Alors qu’en dix ans, l’évènement dédié à l’habitat a perdu la moitié de sa surface et de ses exposants, Home Expo, désormais ramassé sur quatre jours, peine à attirer le public.
«On est très déçus», confient Marianne et John. «Ça fait des années qu’on n’était pas venus, mais là, on ne reconnaît plus l’évènement», expliquent ces retraités qui pensaient passer un bon moment vendredi, à Home Expo. Le couple a pris la route en fin de matinée depuis Waldbillig pour rejoindre Luxexpo dans la capitale, où se déroule jusqu’à ce dimanche ce salon consacré à l’habitat.
Or, après avoir tourné dans les halls 7, 8 et 9, ils ont décidé d’écourter leur visite. «Avant, c’était une vraie foire, avec de l’animation et de nombreux stands où découvrir des nouveautés pour la maison», décrivent-ils, se dirigeant vers la sortie.
En effet, pour qui a connu les grandes heures de l’ancienne Foire d’automne – la manifestation a été rebaptisée Home and Living Expo en 2014, puis Home Expo en 2018 – il est assez triste de voir ce qu’est devenu ce rendez-vous commercial incontournable du mois d’octobre au Luxembourg. Il y a encore une dizaine d’années, celui-ci s’étalait sur neuf jours et comptait autour de 400 exposants répartis sur six halls d’exposition, avec une affluence dépassant les 40 000 visiteurs.
En comparaison, cette édition occupe moitié moins de surface, accueille à peine 160 exposants, le tout compressé sur quatre jours depuis 2020, année du covid. Pas assez aux yeux des commerçants : «C’est trop court. Installer un stand représente beaucoup de travail et de préparation. Rentabiliser l’investissement sur ce laps de temps, c’est compliqué», estime Marie, commerciale pour la Maison du lit.
Cette habituée des foires en France et au Luxembourg observe un phénomène global de baisse de fréquentation sur ce genre d’évènements, mais pointe qu’en réduire la durée n’aide pas : «On sait que pour un volume donné de visiteurs, seuls 20 % sont acheteurs. Alors sur quatre jours, on a intérêt à travailler dur pour aller chercher des ventes», souffle cette vendeuse, qui souligne, elle aussi, le manque de musique et d’animations.
Le même sort que la Foire Vakanz ?
En 2023, le nombre d’entrées a péniblement atteint 10 000 personnes. Le salon Home Expo pourrait-il subir le même sort que la foire Vakanz, supprimée après une mise en veille forcée en pleine pandémie ? Aujourd’hui, les acteurs du tourisme organisent leur propre festival en agences de voyages, économisant au passage les frais liés à leur participation au salon. Une piste que commencent à évoquer certains professionnels croisés à Home Expo.
Chez ServiPools, par exemple, chaque édition est devenue un test. Pour l’instant, cet exposant belge a toujours rempilé, mais pas sûr qu’il soit là en 2025. «Dans le secteur de l’aménagement de l’extérieur – spas, wellness, vérandas, pergolas – on se demande tous si ça vaut encore la peine d’investir dans plusieurs salons par an, alors qu’on dispose de vastes showrooms», ironise Christophe, l’un des vendeurs, ajoutant que le bilan de l’équipe à Luxembourg l’année dernière n’a pas été terrible.
Selon lui, une opération commerciale sur plusieurs jours dans son magasin de Fleurus (Charleroi) serait bien plus intéressante financièrement. «Ici, la location de l’espace tourne autour de 15 000 euros, plus trois employés à loger à l’hôtel, c’est non négligeable», poursuit-il, en faisant rapidement les comptes. «Jeudi, j’ai fait une dizaine de devis, soit le même nombre qu’au showroom en une journée», lâche-t-il, misant sur une hausse de la fréquentation ce week-end.
Même manque d’enthousiasme sur le stand de Bauer Energie, entreprise basée à Dippach, spécialisée dans la rénovation énergétique. «On est obligés d’être présents par rapport à la concurrence», reconnaiit Martin, l’un des commerciaux. Sur les deux premiers jours du salon, il a plutôt accueilli des partenaires avec qui travailler, mais pas tellement de particuliers. «On verra samedi et dimanche s’il y a plus de monde, sachant que désormais les gens ont facilement recours à internet pour s’informer», note cet expert en pompes à chaleur et panneaux photovoltaïques.
Sans doute les nouvelles habitudes des consommateurs sont à prendre en compte pour expliquer ce lent déclin des foires qui semble désormais inéluctable.