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Au Luxembourg, la cause animale se mobilise


La conférence est l’occasion pour les différents acteurs de la cause des droits des animaux de se rencontrer et de créer de nouvelles actions ensemble.

L’«International Animal Rights Conference» revient de jeudi à dimanche à la Kufa pour explorer les droits des animaux dans leur globalité.

Depuis 2011, le Luxembourg accueille chaque année l’«International Animal Rights Conference» (IARC), un rendez-vous incontournable pour celles et ceux qui s’engagent en faveur des droits des animaux.

Heiko Weber, l’un des organisateurs de l’évènement, revient sur ce projet unique, ses objectifs, et les défis auxquels le mouvement fait face aujourd’hui.

Pourquoi le Luxembourg est devenu le pays hôte d’une conférence internationale sur les droits des animaux?

Heiko Weber : Nous avons lancé l’IARC en 2011, à l’époque en collaboration avec une organisation luxembourgeoise très active sur la question des droits des animaux. Quand nous regardions où organiser l’évènement, le choix du Luxembourg s’est imposé naturellement.

C’est un petit pays très ouvert sur l’international et situé au cœur de l’Europe, ce qui facilite la venue de participants du monde entier. Et le pari a été réussi (il sourit). D’autant plus que, depuis la deuxième édition, la conférence se tient à la Kufa, un ancien abattoir. C’est très symbolique d’organiser un évènement consacré aux droits des animaux dans un espace où ils étaient autrefois tués.

Qu’est-ce qui rend votre conférence unique par rapport à d’autres évènements similaires?

Ce qui rend notre évènement unique, c’est l’absence d’un focus trop restreint. Là où d’autres initiatives choisissent un seul angle, par exemple en Pologne où l’on privilégie surtout l’approche théorique, ou ailleurs avec des stratégies plus radicales, nous explorons une grande diversité de dimensions : de la théorie à la pratique, en passant par la science, le militantisme et même une perspective intersectionnelle qui relie nos réflexions au climat et à la justice sociale. Comme le mouvement est très diversifié, notre format permet de rassembler toutes ces voix et de créer un véritable espace de travail collectif.

Quel impact concret espérez-vous avoir?

Notre principal objectif est de faire se rencontrer des personnes qui, habituellement, n’auraient pas l’occasion de se croiser, afin qu’elles puissent créer ensemble de nouvelles campagnes et actions.

Cela s’est déjà produit par le passé, avec de nombreux retours positifs qui nous encouragent à poursuivre. C’est même la raison première pour laquelle nous continuons. La mise en réseau occupe donc une place centrale dans la conférence. Nous organisons d’ailleurs des moments plus conviviaux, comme un pop quiz ou un karaoké en soirée, qui favorisent les échanges.

Et si ces rencontres débouchent sur de nouveaux projets, elles peuvent avoir un véritable impact sur la société. Plus il y a de mouvement, plus la cause progresse. Nous espérons également motiver de nouvelles personnes à s’intéresser et à s’investir dans cette cause.

Selon vous, comment progresse la cause en Europe?

En Europe, la cause avance dans la bonne direction, surtout si l’on compare avec d’autres régions du monde. Depuis une vingtaine d’années, la production de viande et de produits d’origine animale y diminue, alors qu’elle continue malheureusement d’augmenter dans des pays comme l’Inde ou la Chine.

On observe aussi une nette évolution dans le quotidien. Depuis une dizaine d’années, l’offre végane s’élargit, avec davantage de produits en supermarché, plus d’options dans les restaurants et cafés, et même l’ouverture de nombreux établissements entièrement spécialisés. En tant que végane depuis plus de 30 ans, je peux mesurer à quel point la situation a changé.

Par ailleurs, certains pays européens vont encore plus loin en interdisant certaines formes d’exploitation animale, comme l’usage d’animaux dans les cirques, les fermes de chevaux ou les tests cosmétiques sur les animaux.

Quels sont les principaux obstacles pour une plus grande protection des animaux?

Dans de nombreux pays, notamment aux États-Unis, les décisions politiques et légales privilégient souvent les intérêts économiques et industriels plutôt que les aspects sociaux.

Cette logique capitaliste pose de sérieux problèmes pour la protection de l’environnement et des animaux. Tant qu’il restera rentable d’exploiter les animaux, les entreprises continueront à le faire et les gouvernements maintiendront des restrictions faibles.

C’est pourquoi les mouvements écologistes et de défense des animaux devraient unir leurs efforts pour promouvoir des lois durables et protectrices. De plus, dans les régions touchées par la guerre, les populations et les dirigeants se concentrent avant tout sur la sécurité et la survie, reléguant les droits humains, environnementaux et animaux au second plan.

Enfin, quel message voudriez-vous faire passer aux personnes qui hésitent encore à s’intéresser aux droits des animaux?

Le premier pas consiste à réfléchir à sa propre manière de vivre et de consommer, et à constater les bénéfices que cela apporte à l’environnement, aux animaux et à sa santé.

La plupart des gens ne deviennent pas activistes du jour au lendemain, ils commencent souvent par adopter une alimentation végane, puis réalisent qu’ils peuvent aller plus loin, par exemple en sensibilisant d’autres personnes.

Aujourd’hui, c’est beaucoup plus simple de franchir ce pas. Il existe plein de ressources gratuites en ligne et d’alternatives accessibles. Et bien sûr, pour aller encore plus loin, ils peuvent aussi venir à la conférence (il rit).

Le programme complet est à retrouver sur ar-conference.org