Depuis plusieurs années, Atou Dieng fait rire le Grand-Duché grâce au «Luxembourg du rire». Alors qu’une nouvelle édition se prépare, l’entrepreneur travaille déjà sur de futurs projets.
En 2019, le premier «Luxembourg du rire» a fait du Grand-Duché une destination prisée des humoristes francophones. Les initiatives se sont depuis multipliées, à l’instar du Royal Comedy Club qui avait pris place dans l’hôtel emblématique de la capitale. Derrière ces deux événements, un seul homme : Atou Dieng.
En 2016, après avoir vendu son restaurant, cet entrepreneur était à la recherche d’un nouveau projet. Fan de Jamel Debbouze, il décide de créer une société spécialisée dans l’événementiel, SouthSide Production, pour amener un peu d’humour dans le pays. Un premier spectacle est organisé au Casino 2000 à Mondorf.
«C’était avec les humoristes du Jamel Comedy Club, se remémore-t-il. On avait Alban Ivanov, Waly Dia et Jason Brokerss.» Cette première tentative est couronnée de succès. «Il n’y avait pas grand-chose en humour au Luxembourg à l’époque. On a rempli les 1 250 places du Casino 2000.»
Le jeune homme continue alors sur sa lancée et organise rapidement de nouveaux événements. «Je me suis rendu au « Marrakech du rire » où j’ai vu Ahmed Sylla qui était en train de monter en puissance depuis qu’il travaillait avec Laurent Ruquier.» Une nouvelle date est calée et le Casino 2000 fait à nouveau salle comble.
À mesure que son carnet d’adresses s’étoffe, les événements se multiplient, si bien qu’en 2019 il passe à la vitesse supérieure. Comme son idole Jamel a créé « Le Marrakech du rire », il décide de lancer son équivalent grand-ducal. Mais malgré ses récents succès, les financeurs restent plutôt timides. «J’ai fait toutes les banques pour trouver des fonds. J’ai finalement dû vendre ma voiture.»
Une prise de risque qui en valait la peine, puisque «Le Luxembourg du rire» s’est aujourd’hui fait une belle place dans le calendrier culturel. La quatrième édition, qui se tiendra le 1ᵉʳ juin à Mondorf, proposera un joli casting. «Cette année, nous avons Roman Frayssinet en tête d’affiche, mais aussi Booder, Nordine Ganso, Laurie Peret et Charly Nyobe.»
Et Atou Dieng compte bien faire encore mieux l’année prochaine. «On fêtera la 5e édition du festival. Pour l’occasion, on prépare un plateau très spécial.»
«Tout le monde veut être stand-upper»
En deux décennies, après quelques pionniers, puis l’avènement du Jamel Comedy Club, le stand-up à l’américaine a pris de l’ampleur en Europe. Si on ne compte plus les comedy clubs à Paris, ces derniers se délocalisent de plus en plus dans toute la France, jusqu’à la frontière avec le Luxembourg.
Une tendance qu’a bien perçue l’humoriste luxembourgeois en s’associant en 2022 avec Le Royal et l’ASBL Rire ensemble. «L’idée était de trouver un lieu où organiser de petits événements.» Tombé sous le charme de la salle du Pomme Canelle, l’ancien restaurant de l’hôtel, il y installe une scène, un éclairage et une sonorisation : le Royal Comedy Club est né.
L’expérience sera assez brève et s’arrêtera dès 2023. Entre-temps, beaucoup d’artistes ont eu le temps de monter sur les planches : Roman Frayssinet, Redouanne Harjane, Nordine Ganso, Ilyes Mela, Samia Orosemane, Farid Chamekh… Dans la liste, on retrouve certains habitués de ses productions.
En une petite décennie, l’entrepreneur, qui fête ses 40 ans cette année, a en effet eu le temps de monter son réseau. «J’ai certaines facilités maintenant, mais cela reste assez complexe, reconnaît-il. Je monte souvent à Paris où j’ai des droits d’entrée dans les comedy shows. Je scrute aussi les réseaux sociaux et YouTube.» L’occasion de repérer avant tout le monde les figures montantes, mais aussi de mettre en lumière des artistes locaux.
«Le métier a explosé, tout le monde veut être stand-upper.» Désormais bien implanté au Grand-Duché, Atou Dieng a encore d’autres projets, notamment celui de relancer un comedy show, fort de son expérience au Royal. L’envie de réaliser un rêve de gosse et d’amener le pape du stand-up à la française en terres luxembourgeoises semble également le titiller.
En bon communicant, il distille déjà quelques infos au compte-goutte. «Quelque chose va arriver, je travaille sur une collaboration avec Jamel en début d’année prochaine.»
Un public réceptif
Si le stand-up s’est longtemps fait attendre au Grand-Duché, il a facilement trouvé son public une fois la frontière franchie. Les premiers spectacles ont rapidement fait salle comble et attiré des spectateurs très variés. «Cela va des jeunes de 15 ans à un public très familial. Ça regroupe tout le monde», décrit Atou Dieng.
Tous apprécient de voir des humoristes épingler les travers de leur pays. «Ils se moquent de la météo ou de l’image de paradis fiscal, mais les gens sont réceptifs. Ce sont des spectacles qui restent assez rares, ce n’est pas comme à Paris où ils sont gâtés. Ici, le public est attentif à toutes les blagues.»