En à peine une heure, le prévenu a réussi à mettre Lamadelaine sens dessus dessous. Victime de psychose, il a agressé plusieurs personnes, dont un policier qu’il a poussé sous les roues d’un camion.
Comme l’a fait remarquer la présidente de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg mardi matin, le soir du 4 novembre 2020, Éric a «passé en revue tout le code pénal». Des coups assénés à deux hommes dans la rue de la Montagne à Lamadelaine après 19 h, un attentat à la pudeur dans la rue de la Providence, des coups de pied dans une voiture, une tentative de meurtre sur un policier au rond-point du PED, puis divers coups et blessures, dont des morsures, et des outrages sur des policiers.
Un sacré palmarès dont le jeune homme de 28 ans ne se souvient que partiellement. «À l’époque, je souffrais d’une psychose induite par ma forte consommation de marijuana», a expliqué Éric. Les experts judiciaires en toxicologie et en neuropsychiatrie le confirment : il avait consommé de manière excessive peu de temps avant les faits. Il avait passé la semaine précédente avec des amis à l’étranger et avait fumé plus qu’à son habitude.
«C’est une des raisons pour lesquelles les psychiatres sont réticents à la légalisation de ces substances», indique le neuropsychiatre. «La symptomatique de départ est la même que celle de la schizophrénie et la psychose peut durer plusieurs mois.» L’expert a conclu à «une grave altération de ses capacités de discernement et de contrôle».
Éric passait la soirée avec deux amis à Lamadelaine. La situation a dérapé après une discussion sur l’absence d’expérience sexuelle du prévenu et sur sa possible homosexualité. Dans son récit aux policiers, il raconte avoir ensuite été victime d’une tentative de viol de leur part avant de prendre la fuite à pied. En cours de route, il croise une jeune femme, l’attrape par les cheveux et l’embrasse «pour se prouver qu’il n’est pas homosexuel», précise l’un des experts judiciaires. Sa course folle s’est terminée au rond-point du PED, où il a agressé cinq policiers, poussant l’un d’eux sous la remorque d’un camion en marche avant de lui piétiner la tête.
«Ses yeux étaient vides»
«Il n’était plus le même», a témoigné son ami d’enfance qui raconte nerveusement l’agression dont il a lui-même été victime. Dans son récit, Il n’est pas question de tentative de viol, mais d’un pétage de plomb. «Tout au long de la journée, il n’était pas dans son état normal et s’est plaint de ne pas se sentir bien.» Il raconte un coming out étrange, les cris «comme dans les films d’horreur», la peur, la fuite avec son autre ami pour échapper à Éric.
Le malheureux a du mal à évoquer les faits. «Éric a dit des choses qui ne lui correspondaient pas, il était agité. Il m’a donné un coup de poing et a essayé de m’étrangler. Je l’ai regardé dans les yeux. Ils étaient vides. J’étais surpris par sa force. Je suis costaud, mais il m’a fait valser dans tout le logement. J’ai bien cru que j’allais mourir.» Le jeune homme prend la fuite et part se cacher dans la rue. «De là, j’ai entendu une femme crier.»
C’était Émilie. «Je promenais mon chien. J’ai vu Éric arriver. Il était fébrile. J’ai eu envie de changer de trottoir, je ne l’ai pas fait. Il m’a sauté dessus en grognant», témoigne la jeune femme de 27 ans, en larmes. «J’ai eu peur. Il ne parlait pas. Ses yeux étaient vides. Il m’a embrassée et est parti après qu’un jeune homme l’ait interpellé.» Quatre ans après les faits, la jeune femme souffre toujours d’angoisses.
Après avoir bondi sur une voiture au rond-point du PED, il s’en est pris à un policier. Plusieurs patrouilles le suivaient à travers Lamadelaine au fur et à mesure de ses agissements dans le village. «Nous l’avons retrouvé au milieu du rond-point. Il était tellement agité que nous avons dû nous y mettre à cinq ou six pour lui passer les menottes et l’amener jusqu’à la camionnette», rapporte un policier. «Un collègue a été poussé sur la route après avoir été mordu par le forcené, au moment même où un camion passait. Heureusement, ce dernier ne roulait pas trop vite et mes collègues ont réagi avant que la tête du policier ne passe sous les roues de la remorque du camion.»
Un expert légiste a indiqué que les blessures du policier n’étaient pas graves, mais que les deux coups de pied reçus à la tête alors qu’il était à terre auraient pu être potentiellement mortels. Eric, qui cherchait à se libérer, a en effet poussé le policier contre la remorque, le faisant tomber et lui assénant deux coups de pied à la tête en l’injuriant, selon un des policiers mordus.
«Son comportement était changeant une fois dans la camionnette. Il était calme et coopératif et, l’instant suivant, il redevenait violent et nous menaçait de mort», a indiqué un autre policier. Les parents du prévenu et les amis partis en voyage avec lui auraient remarqué qu’il n’était pas dans son état normal les jours précédant les faits.