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Attentat de Nice : ce que l’on sait des motivations du tueur


Copie du permis de séjour de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, obtenue le 15 juillet 2015 auprès de la police française. (Photo : AFP)

L’attentat de Nice a été revendiqué samedi par le groupe Etat islamique, mais les motivations du tueur, qui semble s’être radicalisé «très rapidement», restent mystérieuses: a-t-il agi sur commande ou de sa propre initiative ? Voici en résumé ce que l’on sait.

Une radicalisation rapide ?

Le groupe Etat islamique (EI) a affirmé que le Tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, qui a foncé jeudi soir dans la foule sur la Promenade des Anglais, tuant 84 personnes, était «un soldat» de l’organisation jihadiste. Il a agi «en réponse aux appels lancés» par l’EI, a précisé l’agence Amaq, liée à l’organisation, dans son communiqué de revendication.

Ce chauffeur-livreur de 31 ans, domicilié à Nice, «semble s’être radicalisé très rapidement», selon le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. Il s’agit d’«un attentat d’un type nouveau» commis par «des individus sensibles au message de Daesh (qui) s’engagent dans des actions extrêmement violentes sans nécessairement avoir participé aux combats, sans nécessairement avoir été entraînés», a souligné le ministre.

Reste à savoir si Lahouaiej-Bouhlel a agi ou non sur ordre. «Il a pu décider de passer à l’acte tout seul, de se suicider en faisant le plus de mal possible. Un coup de folie inspiré par la propagande de l’EI», qui a appelé à plusieurs reprises «les soldats du califat» à commettre des attaques notamment en France avec tous les moyens disponibles, par exemple des voitures, relève une source proche de l’enquête.

Etait-il en lien direct avec la mouvance radicale? La région de Nice est connue pour abriter un foyer de radicalisation islamiste sur lequel a plané l’ombre d’un des principaux recruteurs français pour le jihad, le Niçois Omar Omsen. De son vrai nom Oumar Diaby, cet ancien délinquant franco-sénégalais avait rejoint la Syrie en 2013, où il a un temps été donné pour mort, avant de réapparaître en juin lors du tournage d’une émission de télévision.

Inconnu des services de renseignement, jamais signalé pour radicalisation, Lahouaiej-Bouhlel «était en relation avec des personnes elles-mêmes en contact avec des islamistes radicaux», a affirmé une source proche du dossier, sans préciser s’il pouvait s’agir d’Oumar Diaby. «Mais à ce stade des investigations cela ne prouve rien» sur des complicités éventuelles, a-t-elle ajouté. Pour l’instant, l’épouse du tueur et quatre hommes gravitant dans son entourage, interpellés vendredi et samedi à Nice, ont été placés en garde à vue.

Aucun document de propagande jihadiste n’a été retrouvé à l’intérieur du camion, mais l’exploitation du matériel informatique et téléphonique retrouvés dans le véhicule et au cours des perquisitions effectuées aux deux adresses connues du chauffeur devraient permettre d’en savoir davantage sur les raisons de son passage à l’acte et sur ses liens éventuels.

Un homme violent et dépressif ?

Le profil de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, connu principalement pour des faits de violence, intrigue les enquêteurs.

Son acte a été prémédité et soigneusement préparé: il a loué trois jours avant les faits le camion qu’il a projeté sur la foule et «a sans doute effectué des repérages pour savoir comment il allait aborder la Promenade des Anglais» ultra-sécurisée et en partie fermée à la circulation pour les célébrations du 14-juillet, relève la source proche du dossier.

Sa détermination à tuer un maximum de monde ce soir-là ne fait également guère de doutes. Mais la présence d’armes factices dans le véhicule intrigue. A la différence de Mehdi Nemmouche, le tueur du Musée juif de Bruxelles en 2014, arrêté à Marseille avec un important arsenal dans son sac, d’Amédy Coulibaly, le tueur de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, ou des assaillants du 13 novembre, Lahouaiej-Bouhlel n’avait ce soir-là en sa possession qu’un pistolet de calibre 7.65 mm avec lequel il a tiré sur des policiers.

L’homme, en instance de divorce et père de famille, a été décrit comme «violent» et «solitaire» par d’anciens voisins. Selon son père, il avait fait une dépression au début des années 2000 et n’avait pas de lien avec la religion.

Le Quotidien/AFP