La tempête Amy a fait tomber 27 arbres sur les routes en octobre dernier. Un épisode qui illustre une problématique récurrente : malgré une surveillance accrue, les chutes d’arbres continuent de perturber trains, trams et bus au Luxembourg. La ministre de la Mobilité, Yuriko Backes (DP), dévoile l’ampleur des incidents et les moyens déployés pour y faire face.
Le 4 octobre dernier, les vents violents de la tempête Amy secouaient le pays. Sous son passage, 27 arbres s’effondraient sur la chaussée, selon les chiffres du Corps grand-ducal d’incendie et de secours (CGDIS) qui passait plusieurs heures particulièrement intenses.
Ce lundi, le député ADR Jeff Engelen est revenu sur cet évènement et interpelle la ministre de la Mobilité et des Travaux publics, Yuriko Backes, quant à la surveillance mise en place pour garantir la sécurité sur les routes et sur les conséquences des chutes d’arbres sur la circulation des voitures, des trains et des trams.
Le long des routes, ce sont les agents de l’administration des Ponts et Chaussées qui contrôlent de façon systématique l’état des arbres. «On examine notamment si le tronc présente des zones de pourriture, l’aspect de la couronne, par exemple si elle porte beaucoup de feuilles ou non, ou encore si elle contient du bois mort», précise la ministre.
Si un signe suspect est repéré, un expert compétent de l’administration des Ponts et Chaussées ou le garde forestier responsable de l’administration de la Nature et des Forêts est alors consulté. Ce dernier décidé ensuite si l’arbre représente un danger pour la circulation et, si c’est le cas, il est abattu.
«Il existe également un suivi effectué par un bureau externe spécialisé concernant l’état des arbres le long des routes nationales, selon un cycle de trois ans. Les mesures moins urgentes sont transmises via les données du cadastre des arbres et planifiées, puis progressivement exécutées par l’administration des Ponts et Chaussées», complète Yuriko Backes.
Tous concernés
Au niveau des voies ferrées, ce sont les gardes forestiers des Chemins de fer (surveillants environnement naturel), qui relèvent du service Maintenance Infrastructure des CFL, qui sont chargés du contrôle visuel des arbres sur l’ensemble du réseau. Pour ceux jugés comme potentiellement dangereux, des prestataires externes interviennent pour régler la situation au plus vite.
«Dans les cas d’urgence absolue, on mobilise aussi du personnel interne formé à l’utilisation de la tronçonneuse», ajoute la ministre. Dans sa réponse, elle pointe également le cas des arbres potentiellement dangereux se trouvant sur des terrains privés jouxtant les voies ferrées. Dans ces situations, «les propriétaires sont alors contactés afin de les sensibiliser à leurs obligations et responsabilités».
Pour Luxtram, plusieurs acteurs se chargent de la surveillance des arbres, le long du tracé du tram. Au Kirchberg, ces contrôles sont réalisés par le Fonds d’urbanisation et d’aménagement du Kirchberg (FUAK), au Glacis ou sur l’avenue Émile- Reuter, c’est le service des parcs de la Ville qui s’en charge et «sur le tronçon du Gréngewald entre Luxexpo et le Findel, les services de Luxtram concertent avec le garde forestier compétent, car il s’agit d’une zone sensible, classée Natura 2000», indique la ministre.
Vingt-deux heures de retard
Cette surveillance accrue n’empêche pas certains arbres de tomber et d’être à l’origine de perturbations de la circulation. «Il est important de souligner que des vents violents, de fortes chutes de neige et un sol détrempé sont des facteurs tout à fait naturels qui peuvent provoquer la chute d’arbres – même lorsqu’ils semblent être en bon état visuel», rappelle Yuriko Backes. D’après les chiffres communiqués par la ministre, au cours des cinq dernières années, 32 cas ayant eu un impact sur le trafic ferroviaire ont été enregistrés, ainsi que 17 cas sans impact.
Le retard le plus important sur les cinq dernières années dû à une chute d’arbre remonte au 15 septembre dernier : 1 305 minutes, soit un peu moins de 22 heures de retard sur la ligne Kautenbach-Wiltz après qu’un arbre est tombé à Wiltz.
En deuxième position, on trouve un retard de 1 217 minutes, soit un peu plus de 20 heures sur une ligne qui n’a pas été renseignée lors de l’incident qui s’est produit le 18 février 2022. Enfin, sur la troisième marche du podium, se place un retard de 632 minutes, soit environ dix heures, sur la ligne de fret Luxembourg-Troisvierges. L’arbre était tombé le 18 décembre 2021 au niveau de Maulusmuehle.
Avec 14 occurrences, cette ligne de fret est d’ailleurs la plus présente dans les données sur les retards dus à des chutes d’arbres. On trouve ensuite la ligne Bettembourg-Dudelange-Usines (5) et Luxembourg-Berchen-Oeutrange (4).
Sur le réseau Luxtram, deux interruptions dues à des arbres tombés sur les rails ont été relevées. La première date du 20 février 2020, à hauteur de l’arrêt Université au Kirchberg après une tempête et la seconde, le 3 octobre dernier, sur le tronçon entre Luxexpo et le Findel.
Pour le réseau RGTR, des données sont disponibles pour la période de septembre 2022 à octobre 2025. Depuis cette date, le centre de contrôle de l’administration des Transports publics enregistre ces catégories d’incidents dans ses statistiques. Au cours de cette période, 231 courses ont été déviées en raison d’arbres sur la route, entraînant des retards, et 135 courses ont été raccourcies ou annulées dans ce contexte.
Des équipes sur le qui-vive
La ministre précise que «l’administration des Ponts et Chaussées ne tient pas de statistiques spécifiques sur le nombre de fermetures de routes ou d’arbres tombés».
Il est rare qu’une route soit fermée après la chute d’un arbre et pour de courtes opérations de déblaiement concernant des arbres ou branches isolés, on ne parle généralement pas de fermeture de route. Tout au long de l’année, les équipes de l’administration des Ponts et Chaussées restent en service 24 h/24 et 7 j/7 pour intervenir.
«Des fermetures temporaires peuvent être mises en place dès que la situation l’exige, afin de garantir la sécurité des automobilistes et des agents, prévenir les accidents et dégâts matériels, et permettre les travaux de déblaiement nécessaires de manière efficace», conclut Yuriko Backes.