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Au Luxembourg, Kleos est paré au décollage


Avec ce dernier lancement, Kleos disposera de 20 satellites en orbite autour de la Terre. (Photo : kleos)

La société spatiale luxembourgeoise Kleos s’apprête à lancer son quatrième groupe de satellites à bord d’une navette SpaceX. Décollage prévu en décembre.

Kleos, c’est la société spatiale luxembourgeoise qui monte, qui monte… Fondée en 2017, la toute jeune firme s’apprête déjà à lancer son quatrième groupe de satellites à bord de la mission Transporter-6 de SpaceX, dont le décollage est prévu pour le mois de décembre.

Ces quatre nouveaux satellites, qui viennent de passer avec succès les phases de tests environnementaux, après avoir déjà franchi ceux de compatibilité vibratoire, thermique et électromagnétique (CEM), mesurent chacun 30 cm x 20 cm x 10 cm, «l’équivalent d’une grande boîte à chaussures», compare Andy Bowyer, le PDG de Kleos. Une fois dans l’espace, ils se déploieront pour atteindre 90 cm d’envergure. Il leur reste cependant encore une dernière étape à passer – cruciale – avant le lancement : l’intégration aux déployeurs de lancement, programmée ce mois-ci.

Après la mission d’Exploration, lancée en 2020, la mission Vigilance polaire en 2021 et la mission de Patrouille en avril dernier, les satellites de la mission d’Observation auront comme leurs prédécesseurs la charge de collecter des données par radiofréquence.

Observer plus de zones et plus souvent

Kleos utilise en effet la technologie spatiale pour localiser les transmissions radio dans des zones d’intérêt clés à travers le monde, permettant ainsi la détection d’activités humaines, en particulier là où il ne devrait pas y en avoir : de la pêche illégale le long des côtes par exemple, certains mouvements migratoires, une effervescence dans des endroits où il y a des défis environnementaux ou sécuritaires, comme «en mer de Chine méridionale par exemple», cite Andy Bowyer.

Les données recueillies par les satellites de Kleos sont ensuite traitées puis livrées aux clients et partenaires : Kleos en compte une centaine au total, tant des gouvernements que des autorités civiles ou des entreprises commerciales, mais aussi d’autres compagnies spatiales, qui possèdent par exemple des satellites dotés de radars à synthèse d’ouverture (RSO), c’est-à-dire des radars imageurs. Grâce aux données de Kleos, ces derniers peuvent ensuite se focaliser sur une zone bien précise et obtenir une image plus nette de ce qui s’y passe.

20 satellites en orbite

Grâce aux satellites de la mission d’Observation, Kleos comptabilisera au total 20 satellites en orbite et pourra ainsi étendre sa collecte de données jusqu’à 1 190 millions de km² supplémentaires par jour. «Cela reste une petite surface de la planète. Nous n’en sommes qu’à nos débuts. Nos satellites volent à 17 000 km/heure et font le tour de la Terre toutes les 90 minutes. Si on veut observer plus régulièrement, nous devons encore améliorer nos technologies et notre capacité à collecter davantage de données», modère le PDG de Kleos. L’objectif est en effet pour l’entreprise de couvrir plus de zones ou de pouvoir observer une même zone plus souvent. «Bien sûr, les clients aimeraient une couverture constante et immédiate, mais nous n’en sommes pas encore là!»

Quid des risques de conflits d’intérêt entre ses clients, comme vendre des données qui pourraient servir à la fois l’Ukraine et la Russie? «Nous devons effectivement être très vigilants à ce sujet et, pour cela, nous devons connaître nos clients, savoir qui précisément achète nos données, mais aussi où elles vont aller», explique Andy Bowyer.

«Pour le moment, vu notre taille, c’est relativement facile : nous connaissons bien nos clients et nous restons « du même côté ». Nous travaillons avec des membres de l’OTAN, des Five Eyes (NDLR : le Groupe des Cinq, c’est-à-dire l’alliance des services de renseignement de l’Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni et des États-Unis) et l’UE. Il faudra beaucoup de temps je pense d’ici à ce que nous soyons confrontés à un vrai conflit d’intérêt.»

Débris spatiaux

L’Agence spatiale européenne (ESA) recense des centaines de millions de débris spatiaux : environ 330 millions de débris mesurant jusqu’à un centimètre et plus de 36 000 supérieurs à 10 cm. Des déchets qui peuvent causer d’énormes dégâts sur les quelque 2 000 satellites actuellement en activité. Point positif : la situation s’améliore un peu puisque aujourd’hui, la très grande majorité des petits satellites (88 %) respecte désormais les mesures d’atténuation des débris spatiaux. À l’instar de ceux de Kleos, qui ont une durée de vie de 5 ans : une fois leur mission achevée, ils seront redescendus vers l’atmosphère grâce à un propulseur intégré, où ils se consumeront ensuite naturellement.