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Au Findel, tout est prêt pour le lancement de la Wanteraktioun


Le budget de l’opération se chiffre à 2,6 millions d’euros, soit 20 % de plus qu’en 2023/2024.

À la veille de l’ouverture de l’Action hiver, ce dispositif d’hébergement d’urgence pour personnes sans-abri, les équipes de l’association Dräieck sont à pied d’œuvre. La WAK se poursuivra jusqu’au 15 avril.

Dès ce vendredi, la structure dédiée à l’Action hiver (Wanteraktioun, WAK) ouvrira à nouveau ses portes au Findel, afin d’offrir un hébergement d’urgence aux personnes sans-abri durant les mois les plus froids.

Réfectoire, dortoirs, salle de loisirs, vestiaires, douches : le bâtiment multifonctionnel est fin prêt pour accueillir les bénéficiaires jusqu’au 15 avril prochain – voire davantage selon les conditions météorologiques.

Des chiffres en hausse

Initialement prévue du 1er décembre au 31 mars, la WAK s’étale du 15 novembre au 15 avril depuis 2020, afin de faire face aux besoins et de couvrir au maximum les périodes où la température devient glaciale.

La saison dernière, 2 218 personnes différentes y ont trouvé refuge au fil de ces cinq mois, avec une moyenne de près de 200 pensionnaires par nuit, et un pic au mois de février, où 300 personnes ont été prises en charge le même soir.

Des chiffres en hausse constante, qui ont littéralement explosé l’hiver dernier, obligeant les responsables de la WAK à pousser les murs : en décembre, la capacité d’accueil a été augmentée de 250 à 300 places, transformant la salle de loisirs en dortoir supplémentaire, puis en janvier, le ministère a dû mobiliser l’armée pour déployer des tentes chauffées à l’extérieur pour grappiller encore 32 lits.

«On a revu le budget de l’Action hiver à la hausse de 20 %, pour atteindre 2,6 millions d’euros», indique le ministre de la Famille, des Solidarités, du Vivre ensemble et de l’Accueil, Max Hahn, présent dans les lieux hier, pour une visite réservée à la presse.

Des mesures contre «le tourisme social»

Lancée par l’État en 2001 pour protéger les plus démunis d’une mort par hypothermie, la WAK est pilotée depuis 2021 par l’ASBL Dräieck, qui regroupe à la fois la Croix-Rouge luxembourgeoise, Hëllef um Terrain (anciennement Caritas) et Inter-Actions, en collaboration étroite avec le ministère. Objectif : garantir un hébergement temporaire, incluant repas chaud et accès à des sanitaires, aux adultes vivant dans la rue, sur le territoire du Luxembourg.

Un détail qui a son importance, car de nouveaux critères d’accès sont introduits cette année : il faudra déjà être en contact avec les structures sociales locales et présent depuis plusieurs mois au Grand-Duché pour profiter de l’Action hiver.

«C’est une mesure qu’on a dû prendre pour éviter le tourisme social – même si je n’aime pas ce terme – car nous avons constaté que des personnes venaient spécialement des pays voisins», justifie le ministre. Désormais, les personnes sans-abri nouvellement arrivées ne pourront être accueillies que trois jours et trois nuits, sauf les jours de grand froid, où l’accueil restera inconditionnel.

La saison dernière, la salle de loisirs a été transformée en dortoir de 50 lits pour répondre aux besoins.

 

Sur place, les équipes vont maintenant se relayer sept jours sur sept jusqu’au printemps pour assurer le bon fonctionnement de l’immeuble, notamment l’accès aux douches, aux produits d’hygiène de première nécessité, à un repas chaud, mais aussi proposer des activités socio-éducatives ou un service de suivi et d’orientation en fonction des besoins.

«Cette année, ils seront 23 professionnels encadrants expérimentés, des éducateurs, des assistants sociaux, des psychologues, accompagnés aussi par nos stagiaires, volontaires et 110 bénévoles», détaille Faiane Nascimento, la nouvelle chargée de direction de l’ASBL Dräieck. Hier matin, au réfectoire, une vingtaine d’entre eux suivaient d’ailleurs une formation en gestion des conflits (lire ci-contre).

La coordination de terrain ouvre entre 11 h 30 et 16 h  pour enregistrer les pensionnaires du soir, et l’équipe est aussi présente de 19 h à 21 h 30 pour le suivi social individuel, l’orientation vers les services spécialisés ou la planification de soins infirmiers. L’an dernier, 492 dossiers sociaux ont ainsi été ouverts afin de trouver une solution pérenne pour les concernés.

De nouveaux profils parmi les bénéficiaires

Le foyer de jour, ouvert chaque jour à midi, distribue des repas chauds (près de 21 000 l’hiver dernier), tandis que la salle de loisirs a retrouvé sa fonction première : des animations et activités favorisant l’inclusion et l’intégration sociale y sont organisées.

Enfin, l’équipe du foyer de nuit prend le relais à partir de 19 h et accueille les bénéficiaires pour l’hébergement, en organisant la collation du soir et le petit-déjeuner (près de 75 000 servis en 2023/2024).

Faiane Nascimento et Max Hahn expliquent que les critères d’accès ont été revus cette année.

Du côté des personnes qui se présentent à l’Action hiver, de nouveaux profils ont émergé ces dernières années, liés aux crises successives. «On voit des travailleurs pauvres, qui ne parviennent pas à trouver un logement, et on a aussi parfois des familles avec enfants, sachant que ce n’est pas du tout un endroit adapté», rapporte Faiane Nascimento.

Dans ces cas-là, elles sont réorientées au plus vite vers d’autres structures, l’expérience de la WAK pouvant être traumatisante pour les plus jeunes, ajoute Max Hahn. Dix-huit familles avec des enfants ont été accueillies sur l’ensemble de la saison dernière.

S’ajoutent encore des personnes en grande précarité ou souffrant de maladies chroniques ou de troubles psychiatriques. Enfin, il arrive également que des demandeurs de protection internationale viennent passer la nuit.

Vania : «La WAK, c’est une expérience forte»

Éducatrice diplômée de 32 ans, Vania a postulé pour rejoindre à nouveau l’Action hiver après y avoir travaillé en 2021. «La WAK, c’est une expérience forte et humainement très enrichissante. On est là pendant six mois, on voit beaucoup de personnes, on les suit, c’est intense», décrit-elle, heureuse de rempiler.

Même si elle concède que le fait d’être confrontée à la misère et à la détresse sociale au quotidien n’est pas évident : «Oui, c’est difficile, mais ça fait partie du travail, et c’est ce que j’ai choisi», sourit la jeune femme, déterminée.

«Je me sens utile ici, j’apporte ma pierre à l’édifice.» Hier, elle a encore suivi une formation axée sur la gestion de conflit : «Il y en a quotidiennement ici, on doit alors garder notre calme et savoir comment désamorcer la situation avec les bénéficiaires.»