Lycéen et majeur, il s’improvise thérapeute pour tripoter une gamine de 13 ans et détourne le jeu action ou vérité pour s’attaquer à une autre. La justice lui rappelle les règles à suivre.
Il aurait menacé Cécile de déchirer ses sous-vêtements si elle ne se rendait pas aux rendez-vous qu’il lui fixait. La menace tient du non-sens, mais elle a suffi à impressionner la gamine de 13 ans qu’elle était à l’époque et à la contraindre de rester à la merci de Stéphane.
Le jeune homme de 34 ans est accusé d’avoir commis des attouchements sexuels et un viol sur la jeune femme dans les toilettes de leur lycée à Athus en Belgique ou dans la forêt d’Halanzy.
Pendant trois à quatre ans, le prévenu aurait profité de la naïveté et du manque de confiance en elle de Cécile. « À la longue, j’en avais marre, mais je ne savais pas comment y mettre un terme», a indiqué la jeune femme à la présidente de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier matin. Timide et introvertie, elle se laisse manipuler dans tous les sens du terme.
Stéphane lui aurait, en tout bien tout honneur, proposé des séances pour lui apprendre à connaître son corps qu’il aurait également qualifiées de «tests de confiance». «J’en manquais. Il avait la solution miracle. Je l’ai cru», témoigne la Belge.
Il commence par lui toucher la tête, les bras, le dos, avant de s’aventurer dans des zones plus intimes, exigeant de l’adolescente de lui rendre la pareille. «Je devais le toucher aussi. Ce n’était pas une partie de plaisir. C’était très répétitif.» Hormis quelques variantes comme un viol digital ou un cunnilingus.
Stéphane faisait partie des grands. Il avait 19 ans au moment des faits qui remontent à une période allant de 2009 à 2012 pendant laquelle il était scolarisé en Belgique et aurait uniquement voulu aider Cécile à sortir de sa coquille.
Les séances et leur ordre du jour auraient, prétend-il, été à l’initiative de la gamine qui l’invitait à la rejoindre. Oriane, une copine de Cécile, se joignait parfois à eux pour «jouer à action ou vérité». Les actions consistaient en des attouchements.
«Je l’ai chatouillée»
A la barre, Cécile a fait valoir sa naïveté et sa peur de représailles de la part du jeune homme. Elle était la seule de ses quatre victimes présumées à être venue témoigner.
Après Cécile et Oriane, le prévenu aurait jeté son dévolu sur Justine, la meilleure amie de Shirley, sa petite copine de l’époque. Lors de vacances en France, en août 2014, il aurait commis des attouchements sur l’adolescente de 13 ans et l’aurait pénétrée avec un doigt devant Shirley. «Je l’ai chatouillée», prétend Stéphane.
Un expert neuropsychiatre a décelé chez lui une tendance hébéphile – une attirance pour les toutes jeunes filles – ainsi qu’une immaturité sexuelle et un manque d’autocritique.
Des images à caractère pédopornographique trouvées lors de perquisitions menées à son domicile en avril 2019 après que les autorités belges ont dénoncé les faits à leurs homologues luxembourgeoises, confirment cette tendance. Il s’agit de 116 images et 11 vidéos.
Le prévenu cherche à se déresponsabiliser, souligne encore l’expert, et rejette l’initiative de ses actes sur ses victimes présumées quand il ne nie pas les faits, comme c’est le cas pour Justine. Quoi qu’il en dise, mineures, elles n’étaient pas en mesure de donner leur consentement, selon la loi. Même Shirley avec laquelle il a été «en couple pendant un an et sept mois».
«Il nous dit ce qu’il a envie d’entendre», analyse la représentante du parquet. Pour elle, le prévenu est bien responsable des faits dénoncés par Cécile. À l’exception de ceux reprochés par Justine, faute de preuves tangibles.
«L’expert chargé d’établir la sincérité de ses accusations n’est pas formel» et Shirley nie y avoir assisté. Justine avait prétendu qu’elle se serait trouvée sous la tente avec eux à ce moment-là. «Elle venait de rompre avec son copain et était jalouse de nous», a justifié Stéphane.
La magistrate a requis une peine de sept ans de prison à son encontre en invoquant le dépassement du délai raisonnable. Elle a enjoint le tribunal d’assortir la peine qu’il prononcera le 7 mai d’une injonction de soins.
Me Says, l’avocat de Stéphane, a plaidé en faveur d’une peine ne dépassant pas les 7 ans et assortie du sursis intégral simple. Depuis que l’affaire a éclaté, il est régulièrement suivi par un psychologue.
Invité à s’exprimer en dernier, Stéphane s’est tourné en direction de Cécile et lui a présenté ses excuses, mains jointes et en faisant plusieurs courbettes.