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Au tribunal de Luxembourg : un dernier pour la route


L’année judiciaire se termine vendredi. D’ici là, de nombreux prononcés doivent encore tomber. (photo archives LQ/Julien Garroy)

L’année judiciaire touche à sa fin et les dernières affaires étaient évacuées mardi. Au menu, de l’alcool au volant et des conducteurs plus ou moins conscients des dangers.

Une demi-bouteille de vodka

«Mon frère a besoin de boire une demi-bouteille de vodka pour pouvoir se lever le matin», explique une jeune femme à la barre de la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Elle est venue avec son père demander de l’aide au tribunal. «Mon frère est un grand alcoolique, poursuit la jeune femme. Nous aimerions qu’il suive une thérapie et qu’il nous laisse respirer, mon père et moi. (…) On a la police à la maison pratiquement toutes les deux semaines.»

Mardi matin, Claude ne s’est pas présenté face au tribunal qui devait le juger pour conduite en état d’ivresse alors qu’il était sous le coup d’une interdiction de conduire provisoire. «Mon frère a volé la voiture de notre père et a eu un accident», raconte la sœur. C’était le 11 janvier dernier. Claude avait une alcoolémie de 2,93 g par litre de sang. «Depuis 2019, il a accidenté quatre voitures appartenant à mon père», précise la jeune femme. «Comment se procurait-il les clés ?», demande la présidente. «Il terrorise mon père, qui finit par le laisser rentrer dans la maison», répond la sœur, qui précise que son frère a déjà été condamné pour violences domestiques.

L’an passé, Claude avait été condamné à une peine assortie d’un sursis probatoire lié à une thérapie. Chose à laquelle il ne se serait pas tenu, à en croire ses proches à bout de nerfs. Ils se sont constitués partie civile et réclament 15 000 euros de dommages et intérêts. Le père, handicapé, a besoin d’une voiture spéciale pour se déplacer. En détruisant sa voiture, son fils lui a pris le peu d’autonomie qui lui restait, estime la jeune femme.

Le procureur requiert une interdiction de conduire de 30 mois pour ivresse au volant et de 18 mois pour défaut de permis de conduire.

Il aurait dû rentrer à pied

Alessandro aurait pu rentrer chez lui à pied le 20 décembre dernier avec son ami, mais ils ont quand même choisi de prendre la voiture. «C’est ce qu’on avait prévu au départ. J’habite à moins d’un kilomètre. J’ai sous-estimé les effets de l’alcool», explique le prévenu à la barre. «C’est le trou noir. Je me souviens juste avoir joué avec l’ordinateur de bord de la voiture.» La voiture a foncé dans un arbre et son ami a été légèrement blessé par l’airbag. Le passager se porte bien et reconnaît avoir autant de torts dans l’accident que son ami.

Depuis ce jour-là, cet homme de 34 ans n’a pas bu une goutte d’alcool. «Il n’est pas interdit de boire. Il est interdit de prendre le volant quand on a bu», rappelle la présidente de la chambre correctionnelle. «Vous auriez pu rentrer à pied ou prendre un taxi. Les gens les trouvent chers, mais ils leur coûteront toujours moins qu’un passage devant nous.»

Le procureur retient les chefs d’inculpation de coups et blessures involontaires et de conduite en état d’ivresse. Il qualifie les faits de relativement graves «quand on voit l’état de l’arbre». Il requiert une amende appropriée, 3 mois d’interdiction de conduire pour les coups et blessures et 22 mois d’interdiction de conduire pour avoir pris le volant en état d’ivresse. Le magistrat ne s’oppose pas à un sursis partiel étant donné que le prévenu «a un casier judiciaire vierge et a l’air sérieux».

Jamais deux sans trois

Pieter ne fait pas la même impression face aux juges. Le jeune homme est accusé d’avoir commis un accident de la circulation alors qu’il était ivre. Les policiers qui l’ont arrêté le soir des faits, le 6 mars, ont constaté qu’il avait un taux de 1,85 g d’alcool par litre de sang. Le contrôleur financier de 31 ans explique avoir invité des connaissances chez lui ce soir-là et avoir bu six bières. Une fois la soirée terminée, dit-il, il a un creux et se rend dans un fast-food.

«Je conduisais la voiture d’un ami. Je cherchais le bouton qui permet de garer la voiture automatiquement et j’ai foncé dans une voiture», reconnaît le prévenu, qui dit avoir honte et ne pas être fier de ce qui s’est passé, mais en assumer toute la responsabilité. «Vous pouvez effectivement être honteux de vous retrouver une nouvelle fois devant nous en si peu de temps», le tance le président de la 18e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «C’était une broutille, mais nous traitons régulièrement des affaires plus graves d’alcool au volant.»

Le prévenu dit ne pas s’expliquer ce qui s’est passé. Pourtant, c’est la troisième fois qu’il se retrouve face à un tribunal pour conduite en état d’ivresse. «Quand on tient à son permis de conduire, on fait tout ce qu’on peut pour le conserver», lance la représentante du parquet à Pieter, qui avait demandé à pouvoir le conserver pour les trajets professionnels, ne souhaitant pas perdre de temps dans les transports en commun. Elle requiert une amende appropriée et une interdiction de conduire de 18 mois. Elle s’oppose à un sursis.

Dans ces trois affaires, les prévenus seront fixés sur leur sort dans les jours à venir.

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