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Automobile : pourquoi l’hydrogène ne se développe pas au Luxembourg?


La première station luxembourgeoise de ravitaillement en hydrogène se trouve à Bettembourg. (Photo : archives lq/alain rischard)

Présenté pendant longtemps comme une énergie verte d’avenir, l’hydrogène peine à se déployer au Grand-Duché.

Tandis que l’électrique connaît un essor important au Luxembourg, l’hydrogène est, lui, presque au point mort. Pour Gerry Wagner, le porte-parole de la House of Automobile Luxembourg, ce manque d’engouement est lié aux difficultés de ravitaillement. «C’est une énergie qui coûte cher et elle n’est pas produite en grande quantité», explique-t-il. Pour fonctionner, une voiture à hydrogène utilise une pile à combustible. Cette dernière est alimentée par de l’hydrogène, un gaz invisible et inodore, et du dioxygène. La réaction chimique des deux gaz génère de l’électricité, qui alimente le moteur du véhicule.

Si la production de ce gaz reste le plus gros point négatif, l’hydrogène a quelques avantages. D’une part, son empreinte carbone, qui reste très faible. Un véhicule à hydrogène ne rejette, en effet, aucune émission à l’échappement, mais uniquement des vapeurs d’eau. Autre bénéfice : la rapidité du plein et l’autonomie. Il faut environ cinq minutes de rechargement pour les voitures, qui disposent ainsi d’une autonomie de 500 km en moyenne. Une différence notable en comparaison avec les véhicules électriques classiques qui demandent plusieurs heures de chargement.

Pourtant, malgré ces avantages, l’hydrogène ne se développe pas au Luxembourg. C’est un vecteur d’énergie «qui est plutôt utilisé par les poids lourds, comme les camions et les bus, et peu par les voitures (…). C’est vrai qu’il y a cinq ou dix ans, on parlait beaucoup de l’hydrogène, mais aujourd’hui, on est plus focalisés sur l’électrique», indique Gerry Wagner, de la House of Automobile Luxembourg.

Et les chiffres le confirment : les Luxembourgeois ne sont pas adeptes de cette énergie. Selon la Fédération des distributeurs automobiles et de la mobilité (Fedamo), l’an dernier, aucune voiture neuve à hydrogène n’a été immatriculée. Elles étaient trois en 2023, deux en 2022 et une seule en 2021.

Un développement au point mort qui s’explique par les problèmes de ravitaillement, mais aussi par d’autres inconvénients. Acheter une voiture à hydrogène reste coûteux. Il faut compter environ 80 000 euros pour un véhicule de ce type (exemple pris sur le marché automobile français).

De plus, si les véhicules à hydrogène ne rejettent aucune émission, la production de ce gaz est loin d’être verte. Son extraction et sa compression restent énergivores. En effet, en moyenne, pour produire un kWh d’hydrogène, il faut utiliser deux kWh d’énergie. Et lorsque cette énergie provient de sources fossiles, le bilan carbone s’alourdit encore.

«Des marchés qui n’évoluent pas à la même vitesse»

Mais qu’en est-il sur le terrain? En 2023, le Luxembourg a accueilli sa première station de ravitaillement en hydrogène à Bettembourg. Là, des camions, des bus, mais aussi des véhicules peuvent se recharger facilement. Depuis, les automobilistes ont-ils été au rendez-vous? «Il y a quelques véhicules de particuliers, mais nos volumes sont principalement réalisés par des transporteurs routiers. Nous avons par exemple un client qui réalise des trajets quotidiens entre l’aéroport du Luxembourg et celui de Francfort, avec un camion à hydrogène. Il se ravitaille tous les jours à la station de Bettembourg», indique Victor Calen, responsable marketing et communication à TEAL Mobility, qui exploite la station et 14 autres au Benelux, en France et en Allemagne.

Le réseau de TEAL Mobility lui permet d’établir des comparaisons entre les différents pays : «Au niveau européen, on voit que les marchés n’ont pas évolué à la même vitesse. Les Pays-Bas sont l’un des pays les plus en avance. C’est d’ailleurs là que nous avons le plus de stations connectées. Pour les véhicules légers, en Belgique par exemple, nous avons de plus en plus de taxis qui viennent se ravitailler dans nos stations (…).» «Aujourd’hui, je pense que l’hydrogène reste une réelle solution pour décarboner le transport routier», explique Victor Calen, qui précise que la station de Bettembourg a vendu en moyenne 500 kg d’hydrogène par mois ces quatre derniers mois.