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Au Science Center, des ouvrières fascinantes


Les fourmis coupe-feuille vivent dans les zones tropicales comme la jungle.

Depuis quelques semaines, une toute nouvelle station vient d’être aménagée au centre scientifique de Differdange : la fourmilière. Celle-ci accueille près de 500 fourmis originaires d’Amérique du Sud.

Dans une salle quelque peu excentrée des attractions phares du Science Center se trouve la toute nouvelle station de l’établissement scientifique. Cet outil de biologie grandeur nature reproduit de manière très réaliste le quotidien d’une colonie de fourmis. Mais pas n’importe lesquelles, les coupe-feuille. Originaires d’Amérique du Sud, celles-ci ont été amenées jusqu’au Luxembourg pour faire découvrir aux visiteurs du Science Center le système social «fascinant» de ces insectes. Pour le comprendre, il faut déjà suivre le chemin de ces fourmis. Le point de départ se situe à leur point de ralliement et de rencontre, la nourriture. Ici, on trouve essentiellement des plantes et des fleurs. C’est aussi à cet endroit que les fourmis, réparties dans un premier groupe, vont couper délicatement, avec leurs mandibules, les feuilles et pétales qu’elles vont ensuite transporter. «Elles peuvent soulever jusqu’à 30 ou 50 fois leur poids !», note Alexandra Grosbusch, zoologiste et médiatrice scientifique.

Après ce trajet de quelques mètres, elles arrivent jusqu’au deuxième groupe de fourmis. Celles-ci jouent un rôle bien différent et particulier. Elles récupèrent, en effet, les feuilles collectées par leurs collègues, pour les transformer. «Elles vont mâcher les feuilles et y intégrer de la matière fécale», explique Alexandra Grosbusch. Elles apportent ensuite cette «pâte» jusqu’au champignon où elle sera fermentée. Des trajets essentiels qui permettent à toute la colonie de pouvoir se nourrir et vivre. «Toutes les fourmis mangent ce champignon, mais c’est surtout la reine et les larves qui en bénéficient, car elles vivent au même endroit. Les ouvrières peuvent aussi manger le jus des feuilles», précise la zoologiste du Science Center.

Des pionnières de l’agriculture

Dans la nature, les fourmis réalisent ce même processus que Nicolas Didier, directeur du Science Center, qualifie de novateur. «Généralement, les animaux mangent ce qu’ils récoltent. Mais là, il y a une vraie transformation de l’agriculture. Il faut savoir que ces fourmis-là l’ont fait bien avant l’Homme», raconte-t-il. De petites ouvrières, mesurant entre 4 à 8 millimètres qui plus est, ne s’arrêtent jamais. «Elles travaillent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, mais la nuit, c’est quand même beaucoup plus calme», précise Alexandra Grosbusch. Pendant leur trajet, elles indiquent aussi, avec leur odorat, le chemin aux autres fourmis. «C’est de cette façon qu’elles communiquent pour pouvoir arriver jusqu’à la récolte», ajoute la zoologiste. Pour la scientifique et le directeur du Science Center, ces insectes restent fascinants, tout comme leur organisation sociale. «Les fourmis vivent uniquement pour la société et pour la reine.»

Aujourd’hui, la colonie de fourmis de Differdange accueille près de 500 insectes. «Nous espérons en avoir quelques milliers dans les mois à venir. L’idée serait ensuite qu’elles rejoignent une autre station et qu’elles passent au-dessus de la tête des visiteurs», sourit Nicolas Didier devant la fourmilière.

Comment une fourmi devient-elle une reine?

Chaque colonie dispose d’une seule reine. Quand cette dernière meurt après 15 ou 20 ans de vie, la colonie s’arrête. Mais elle est très souvent remplacée par une semblable. «On ne sait pas vraiment pourquoi une fourmi devient reine. On dit généralement que c’est le mystère de la nature. Il faut savoir que la reine de chaque colonie produit la prochaine reine. Une fois par an, plusieurs mâles viennent dans la colonie. Celui qui fécondera la reine sera celui qui aurait été le plus vite lors du vol du mariage», explique Alexandra Grosbusch. Une fois fécondée, la reine va garder le sperme du mâle – qui meurt par la suite – pendant plusieurs années. Elle pourra, en fonction des besoins, produire des ouvrières.

Quels sont les futurs projets du Science Center?

Installée depuis cinq mois au centre scientifique de Differdange, la fourmilière n’est pas le seul nouveau projet du Science Center. Prochainement, celui-ci devrait accueillir un observatoire sur son toit. Un laboratoire, utilisé pour des analyses chimiques, médicales ou biologiques, verra également le jour. Tout comme de nouvelles stations expérimentales aux thèmes variés : la pile à hydrogène, les pendules, les probabilités de gagner au loto. Pour rappel, le Science Center accueille chaque année 75 000 visiteurs, originaires du Luxembourg et de la Grande Région. Il dispose d’une centaine de stations interactives.

Nicolas Didier, directeur et initiateur du Science Center, est aux côtés d’Alexandra Grosbusch, zoologiste et médiatrice scientifique.
Le champignon, élément essentiel de la colonie de fourmis, provient des zones tropicales de l’Équateur.