques… Mais il a rapporté plus de 2,2 milliards de dollars, record de l’époque.

En 2010, Titanic et son tube My Heart Will Go On interprété par Céline Dion est détrôné… par un autre opus signé Cameron, le premier Avatar, qui reste à ce jour le film le plus rentable au monde, frôlant les 2,9 milliards de dollars de recettes. Avec ces deux films confondus, le cinéaste a tenu la tête du box-office mondial pendant plus de 20 ans.

«I’ll be back»

À 68 ans, Cameron ne semble pas près de raccrocher. Réalisateur plutôt rare, avec seulement neuf films depuis son Piranha 2 : The Spawning, sorti en 1981, il a déjà prévu cinq Avatar, saga à laquelle il se consacre exclusivement depuis une quinzaine d’années. Chaque volet constituera un film indépendant des autres et ils ne feront pas partie d’un «arc narratif». Mais, pris ensemble, ils représenteront «une saga épique d’encore plus grande envergure», a promis le producteur Jon Landau.

James Cameron a toutefois admis qu’il ne pourrait pas forcément réaliser tous ces films lui-même et qu’il se préparait à passer le flambeau. Quant à Terminator : Dark Fate, sorti en 2019 (NDLR : sixième film de la série), James Cameron s’est contenté d’en être le producteur.

«J’ai le cerveau rempli d’eau!»

James Cameron est un amoureux fou des fonds marins. Perfectionniste, il ira jusqu’à aller chercher des images de la véritable épave du Titanic pour son film culte. En 2012, il réalise le rêve de sa vie en plongeant à bord d’un mini-sous-marin, dans la fosse des Mariannes, au sud de l’île américaine de Guam. Il devient alors le premier humain à explorer en solitaire le point le plus profond de la croûte terrestre (-10 898 mètres) et en ramène un documentaire en 3D, Deepsea Challenge.

D’où lui vient cette passion? «Clairement, j’ai le cerveau rempli d’eau!», répond-il en souriant. «J’adore être sous l’eau et j’adore l’océan. Je suis vraiment heureux dans les abysses.» «Quand Titanic a été fini et que tout le ramdam est retombé, j’ai passé huit ans à faire de la véritable exploration des fonds», retrace-t-il. «Je suis devenu explorateur pour le National Geographic. Pour moi, ça a autant de valeur qu’un Oscar.»