Accueil | A la Une | Avant qu’il ne soit trop tard

Avant qu’il ne soit trop tard


Vendredi, le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, a exhorté la communauté internationale, devant le Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies, à protéger les minorités religieuses du Moyen-Orient. Il est plus que temps, s’il n’est pas déjà trop tard pour certaines, que la communauté internationale protège ces populations.

Déjà menacés sous les dictatures, chrétiens, yézidis, Turkmènes, Kurdes et Chabaks sont les premières victimes des exactions de l’État islamique en Irak et en Syrie. Daech a fait de la purification religieuse une de ses priorités, au total mépris de l’histoire. Bassin des religions du Livre, le Moyen-Orient s’est construit sur la richesse de ses croyants qui avaient appris, au fil des siècles, à respecter les différences de leurs voisins.

En quelques années, ce modèle du vivre ensemble a volé en éclats et Daech a décidé d’accélérer l’histoire. L’extrême fragilité des minorités religieuses de la région oblige à une réaction urgente. Le discours de Laurent Fabius est un premier pas, tardif, mais qui illustre l’imminence de la menace. Réduites en esclavage, les femmes yézidis ont vu leurs maris systématiquement massacrés par Daech. Les chrétiens ont subi le même sort, alors que les Kurdes, apatrides, doivent se battre chaque jour pour défendre leur modèle de société. Le secrétaire général de l’ONU, le Coréen Ban Ki-moon, a annoncé la mise en place d’un groupe des sages pour travailler sur une charte d’action… au mois de septembre.

Le temps onusien semble parfois éloigné des réalités terrestres. Dans six mois, l’ONU commencera à travailler sur un modèle prévoyant une protection humanitaire, militaire et politique des minorités religieuses menacées. Elles appellent à une intervention immédiate, dans la région de Mossoul, pour mettre fin aux massacres et protéger ceux qui peuvent encore l’être. Dans six mois, que restera-il de ces minorités religieuses ?

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)