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Attaque à la machette à Pétange : le parquet retient la tentative d’assassinat


Attaque à la machette à Pétange : le parquet retient la tentative d’assassinat contre les cinq prévenus. (Photo : archives lq)

Leur excursion pour acheter des cigarettes et de la bière à Rodange s’est transformée en ce qui a tout l’air d’une expédition punitive. L’un d’eux a scalpé Haytem avec une machette.

L’attaque d’Haytem était-elle planifiée ou l’occasion a-t-elle fait le larron, le 5 février 2022 ? Sami a scalpé le jeune homme d’origine maghrébine avec une machette, au café Replay à Pétange. La 13chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg suppute une expédition punitive orchestrée par Mohamed contre Saïf, le frère de la victime, qui aurait profité de son incarcération pour grignoter son marché de vente de stupéfiants et s’immiscer sur son territoire. Cependant, le tribunal a du mal à le prouver, étant donné les déclarations lacunaires des différents protagonistes.

Trois jeunes gens armés ont fondu sur la victime, attablée avec des amis, avant de prendre la fuite aussi vite qu’ils étaient arrivés. Les images de vidéosurveillance en témoignent. Mais aucun des prévenus n’est capable d’expliquer son geste ou ce qui l’y a encouragé. Ils seraient passés fortuitement devant le café après être allés acheter des cigarettes et de la bière. Mohamed aurait dit à ses comparses qu’Haytem était sans doute à l’intérieur et qu’il avait «une histoire à régler avec lui». Sami, Chamseddine et Ahmed sont entrés armés dans le café sans, selon eux, avoir reçu la moindre instruction.

Des prévenus qui entretiennent la confusion

«Il y a une faille dans votre histoire. Comment avez-vous su qu’il fallait donner une leçon à Haytem? Nous pourrions nous imaginer ce qui manque, mais ce serait mieux si vous nous le disiez», insiste la présidente après avoir cuisiné Ahmed pendant une demi-heure à la reprise du procès, après trois semaines d’interruption. «Il a dû y avoir un ordre. Vous n’aviez aucune raison d’entrer armés dans le café et de lui donner un coup de machette. Il devait y avoir eu une discussion auparavant et vous saviez ce que vous aviez à faire.»

Comme souvent dans ce genre d’affaire, les prévenus entretiennent la confusion plus ou moins savamment et cherchent à en dire le moins possible, pour se couvrir les uns les autres. «Est-ce que vous croyez sérieusement que nous allons gober votre histoire avec ses petits trous? Nous allons nous efforcer de combler ces petits trous», a poursuivi la juge, passablement énervée. Ce n’est pas le commanditaire présumé de l’attaque qui va l’y aider.

«Je n’étais pas là»

 «Je ne sais pas quoi vous dire. Je n’étais pas là», indique Mohamed. «Alors pourquoi les autres vous impliquent-ils?», lui demande la présidente. «Je n’ai pas de problème avec Haytem ni Saïf. Je ne sais pas pourquoi ils disent cela», répond celui qui avait été décrit comme détenant le marché des stupéfiants de Longwy à Virton, en passant par Rodange et Athus. Il conteste toute l’histoire et dit ne pas «bien»  connaître la moitié de ses coprévenus. «Ceux qui disent vous avoir vu à Pétange ont-ils rêvé? Deux témoins vous ont vu avec un sabre», note la présidente en lui détaillant la scène. «Je n’étais pas là.» La juge n’a pas insisté.

Malgré «la résistance des protagonistes» et «une instruction lourde et indigeste», le procureur a comblé les trous pour conclure à «l’association de malfaiteurs et à la tentative d’assassinat». Pour lui, malgré son caractère «brouillon», l’acte était bien préparé. Sami, qui ne conteste pas son geste, a frappé Haytem d’un coup de machette qui aurait pu être mortel. «La victime est encore en vie parce qu’elle a pu éviter le coup fatal. Un seul coup aurait suffi à faire exploser la boîte crânienne, selon le médecin légiste.»

Les deux frères, Sami et Chamseddine, sont, selon le représentant du parquet, à considérer comme coauteurs de la tentative, ainsi que Ahmed et Mohamed. Contrairement aux autres protagonistes, le présumé commanditaire aurait été le seul à avoir eu un réel motif de passer à l’acte. Sans oublier que deux jours avant les faits, Haytem et son frère auraient attaqué le domicile de Chamseddine «avec une machette et un fusil à pompe».

Rien de spontané dans tout cela, le substitut du procureur demande donc au tribunal de retenir la tentative d’assassinat et l’association de malfaiteurs contre l’ensemble des prévenus. Il requiert des peines de réclusion criminelle de 14 ans à l’encontre de Sami, de 12 ans à l’encontre du commanditaire présumé, de Chamseddine et d’Ahmed, ainsi que de 10 ans à l’encontre de leur chauffeur. Assis de part et d’autre de la salle d’audience, les cinq prévenus paraissent sonnés par ce réquisitoire. Les épaules et les têtes sont basses. Les regards affûtés et sûrs d’eux ont disparu. Ils regardent leurs pieds, le plafond, ou dans le vide.