Accueil | A la Une | Au cimetière Notre-Dame de Luxembourg, les pierres tombales passent à l’ère 2.0

Au cimetière Notre-Dame de Luxembourg, les pierres tombales passent à l’ère 2.0


Quelque 54 QR codes sont disséminés dans le plus ancien cimetière de Luxembourg.

Depuis trois ans, le cimetière Notre-Dame de Luxembourg a équipé une cinquantaine de tombes de QR codes. L’objectif : honorer les personnalités remarquables qui y reposent.

Les tombes ne sont pas vraiment faites pour les morts, elles sont destinées à ceux qui restent. Une réalité au cimetière Notre-Dame de Luxembourg, situé dans le quartier du Limpertsberg, où, depuis trois ans, un système de QR codes permet aux défunts de continuer à vivre dans la mémoire collective.

Ce projet a vu le jour grâce à un groupe de travail des monuments funéraires, créé il y a dix ans et qui se réunit chaque année pour discuter de la conservation de certains monuments funéraires, dont les concessions sont venues à terme sans avoir été prolongées. Celles-ci doivent présenter un intérêt architectural et/ou historique et les personnages illustres enterrés constituent aussi un critère de présélection.

C’est l’historien luxembourgeois Robert L. Phillipart qui mène cette réflexion et soumet ensuite les tombes finalement retenues pour être conservées par la Ville au collège échevinal.

Un projet qui vise à mettre en valeur certaines tombes remarquables et à permettre aux visiteurs d’avoir accès à toutes les informations concernant la tombe en scannant le QR code avec leur smartphone.

54 tombes remarquables

Une manière de connaître autre chose que simplement les dates de naissance et de décès du défunt : un véritable mémorial virtuel, dans ce cimetière qui représente un haut-lieu d’inhumation de la capitale. Le cimetière Notre-Dame a en effet été choisi pour développer ce concept car il est le plus ancien cimetière et regroupe le plus grand nombre de personnages illustres, à l’image du Père Lachaise à Paris ou du Wiener Zentralfriedhof à Vienne, par exemple.

À l’heure actuelle, 54 tombes remarquables disposent d’un QR code. Mais un autre cimetière luxembourgeois a suivi le mouvement : celui des Bons-Malades, au Pfaffenthal, où l’on peut notamment retrouver un monument à la mémoire de Laurent Menager, compositeur, organiste et professeur de musique luxembourgeois.

Biographies, musiques, photos…

Une manière de continuer à faire vivre les défunts au-delà de la mort et d’apprendre à les connaître. Au Limpertsberg, l’une des sépultures les plus célèbres n’est autre que celle de Friedrich Wilhelm Voigt, un imposteur notoire des années 1900, plus connu sous le nom de «capitaine de Köpenick». Allemand d’origine, il s’était finalement installé à Luxembourg, après de nombreux esclandres, où il mourut en 1922 des suites d’une grippe.

Sa tombe, modeste, a finalement été rachetée par la Ville, qui l’a ainsi fait perdurer à travers les décennies. Encore aujourd’hui, de nombreux touristes allemands passent par le cimetière Notre-Dame pour l’admirer et laissent des pièces de monnaie en hommage.

C’est l’une des tombes les plus visitées, si l’on se réfère aux statistiques fournies par la Ville : 626 personnes ont scanné le QR code de cette tombe depuis son installation. Mais c’est celle de Michel Lentz, poète national, qui prend la tête de ce palmarès : 648 personnes ont scanné le QR code de sa tombe.

Plus original, les premières notes de l’hymne luxembourgeois Ons Heemecht (Notre Patrie) sont audibles lorsque vous scannez le QR code présent sur la tombe de son compositeur, Jean-Antoine Zinnen. Sans oublier le ministre d’État luxembourgeois Paul Eyschen qui dispose, lui, d’une sépulture unique en son genre, conçue en pierres luxembourgeoises, où il repose seul.

Ce dispositif ne concerne pas uniquement les personnalités publiques connues. Une tombe ayant accueilli une personne qui a, par exemple, joué un rôle important dans l’histoire sociale de la ville de Luxembourg, sans pour autant être connue du grand public aujourd’hui, peut être munie d’un QR code.

Une carte interactive est disponible pour découvrir l’emplacement exact du monument funéraire qui vous intéresse. Il vous suffit ensuite de scanner le code avec votre téléphone portable pour être redirigé vers la page web afférente, où vous retrouverez toutes les informations biographiques et historiques sur le défunt et/ou sa famille.

Des textes écrits par Robert L. Phillipart (toujours lui!), parfait connaisseur des nécropoles de la capitale, qui a effectué une recherche approfondie sur les personnages et leurs histoires respectives. Depuis leur création, quasiment 4 000 visiteurs ont déjà plongé dans ces mémoires virtuelles.

Un concept qui s’étend aussi à l’étranger

Si le cimetière Notre-Dame est le premier cimetière luxembourgeois à proposer ce dispositif, d’autres pays commencent à s’intéresser à ce concept, très répandu aux États-Unis et au Japon. C’est notamment le cas en Belgique, où la commune de Messancy a inauguré en 2022 ses 37 premiers QR codes dans son cimetière.

Certaines compagnies funéraires, notamment en France, proposent également ce type de service aux particuliers. L’approbation du maire de la commune où se situe le cimetière est toutefois nécessaire pour installer les QR codes. Si la famille l’approuve, des messages peuvent aussi être déposés de manière virtuelle via ce système.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.