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Au Cercle Cité, longue attente mais maigre récompense


Difficilement visible et d’un pas pressé, le couple grand-ducal n’a pas fait que des heureux au Cercle Cité. (photo Fabrizio Pizzolante)

Venu nombreux et en avance, le public a quitté la place d’Armes amer face à l’apparition pressée du couple grand-ducal qui n’aura pas répondu aux attentes avant d’entrer au Cercle Cité.

À l’écart de l’agitation jusque-là, la place d’Armes se réveille un peu avant midi lorsque le premier coup de canon tiré depuis le Festschenhaff retenti afin de célébrer l’intronisation du Grand-Duc. Dans la foule, le brouhaha s’installe et les téléphones sont sortis, à l’affût du moindre mouvement. Il faut dire que pour les premiers arrivés aux barrières disposées devant le Cercle Cité, l’attente paraît certainement longue. «Je suis arrivé ici à 10 h 30 afin d’être tout devant», lance fièrement Sacha, aux premières loges, alors que l’arrivée du couple grand-ducal sur place est prévue à 13 h 50.

Afin d’être si bien placé, le jeune lycéen s’est donc privé des apparitions du nouveau souverain qui ont lieu à deux pas pourtant, au Palais et au Knuedler. «Ce n’est pas grave si je rate le reste, je peux suivre le direct sur mon téléphone et ici, je verrais tout», relativise-t-il.

Photos d’excuse ou test culinaire

À l’heure du déjeuner, la place commence gentiment à se remplir. Les lycéens exemptés de cours, les employés en pause et les touristes arrivés par hasard gonflent les rangs, debout ou assis sur les terrasses alentour. Parmi eux, les motivations diffèrent. Bien qu’il prenne le bâtiment en photo sous tous ses angles, Pascal* ne compte pas s’éterniser. «Je fais ça pour mon fils, car son professeur lui en a demandé afin de justifier son absence aujourd’hui», sourit-il.

Vue depuis le balcon du Cercle Cité sur la place d’Armes, noire de monde du fond jusqu’aux terrasses qui l’entourent. Photo : sip

Laura est, elle, venue pour transmettre un peu d’histoire familiale à son fils. «Je suis venu avec lui, car même s’il n’a pas trop de contact avec le Luxembourg, nous avons de la famille ici», explique cette Allemande qui a profité du jour férié national pour prendre la route depuis Cologne.

David a, lui, choisi de s’attabler à la table d’un restaurant «afin de ne pas perdre mon temps à attendre comme les autres». «J’ai mon téléphone, donc je ne vais rien rater et puis je voulais tester ce restaurant.»

Arrivée dans la capitale il y a cinq ans, Megan attend sagement sur un banc telle une Luxembourgeoise fidèlement attachée à sa monarchie. D’origine américaine, elle dit découvrir la famille royale «petit à petit mais je les respecte déjà, car ils sont ouverts et à l’écoute de leur peuple».

«C’est déjà fini ?»

Lorsque Luc Frieden et Xavier Bettel foulent le tapis rouge devant le Cercle Cité, la place d’Armes est désormais remplie. Ils sont au moins 1 000 à s’enthousiasmer lorsqu’un ensemble de la Musique militaire prend place sur le balcon. Sans prévenir et légèrement en avance, le Grand-Duc Guillaume et la Grande-Duchesse arrivent enfin depuis la rue du Curé, au coin du bâtiment.

Accompagné par le Wilhelmus, le couple grand-ducal s’approche des barrières, serre quelques mains puis se dirige sans traîner vers le Premier ministre et le vice-Premier ministre, prêts à les accueillir. Après quelques salutations adressées au public depuis les marches à l’entrée, rideau. Leur apparition aura duré moins de cinq minutes, de quoi décevoir Elisa et ses copines.

«Quoi? C’est déjà fini? Ils ne viennent pas au balcon?», s’interroge la lycéenne originaire de Canach. «Si c’est déjà fini, c’est trop nul. En Angleterre, ça dure beaucoup plus longtemps.» Une autre membre du groupe intervient : «Je n’ai qu’une photo d’eux, on ne voyait presque rien, on n’a même pas eu de goodies, je suis hyper-déçue».

Attendu, en vain, au balcon

La majeure partie du public ne semble également pas comprendre que le couple grand-ducal ne sortira que dans une heure et demie, vers 15 h 30. Encore nombreux à espérer une apparition au balcon, le gros des spectateurs finit par quitter les lieux au bout de dix minutes, lorsque le tapis rouge disparaît. «Depuis le fond de la place, on n’a rien vu parce qu’ils n’ont pas été en hauteur, on a attendu pour rien» peste un homme. Devant la barrière, l’expérience n’a certainement pas été la même.

À l’intérieur du Cercle Cité, au salon bleu, la cérémonie était retransmise en direct lors de la réception. Photo : sip

Précédé par Luc Frieden parti accueillir Emmanuel Macron au château de Senningen, le Grand-Duc Guillaume quitte le Cercle Cité à l’horaire prévu. Obligé de suivre un planning chronométré, le nouveau souverain répète le même scénario qu’à l’arrivée, sans balcon. Après quelques poignées de main et des brèves salutations, il s’engouffre rapidement dans sa voiture royale sous le regard d’environ 300 personnes courageusement restées ou arrivées au bon moment sur la place d’Armes.

* Prénom d’emprunt.

Pas de retombées économiques

Malgré la foule, les restaurateurs autour de la place d’Armes n’ont pas réalisé de journée extraordinaire. «On est un peu plus débordés qu’un vendredi classique, mais ça va», nous dit-on au Grand Café. Au Dodo, une personne a été embauchée en extra pour la journée mais le comptoir en terrasse est loin d’être pris d’assaut. Au restaurant La Boucherie, «il n’y a pas eu plus de monde que cela, on aurait aimé mais bon on savait déjà que les hôtels étaient vides donc que ça ne serait pas la folie», confie un serveur.

À l’hôtel Français, «nous n’avons pas eu une de demande particulière pour ce week-end, c’est un vendredi comme un autre». Son collègue réceptionniste pour Le Place d’Armes confirme ses dires : «On est plein mais ce n’est pas pour le Grand-Duc, il y a des familles qui viennent d’arriver qui n’étaient pas au courant de ce qu’il se passe». Un peu plus loin, au Grand Hôtel Cravat situé près du boulevard Franklin-Roosevelt, «nous n’avons pas plus de monde que d’habitude, hormis quelques journalistes».

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