L’ASBL Autisme Luxembourg propose des ateliers d’inclusion professionnelle pour les personnes autistes. L’objectif est de les former au monde du travail. Reportage.
C’est une matinée estivale placée sous le signe du travail au centre de Beckerich de l’ASBL Autisme Luxembourg. Derrière les murs blancs du bâtiment de l’association, les quelques salariés n’étant pas en congé s’activent à leurs différentes activités.
Les repas du jour sont préparés en cuisine pendant que l’équipe confiserie confectionne de la confiture. Dans le jardin, deux garçons creusent la terre du potager. Leur labeur sera récompensé par des légumes et des fruits que les équipes en cuisine pourront utiliser dans leurs plats et confiseries.
Mais tous ces salariés ne sont pas des salariés comme les autres. Ils travaillent dans le cadre d’ateliers protégés mis en place par l’ASBL Autisme Luxembourg.
«Nous avons créé un cadre protégé pour des personnes autistes qui en ont besoin, pour leur permettre de se sentir bien dans les locaux et de faire partie d’une production», explique Liz Nepper, chargée de direction de la production et commercialisation de l’association. Les sept premiers ateliers ont été créés en 2004. Onze ans plus tard, ils ont été renforcés par quatre nouveaux ateliers.
Aujourd’hui, ce sont 79 salariés handicapés qui y travaillent. Une fois qu’ils se sont tournés vers l’association, les demandeurs doivent passer par le service de formation professionnelle. Là, ils restent entre un et trois ans à s’entraîner aux compétences sociales et à se préparer aux ateliers. L’objectif pour le personnel encadrant est d’apprendre à les connaître pour ensuite les diriger vers les bons ateliers.
«Une panoplie d’ateliers»
Une fois prêts, ce ne sont pas moins de onze ateliers différents qui leur sont proposés. «Il y a une panoplie d’ateliers pour correspondre au spectre de l’autisme qui est lui-même hyper-varié», précise Liz Nepper. «Je dis toujours : si tu connais une personne autiste, tu n’en connais vraiment qu’une seule», ajoute Sarah Melcher, chargée de direction de l’ASBL Autisme Luxembourg.
Les ateliers sont donc multipliés pour correspondre au plus de personnes possible. Céramique, cuisine, confiserie, couture, imprimerie, papier, jardinage, back-office, info-média, buanderie et laser-tech… Il y en a pour tous les goûts, de l’artisanat au digital.
Et au sein même des ateliers, il y a différentes tâches pour différents profils. À l’atelier céramique, plusieurs personnes s’affairent. Certaines sont dans le fond de la pièce, elles passent l’argile dans une machine pour la façonner en boudins.
«Cette étape demande d’aimer manipuler la matière et d’avoir des muscles», commente Liz Nepper. D’autres sont penchées sur leur table, objet dans une main, pinceau dans l’autre. «Peindre la céramique requiert beaucoup de patience et de minutie.»
Sur les différentes étagères disposées aux quatre coins de la pièce, leurs créations y sont exposées. Elles permettent de se faire une idée des différentes étapes avant d’arriver au résultat final.
Si tu connais une personne autiste, tu n’en connais vraiment qu’une seule!
Pour répondre aux besoins spécifiques des personnes autistes, les ateliers sont bien structurés. Ils ont chacun leur salle dédiée, avec beaucoup d’espace pour éviter que les salariés ne soient les uns sur les autres et pour qu’ils puissent avoir leur coin attribué.
Au mur, un tableau avec les différentes tâches est accroché. «Comme ça, ils savent dès leur arrivée au matin ce qu’ils doivent faire, cela leur permet de mieux appréhender la journée», explique Liz Nepper. Cela crée un «cadre défini» et une «routine».
Cette fine organisation est complétée par un personnel encadrant. «Il y a environ un encadrant pour trois salariés handicapés», estime Sarah Melcher. Il est composé d’hommes et de femmes de métier ainsi que d’éducateurs. Ils veillent au bon déroulé des ateliers et au bien-être des salariés handicapés.
Protéger et préserver leur bien-être
L’objectif de ces ateliers protégés est de préparer et former les personnes autistes au monde du travail primaire, notamment en leur inculquant des compétences techniques. Mais ce n’est pas la seule chose qu’ils ont à apprendre.
«Si on souhaite qu’elles partent pour un marché du travail primaire, il faut qu’elles aient les compétences sociales, qu’elles réagissent correctement à des questions venant d’un extérieur ou d’une personne étrangère qu’elles ne connaissent pas», complète Liz Nepper.
La législation donne également l’objectif aux ateliers protégés de réaliser, dans le cadre d’une unité économique, des productions et leur commercialisation. «Nous vendons nos produits via les marchés ou via des commandes personnalisées», détaille Sarah Melcher.
Mais la réalité du terrain est bien plus complexe que cela. Le monde du travail n’est pas adapté aux personnes autistes, leur insertion professionnelle est donc compliquée. «Elles sont obligées de dépasser des obstacles internes qui sont quand même très conséquents.»
L’objectif de l’ASBL Autisme Luxembourg est alors avant tout de les protéger et de préserver leur bien-être. «On peut les insérer ailleurs dans une entreprise, mais je ne sais pas combien de temps leur bien-être peut être garanti, parce qu’elles ne sont plus protégées», conclut Liz Nepper.