Le 1535° Creative Hub à Differdange a ouvert ses portes le temps d’une journée, dimanche. L’occasion pour ses nombreux créateurs de montrer leur travail aux visiteurs.
«Ça nous fait découvrir plein d’artistes et de métiers différents», s’enthousiasment Julien et Hélène. Leur balade dominicale au Creative Day a commencé hier à 11 h, avant d’être rejoints deux heures plus tard par un ami et sa fille. «Nous n’avons pas encore vu grand-chose, on vient d’arriver», dit-elle pleine d’impatience. Ce que la jeune fille a hâte de découvrir, ce sont les nombreux créateurs du 1535° qui, en ce dimanche ensoleillé, ont laissé les portes de leurs studios ouvertes. Pour le moment, la petite bande découvre l’étage du bâtiment A. Ils déambulent dans les allées bétonnées et s’arrêtent à droite et à gauche pour zieuter les différents studios.
Dans les rues de Differdange, le calme du week-end prend une tournure plus festive à l’approche du Creative Hub, où une musique joyeuse appelle à la visite. À l’intérieur des trois bâtiments réhabilités, les nombreux studios sont ouverts et laissent voir ce qui les compose. Photographies, peintures et illustrations sont accrochées aux quatre coins des murs en briques. À d’autres endroits, les arts laissent place à la technologie : bornes d’arcade, ordinateurs et grosses enceintes modernisent les lieux industriels. Dans le hangar du bâtiment B, une cinquantaine de créateurs font vivre un marché avec leurs œuvres diverses et variées. Des artistes musicaux ponctuent également la journée avec des concerts dans le sonotron. Un programme bien garni, donc.
Au détour du bâtiment B, Mélanie et sa famille marquent une petite pause. «Je fais découvrir le lieu à mes parents», explique-t-elle. Travaillant à Differdange, elle passe tous les jours devant le 1535° et savait que les portes ouvertes avaient lieu hier. «C’est vraiment un endroit inspirant!» À côté d’elle, ses parents acquiescent. «Nous sommes venus voir de belles choses créatives», ajoute Geneviève, sa mère. Pour le moment, ce qui les a les plus impressionnés, c’est la galerie photo d’une jeune femme. «Elle a un projet sur les pigeons dont elle est très enthousiaste», sourit-elle.
«Rencontrer des gens»
Cette jeune femme, c’est Luisa Maria Stagno. Dans son studio, les animaux sont rois. «Tout ce qu’on voit ici, c’est le fruit d’un travail long de cinq ans», explique la photographe animalière. Sur un pan de mur, des portraits de chiens posant comme des humains sont exposés. «Mon but, c’est de mettre en valeur ces chiens abandonnés pour changer le regard des humains sur eux et promouvoir l’adoption.» Juste à côté, des animaux plus sauvages se détachent de fonds noirs : «Là, l’objectif, c’est de rapprocher les gens d’animaux « invisibles« , de leur montrer leur beauté pour leur donner envie de les protéger», dit Luisa pleine de conviction.
Sur un meuble, les fameux pigeons trônent fièrement. Les photos les montrent de profil sur des fonds orange tape-à-l’œil Quand on lui dit que ce projet en particulier plaît aux visiteurs, la photographe rigole : «C’est vrai que de tous mes projets, c’est de celui-là dont les gens sont le plus attirés!» Mais derrière le côté accrocheur et marrant du projet, se cache une démarche pas moins engagée que pour ses autres travaux. «L’idée, c’est de repenser le rapport que l’on entretient avec la faune urbaine, notamment au travers de cet animal que l’on considère très peu», détaille l’artiste, effectivement avec enthousiasme.
C’est toujours un moment d’échange avec le grand public et les autres créateurs
Luisa est installée au 1535° depuis seulement un mois. Avant cela, elle était mobile et travaillait de chez elle. Mais au bout de sept ans au Luxembourg, le besoin d’avoir d’un espace consacré à son travail s’est fait ressentir. Elle est finalement arrivée à temps pour participer aux portes ouvertes, importantes pour elle, puisqu’elle aimerait que son travail se fasse mieux connaître. «Elles me permettent de rencontrer des gens que je n’ai pas l’habitude de voir et de montrer mon travail de manière plus personnelle que lors d’une exhibition», confie la photographe.
«Montrer son travail et échanger»
Ce sentiment est partagé par les autres créateurs du 1535°. Dans le bâtiment B, Lisa Junius tient une boutique. Elle y vend ses objets en céramique, ses fresques et autres illustrations, tout de bleu et de blanc. «C’est la couleur du rêve et de l’imaginaire, du ciel et de l’eau, elle marche bien avec mon univers», souffle la créatrice. Elle, est installée au Creative Hub depuis 2017. Les portes ouvertes sont pour elle l’occasion de vendre ses produits. «C’est toujours un moment d’échange avec le grand public et les autres créateurs.» Cette année, Lola, une stagiaire également illustratrice, se tient à ses côtés et exhibe ses œuvres : «C’est la première fois que je fais quelque chose comme ça, comme je suis encore étudiante.»
Dans le studio voisin, Rex Kalehoff est propriétaire de Rexinlux Wood Studios, un espace dédié à la construction d’œuvres et de meubles en bois. Sous sa machine pour tourner le bois, un tas de poussière git au sol. Ce qui ne semble pas arrêter les visiteurs curieux, qui lui posent des questions sur son métier. Sa rencontre avec une visiteuse très intéressée illustre parfaitement l’intérêt d’une telle journée portes ouvertes. «Comment vous faites pour faire des pièces de bois rondes?», lui demande-t-elle, penchée au-dessus de la machine pour voir le plus possible la démonstration de Rex. L’artiste prend une planche de bois et lui explique en détail son processus de création et ses innombrables machines et outils.
«Si on veut apprendre à faire tout ça, est-ce que c’est possible d’avoir des cours avec vous?», finit par lui demander la visiteuse après les explications passionnées de Rex. Ce dernier donne des cours privés. Il lui tend alors sa carte, et la remercie de son intérêt. «J’apprécie beaucoup montrer mon travail aux gens et discuter avec eux», se réjouit l’artiste new-yorkais. Cela fait maintenant deux ans qu’il tient son studio au Luxembourg. «Le Creative Hub est le seul endroit qui nous ait acceptés, moi et ma poussière!»