Du 15 novembre au 15 avril prochain, dans le cadre de l’Action hiver, un regroupement d’associations propose des repas chauds et un hébergement aux personnes les plus démunies, alors que l’inflation précarise de nouveaux profils. L’accueil et la prise en charge se font toujours dans la structure d’urgence du Findel.
Aux abords de la structure d’urgence du Findel, non loin de l’aéroport, la brise matinale laisse présager l’arrivée imminente des températures hivernales. Douceur déconcertante ou froid sibérien, qui sait ce que nous réservera la saison des fêtes, après une année particulièrement ardente? Dans les deux cas, la Dräieck, qui regroupe en son sein Caritas Luxembourg, la Croix-Rouge et Inter-Actions, se tient prête à lancer la Wanteraktioun 2022/2023, plus de vingt ans après la première édition.
En collaboration avec le ministère de la Famille et de l’Intégration, le dispositif vise à prendre en charge les besoins primaires des personnes en situation de précarité, notamment les sans-abri, en offrant un hébergement temporaire et des repas chauds. Une action solidaire portée par une équipe de professionnels de terrain, dont le travail en synergie permet d’assurer un service en continu durant toute la période hivernale. Néanmoins, l’arrivée progressive des températures négatives force les associations à démarrer de manière anticipée, à l’instar de l’année précédente. L’Action hiver débutera donc le 15 novembre et s’étendra jusqu’au 15 avril prochain.
Un travail en synergie
Au total, 21 professionnels de terrain et une poignée de volontaires collaborent étroitement pour fournir un service décent aux usagers. Dans un premier temps, la coordination de terrain, chapeautée par Inter-Actions, assure l’accueil et l’enregistrement des bénéficiaires de 11 h 30 à 16 h : «On procède également au recensement des besoins, à l’orientation vers les services spécialisés si nécessaire et à la planification de soins médicaux. Et on établit des statistiques qui peuvent servir au ministère», complémente Catia Gomes, coordinatrice de la Wanteraktioun et membre d’Inter-Actions. Une fois les opérations terminées, l’observation de ces données permet aux organisateurs de tirer des conclusions en vue d’adapter le dispositif pour les prochaines éditions. À titre d’indication, 1 043 personnes en situation de sans-abrisme ont été accueillies par les associations lors de l’édition 2021/2022.
Une fois cette étape franchie, les bénéficiaires de l’Action hiver pourront profiter d’un foyer de jour. Aux manettes, la Croix-Rouge luxembourgeoise, qui, en plus d’offrir un repas chaud, met à la disposition des démunis un lieu de repos et un vestiaire d’urgence : «Nous sommes également là pour proposer des activités ludiques et pédagogiques, qui prendront place dans le réfectoire, où se déroulent des travaux d’isolation pour quelques jours encore», ajoute Rachel Olivero, coordinatrice du foyer de jour.
Enfin, pour celles et ceux qui désirent passer la nuit au chaud, l’association Caritas, qui œuvre auprès des personnes exclues, désemparées ou démunies, prend en charge l’hébergement. Près de 250 lits sont d’ores et déjà disposés, alors que le plus grand dortoir, exclusivement masculin, compte 56 places, contre 18 pour les femmes : «Les bénéficiaires peuvent profiter de sanitaires spacieux et individuels pour avoir un peu d’intimité, ce qui n’est pas forcément le cas dans les chambres», informe Diana Pereira, coordinatrice Caritas pour le foyer de nuit. Enfin, tout comme les autres services, une équipe socio-éducative s’attèlera à fournir des informations et à accompagner les personnes en cas de besoin : «Nous ne sommes pas dans une prison ici», rappelle justement Diana Pereira.
De nouveaux profils?
S’il reste difficile d’estimer le nombre de personnes qui jouiront de ces services, la perspective d’un hiver rude pourrait accroître la fréquentation dans la structure. De plus, la crise énergétique et l’inflation galopante ont précipité de nombreuses personnes en deçà du seuil de pauvreté, alors que les derniers rapports de la Statec font état d’un Luxembourg toujours plus en proie à la précarisation : «Il y a des gens qui travaillent, mais pour qui il reste difficile de trouver un logement. D’autres gens savent qu’ils peuvent venir manger gratuitement, ce qui peut permettre de faire des économies», explique Corinne Cahen, la ministre de la Famille et de l’Intégration.
Des structures sociales telles que la Stëmm vun der Strooss ont observé l’arrivée progressive d’une nouvelle population, souvent proche du risque de pauvreté et qui n’arrive pas à joindre les deux bouts. Parmi elle, des étrangers qui vont jusqu’à effectuer de longs déplacements pour bénéficier de ces actions associatives : «On essaye d’expliquer qu’ils peuvent avoir des droits sociaux dans leurs pays, mais ce n’est pas toujours évident», avoue Corinne Cahen. Dans un sens ou dans l’autre, la coopération associative saura, à bien des égards, tenir le coup pour offrir le meilleur accueil possible. Des réflexions restent en cours pour, éventuellement, déménager le foyer de jour plus près du centre-ville.