CHAMPIONNATS DU MONDE À TOKYO Patrizia Van der Weken espère terminer sur une bonne note une saison estivale très compliquée où elle a dû composer avec de multiples pépins physiques.
La saison se termine à Tokyo. Une saison dont on peut dire qu’elle a été très compliquée. Notamment à cause de pépins de santé. Pouvez-vous revenir sur ce qui s’est passé ?
Patrizia Van der Weken : Oui. La préparation a été très compliquée avec plein de petites blessures qui ont traîné. Je suis tombée malade en rentrant de Chine (NDLR : aux Mondiaux indoor à Nankin, fin mars), ça a duré trois semaines, j’ai traîné cela. On y ajoute un corps un peu faible, avec l’entraînement, ça n’a pas aidé. Je pense que la fatigue s’est accumulée et mon corps a dit stop (NDLR : elle a notamment souffert de périostites en mai-juin, puis de multiples tendinopathies, notamment au tendon d’Achille). Ce n’est jamais évident, mais ça fait partie du jeu. Soit tu continues à t’entraîner avec ces problèmes physiques, soit tu te dis que tu n’es pas obligée de te battre. Et tu termines ta saison.
Mais ce n’est clairement pas votre choix ?
Non, je ne suis pas ce genre de personne!
Renoncer à Tokyo n’a donc jamais été à l’ordre du jour ?
Non. Je mérite ma qualification. J’ai fait la norme (NDLR : 11″07) et je suis tout à fait légitime pour y aller. Et même si je n’avais pas fait la norme, je serais largement qualifiée via le ranking. Donc, même si je fais des chronos en 11″15-11″20, qui sont très loin de mon niveau, je mérite largement ma place! Après, bien sûr que ce n’est pas du tout ce que je veux faire, mérite de faire, espère faire. Mais je ne suis pas du genre à baisser les bras parce que c’est un peu plus compliqué pendant une année. Je pense que ça va m’aider pour l’année prochaine, me battre, etc. Après, bien sûr que j’ai réfléchi. Je me suis posé la question de savoir si ça valait le coup. Et je me suis dit que si je n’y allais pas, ce serait abandonner. Et ça, il n’en est pas question. Sauf bien sûr en cas de blessure. Mais là, ce sont juste des douleurs, qui ne sont pas dangereuses. Donc, on serre les dents et on fait ce qu’il reste à faire!
On serre les dents et on fait ce qu’il reste à faire!
Et finalement, dans quel état de forme abordez-vous ces Mondiaux ?
Comme je l’ai dit, on a dû adapter tout le temps l’entraînement. Je n’ai jamais eu à le faire autant dans ma vie. Forcément, il faut prendre tout cela en considération. Je ne serai probablement pas au niveau auquel je pourrais être. C’est dommage. Maintenant, j’ai fait une bonne saison en salle. On ne peut pas tout avoir non plus. Mais j’ai l’impression que ces dernières semaines, ça va un peu mieux. Je commence à trouver mes repères. Il y a quand même un peu de positif. Depuis Zurich, beaucoup d’attention technique a été apportée. J’ai eu tellement mal que ma façon de courir s’est un peu adaptée, car je n’arrivais pas à faire certains mouvements. J’avais mal presque à chaque pas et certaines positions me font encore mal.
Au vu de cette préparation compliquée, quels seront vos objectifs ?
Au départ, on avait fixé pour but de faire un meilleur classement mondial, Jeux inclus (NDLR : elle s’était classée 15e à Paris), ce sera un peu plus compliqué. Mais lors de mes deux premiers championnats du monde (NDLR : en Oregon en 2022 et à Budapest en 2023), je n’avais pas réussi à me qualifier pour les demi-finales. Donc, y parvenir, ce serait déjà bien ! On peut penser que c’est un objectif qui peut paraître facile, mais ça ne l’est pas. Et j’espère faire de meilleures courses niveau contenu.
Ce qui n’a pas été le cas dernièrement ?
À Bruxelles (NDLR : le 22 août), les 40 premiers mètres étaient vraiment bons. À Zurich (NDLR : une semaine plus tard, à la finale de la Diamond League), c’est la fin de course qui était mieux. Je n’ai pas une forme de ouf. Je suis moins en confiance. Et si je cours avec des filles qui ont toutes le potentiel pour faire une finale aux Mondiaux, c’est plus compliqué. Le faux départ (NDLR : de l’Ivoirienne Marie-Josée Ta Lou-Smith, finalement reclassée) m’a fait sortir de mon truc. Alors si je réussis à mettre bout à bout tous les bons éléments que j’ai montrés dernièrement, il y a de l’espoir pour que ça se passe bien.
Quel est votre état d’esprit en arrivant au Japon?
J’ai envie que les douleurs soient moins présentes. Mais ouais, je mérite d’y aller et de faire mieux ! J’ai vraiment très envie de voir comment ça se passe de courir dans ce stade olympique. Rien que l’atmosphère me fera beaucoup de bien. Quant à la motivation, si tu te retrouves avec les meilleures du monde dans un tel stade plein, ça aide pour avoir l’état d’esprit qu’il faut pour faire un bon championnat. Il va falloir battre des filles qui ont été plus régulières que moi cette année, mais que j’ai déjà battues. Il va falloir retrouver ma confiance en moi.