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Attaque au couteau à Esch-sur-Alzette : 13 ans requis


Le café du Brésil II a été le théâtre d’une attaque au couteau en août 2018. (Photo : archives lq)

Après quatre ans de cavale, Anilton a été jugé pour avoir asséné des coups de couteau à un client du café du Brésil II à Esch-sur-Alzette, le 18 août 2018. Il n’a livré aucune explication.

Anilton, 36 ans, ne se souvient pas ou ne veut rien dire. Sa victime n’a pas répondu présent à la convocation du tribunal. L’affaire commence bien et sera vite bouclée après l’audition des différents témoins et des policiers chargés de l’enquête. Le coiffeur d’origine cap-verdienne est accusé d’avoir poignardé un homme le 18 août 2018 vers 18 h 25 sur la terrasse du café du Brésil II à Esch-sur-Alzette. Le prévenu aurait utilisé le couteau qui lui servait à éplucher ses pommes.

Sa victime présumée est touchée à trois endroits différents du corps et les médecins qui l’ont prise en charge ont dénombré cinq blessures différentes. Anilton lui aurait entaillé le visage de l’oreille droite au bas de la joue gauche avant de le piquer au bras gauche et au thorax. Il rate de peu le cœur et la carotide et touche un poumon, ce qui a occasionné un pneumothorax, selon un médecin légiste chargé de déterminer la dangerosité des blessures. Si certaines n’étaient pas graves, les deux dernières auraient pu être fatales à la victime présumée.

Face aux juges de la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, Anilton préfère se braquer et se taire. Au moment des faits, lui rappelle le président, «vous étiez sous contrôle judiciaire et vous n’aviez pas le droit de fréquenter les cafés». Une remarque qui ne fait ni chaud, ni froid au prévenu qui, une fois de plus, ne réagit pas alors qu’il est accusé de tentative de meurtre.

Arrivés dans l’avenue de la Gare après l’attaque au couteau, les policiers n’ont trouvé aucun des protagonistes sur les lieux. La victime était déjà à l’hôpital et Anilton était en fuite. Jusqu’à Athus chez un ami, le temps d’organiser sa cavale, puis à Paris. Il s’est caché à Pierrefitte-sur-Seine en région parisienne pendant deux ans avant de gagner Nice sous une fausse identité. Anilton a été arrêté sur la baie des Anges en août 2022 à la suite de l’émission d’un mandat d’arrêt européen, et extradé au Luxembourg le 18 août 2022.

La victime présumée et son agresseur avaient été colocataires pendant des années. Elle avait raconté aux enquêteurs qu’elle buvait une bière en terrasse quand Anilton est sorti du café, s’est assis en face de lui et a commencé à tenir des propos incohérents en créole avant de sortir le couteau de sa sacoche et de se jeter sur lui. Un ami commun les a séparés.

Obligation de traitement

«Anilton n’était pas dans son état normal. Il était agité. C’est la première fois que je le voyais être dans cet état. Il avait l’air drogué», a témoigné une serveuse, active au moment des faits. L’enquêteur révèle qu’il consommait de l’alcool et une demi-douzaine de joints par jour. «Il avait passé la nuit précédente à faire la fête et à boire», a indiqué Me Scheerer avant d’assurer que son client «n’a plus consommé d’alcool ni de stupéfiants depuis les faits». Cette consommation excessive pourrait expliquer ce passage à l’acte au mobile mystérieux qui aurait pu être fatal à la victime présumée.

Si l’attaque paraît gratuite, elle était bien réelle, selon le procureur. La nature des blessures et leurs emplacements témoigneraient de la volonté de nuire du prévenu, qui n’a pas hésité à enfoncer la lame de son couteau jusque dans le lobe du poumon et à sectionner des veines de la joue. Pour le magistrat, «tous les éléments de la tentative de meurtre sont donnés». Il a requis une peine de 13 ans de réclusion criminelle à l’encontre d’Anilton et ne s’est pas opposé à un sursis partiel avec obligation de traitement contre l’agressivité.

Me Scheerer conteste l’intention de donner la mort imputée à son client par le parquet. Anilton n’aurait pas compris pourquoi sa victime présumée, qu’il connaissait depuis six ans, le repoussait et aurait mal réagi. L’avocat a demandé au tribunal de retenir les coups et blessures volontaires et d’assortir la peine d’un sursis simple. «La notion de danger de mort est hypothétique», a-t-il estimé avant de conclure que «les blessures ne devaient pas être si graves, sinon la victime présumée serait venue au procès et se serait portée partie civile».

Le prononcé est fixé au 2 mai prochain.