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Attentat de Manchester : appel à témoin avec des photos du kamikaze


Photo fournie le 27 mai 2017 par la police de Manchester provenant d'une caméra de surveillance avec un fond volontairement altéré montrant Salman Abedi le soir de l'attentat à l'Arena le 22 mai 2017. (Photo : AFP)

Les enquêteurs britanniques poursuivaient dimanche leur enquête sur l’attentat de Manchester (nord-ouest) avec un appel à témoin et la publication de photos de son auteur, tandis que la ville organisait son traditionnel semi-marathon sous haute surveillance.

La police a publié samedi soir des photos du kamikaze, Salman Abedi, lançant un appel à témoin pour tenter de retracer ses derniers jours. Les deux photos, issues d’images de vidéo-surveillance, montrent Abedi, 22 ans, le soir de l’attaque. Le Britannique d’origine libyenne porte une casquette et un sac à dos. Lunettes sur le nez, il est habillé d’une doudoune noire, d’un jean et de baskets. Abedi s’est fait exploser lundi soir à l’issue d’un concert pop de la chanteuse Ariana Grande à l’Arena de Manchester, auquel assistait de nombreux enfants et adolescents. L’attaque a fait 22 morts et 116 blessés.

Elle a été revendiqué par le groupe jihadiste État islamique (EI), qui multiplie les attaques en Europe alors qu’il enregistre des reculs sur son terrain en Syrie et en Irak. Les enquêteurs veulent récolter toute information sur les faits et gestes du kamikaze depuis le 18 mai, date de «son retour au Royaume-Uni». D’après une source proche de la famille, Abedi se trouvait en Libye quelques jours avant l’attentat. La police allemande a, elle, signalé qu’il avait fait escale à Dusseldorf à ce moment-là.

Abedi, 22 ans, a loué un appartement dans le centre ville, d’où il s’est rendu à l’Arena. Cet appartement intéresse particulièrement les enquêteurs: ils pensent que «ce pourrait bien être l’endroit où a été assemblé l’engin» explosif utilisé pour l’attentat, selon le commissaire Ian Hopkins et le responsable de l’anti-terrorisme Neil Basu.

Identifié en deux heures

La police a également donné des précisions sur la manière dont s’est déroulée l’enquête depuis lundi. L’auteur de l’attentat a été identifié en «deux heures» et «des informations intéressantes sur Abedi, son entourage, ses finances, les endroits où il s’est rendu, la façon dont l’engin explosif a été fabriqué et le complot plus vaste» ont ensuite été collectées. Au total, 1.000 agents sont mobilisés pour analyser plus de 800 pièces à convictions (donc 205 documents numériques) et procéder à des recherches dans 18 lieux différents, tandis que près de 13 000 heures de vidéo-surveillance ont été visionnées.

Onze personnes se trouvent actuellement en garde à vue au Royaume-Uni dans le cadre de cette enquête. Le père et l’un des frères du kamikaze ont, eux, été arrêtés en Libye. Le père était un membre du Groupe islamique combattant libyen (Gicl) très actif dans les années 1990, et opposant au régime du dictateur Mouammar Kadhafi, renversé en 2011, a indiqué jeudi à l’AFP un responsable de la sécurité à Tripoli.

Suite aux progrès de l’enquête, le niveau d’alerte terroriste au Royaume-Uni a été abaissé samedi de «critique» à «grave», a annoncé la Première ministre Theresa May. Cela signifie qu’un attentat est «très probable» mais non plus «imminent». Theresa May a toutefois appelé les Britanniques à «rester vigilants». Elle a précisé que l’armée resterait déployée jusqu’à la fin de ce week-end de trois jours, lundi étant férié dans le pays. Parallèlement, les habitants de Manchester reprennent un rythme de vie normal, bravant la tension et la peur du terrorisme.

Super héros

Dimanche, une manifestation populaire de course à pied, le Great Manchester Run, se tient dans les rues de la ville. Le maire travailliste Andy Burnham a confirmé sa participation, exhortant les Mancuniens à retrouver leurs habitudes. Le long du parcours, de nombreux habitants ont pris place pour encourager bruyamment les coureurs et afficher leur attachement à leur ville, a pu constater une journaliste. Les effectifs policiers, très visibles, ont été renforcés.

Une minute de silence a été observée à 9h (8h GMT), juste avant le départ de ce semi-marathon, pour lequel se sont élancés des milliers d’athlètes. Certains étaient habillés en super-héros ou en pompier, expression de la reconnaissance aux agents de secours. Un fonds d’urgence, mis en place par la mairie avec notamment l’aide de la Croix-Rouge, a récolté plus de 4 millions de livres pour venir en aide aux victimes.

L’attentat a mis la sécurité au cœur de la campagne pour les législatives du 8 juin, qui a repris vendredi après avoir été suspendue au lendemain de l’attentat. La lutte contre le terrorisme devrait occuper une bonne part des débat télévisés attendus la semaine prochaine.

Le Quotidien/AFP