Pas de pause estivale au centre Parkinson Luxembourg à Leudelange où les activités sportives se poursuivent. Des séances cruciales pour le bien-être quotidien des patients.
«C’est la reprise pour moi», lance fébrilement Lili, 74 ans, en ajustant son bandeau dans ses cheveux. En entrant dans la salle de ping-pong où les balles rebondissent déjà sur les tables, elle confie avoir un peu peur, mais raquette en main, ses réflexes reviennent vite.
Et pour cause : en 2024, cette petite dame a été médaillée d’argent en double aux championnats du monde de Parkinson ping-pong! Une victoire dont il reste aujourd’hui une belle photo épinglée au mur de la salle commune du centre La Tulipe à Leudelange.
Cela fait plus d’un an que cette habitante de la capitale fréquente assidument le cours, et elle est catégorique : «Avec le sport, on se sent beaucoup mieux! Parfois, en arrivant ici, je parviens à peine à marcher, et en jouant, lentement, les mouvements deviennent plus fluides et la mobilité revient.»
Une activité qui joue également sur le moral : «On oublie les douleurs, la maladie, tout ça… Je me suis fait des amis, ils sont comme ma famille maintenant», sourit-elle, en renvoyant les premières balles.

Pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, bouger est fondamental. Le centre national de recherche sur cette pathologie explique qu’effectuer régulièrement des exercices physiques aide à combattre les symptômes non moteurs, comme la fatigue ou la dépression.
Cela permet également de prévenir l’apparition de raideurs musculaires, de douleurs dorsales, ou de trouble de l’équilibre. Un bon moyen de prévenir les chutes. Les experts sont d’avis que tous les sports sollicitant coordination et concentration sont bénéfiques.
Le grand avantage,
c’est la réhabilitation cognitive
Et pour le coach Vincent Kempfer, triple champion du Luxembourg et membre de Ping4All, cela ne fait aucun doute : le ping-pong réunit tous les critères!
«Le grand avantage du tennis de table pour les personnes atteintes de la maladie Parkinson, c’est la réhabilitation cognitive. On a des mouvements de réflexes, de coordination, d’équilibre, plus ou moins amples, qui ressemblent à des gestes de la vie quotidienne, donc c’est très utile pour eux», détaille-t-il.

Sans oublier que l’aspect social compte énormément. «On joue ensemble, en binôme, autour de la table, il y a un vrai travail d’équipe.» Un an et demi déjà qu’il entraîne ce groupe d’une dizaine de pongistes, avec de bonnes surprises à la clé.
«Ils aiment vraiment la compétition! Aux championnats du monde de Parkinson ping-pong auxquels on a participé en 2024, on est repartis avec deux médailles d’argent! Certains m’impressionnent par rapport à d’autres seniors dits valides.»
On a des licenciés
jusqu’à 96 ans!
Une pratique qui a le mérite d’être très accessible : «Même des personnes à mobilité réduite ou avec des problèmes cardio-vasculaires peuvent se lancer. On a des licenciés jusqu’à 96 ans!»
Parmi les plus motivés, il y a Jean-Luc, 62 ans, qui participe à une foule d’activités de l’association aux quatre coins du pays.
«Je cours, je fais du ping-pong, de la boxe… Avec les transports en commun gratuits, c’est pratique», glisse cet habitant d’Ettelbruck, pour qui le sport a été une délivrance. «Vous auriez dû me voir sept ans en arrière. Je n’arrivais plus à marcher, je ne pouvais plus rien faire», raconte-t-il.
«On m’a posé des électrodes et j’ai pu reprendre l’activité physique. Ça a été une renaissance! Le plus important, c’est la régularité.» Cet automne, avec ses coéquipiers du ping-pong, il s’envolera pour la Suède où se dérouleront les mondiaux 2025, dans l’espoir de décrocher un titre.
«Je retrouve des sensations»
Son bon copain Roland, d’Ettelbruck lui aussi, teste l’activité pour la première fois. Et le coup droit, qui mobilise à la fois l’épaule et la hanche, n’est pas si facile à apprivoiser.
«Je retrouve des sensations de l’époque où je jouais un peu, quand j’étais plus jeune», confie ce grand gaillard tatoué, prenant peu à peu confiance en lui. «Vincent m’a demandé de viser ces gobelets en plastiques disposés sur la table, et je ne me débrouille pas si mal!»
Pour rejoindre cette joyeuse bande, ou pour participer à d’autres activités du centre, connectez-vous sur le site de l’association.
«Rester actif, c’est essentiel»
Pour le directeur Thierry Lentz, participer aux activités n’a que des avantages pour les patients, à commencer par le lien social.
Fondé en 2013 par l’association Parkinson Luxembourg, le centre La Tulipe offre ateliers, consultations, soutien psychologique, groupes de parole, événements, conférences et excursions : au fil des mois, le programme proposé est très étoffé, avec un accent sur l’activité physique.

«Rester actif au quotidien est important pour chacun d’entre nous, mais pour les gens atteints de la maladie de Parkinson, c’est essentiel. Ils ont besoin de mouvement pour se sentir bien», pointe le directeur.
Une palette d’activités
Ils ont le choix parmi une vingtaine d’activités sportives adaptées, allant de la boxe au yoga, en passant par le ping-pong, la boccia, la marche nordique ou encore la course à pied. «Environ 60 membres fréquentent nos cours chaque semaine», précise-t-il, c’est deux fois moins qu’avant la pandémie.
Une baisse due à des problèmes avec le service de transport Adapto. Une situation qu’il déplore, le maintien du lien social étant capital pour ces patients. En plus de Leudelange, des activités ont lieu à Dahl, à Reckange et bientôt à Roodt-sur-Syre, et aussi en ligne.
Du mal à atteindre les patients jeunes
Pour les patients plus jeunes, confrontés à des problématiques différentes de leurs aînés, l’asbl a imaginé un «bistrot» en dehors des horaires de travail. «On a lancé ce rendez-vous tous les mardis à 18 heures pour créer de nouveaux liens. Mais on a du mal à mobiliser ces gens qui ont un emploi, une vie de famille, leur traitement, et sont plutôt bien informés.»
Des sessions «Walk, Talk, Connect» ont été lancées sans grand succès. Pourtant, jusqu’à 10% des cas se déclarent avant 40 ans : entre 300 et 400 personnes seraient donc concernées au Grand-Duché. D’où l’appel lancé par une jeune patiente pour nouer des contacts.
Un espace en ligne pour les femmes
Un espace d’échange en visioconférence réservé aux femmes se tient une fois par mois (en allemand, français et anglais) pour un partage d’expériences. «Les femmes développent des symptômes différents. Leurs médicaments peuvent moins bien fonctionner suivant le cycle hormonal, il y a des perturbations à la ménopause, donc elles ont un besoin accru d’entraide.»
ParkinsonNet recherche des patients
Le réseau luxembourgeois qui offre les traitements les plus en pointe aux personnes atteintes de la maladie cherche à recruter de nouveaux membres. Alors que, selon les estimations, le pays compte près de 4 000 patients, la majorité ne font pas encore partie de ParkinsonNet, et sont donc privés d’accès aux traitements innovants et aux soins spécialisés sans frais supplémentaires.
Différents professionnels – neurologues, infirmiers, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, orthophonistes, diététiciens et psychologues spécialisés – collaborent, de sorte que les malades ont un accès quasi immédiat aux nouvelles options thérapeutiques.

«Cela peut faire une énorme différence et améliorer considérablement leur qualité de vie», pointe Sylvia Herbrink, coordinatrice de ParkinsonNet. Position partagée par le professeur Dr Rejko Krüger, neurologue : «Le Luxembourg est leader mondial avec cette initiative. Plus de gens doivent profiter de ces soins multidisciplinaires intégrés.» Pour cela, il leur suffit de s’inscrire, auprès d’un neurologue ParkinsonNet. Pour être certifié, celui-ci doit suivre une formation de trois jours et poursuivre en formation continue. Actuellement, ce réseau créé en 2018 compte 140 professionnels dans le pays.