CHAMPIONNATS DU MONDE À TOKYO Ruben Querinjean, Patrizia Van der Weken, Vera Bertemes-Hoffmann et Charel Grethen vont s’attaquer aux meilleurs mondiaux.

Ces championnats du monde promettent de belles émotions côté luxembourgeois. Entre les débuts très attendus d’un Ruben Querinjean qui s’est installé dans le gotha européen et même mondial, les adieux forcément déchirants d’un Charel Grethen qui retrouve la piste de ses exploits, le défi de Patrizia Van der Weken qui va tenter, malgré une saison très compliquée, d’atteindre pour la première fois les demi-finales aux Mondiaux et une Vera Bertemes-Hoffmann auteure d’une superbe saison qu’elle rêve de conclure de la plus belle des manières, les motifs de s’enthousiasmer ne manquent pas !

Ruben Querinjean : la finale dans le viseur

Même s’il ne s’agit que de ses premiers championnats du monde, Ruben Querinjean n’arrive pas à Tokyo avec l’idée de faire de la figuration : «Avant le début de saison, j’étais déjà gourmand en me disant que je voulais aller en finale. L’objectif ne change pas. Mais je n’ai pas envie de me mettre davantage de pression que cela», confie le Malmédien.

Qui a clairement franchi plusieurs caps depuis l’an passé, quand il se qualifiait via le world ranking pour les JO de Paris. Cette saison, il avait pour but de valider son billet directement pour Tokyo. Pour ce faire, il fallait courir le 3 000 m steeple en moins de 8’15″00, soit le même temps que celui demandé pour Paris. Mission accomplie dès le mois de juin, en Finlande, avec un 8’14″33 qui lui permettait de préparer tranquillement la suite. Il a enchaîné avec le titre aux Universiades et surtout avec une victoire pour sa première apparition en Diamond League, du côté de Bruxelles. Le tout avec un record national pulvérisé (8’09″47) et, au passage, un nouveau record de Belgique pour celui qui détient la double nationalité et qui a donc fait mieux que la marque de référence qui datait de 39 ans!

Ruben Querinjean n’est donc pas n’importe qui. En témoigne d’ailleurs sa position au ranking : 13e meilleur performeur mondial de la saison et troisième Européen, rien que ça!

Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi le jeune homme de 23 ans affiche ses ambitions. Il représente clairement la plus grande chance grand-ducale de disputer une finale. Pour y parvenir, il devra néanmoins réussir un gros truc. En effet, il devra prendre l’une des 5 premières places de la troisième et dernière série, où il croisera notamment le Marocain Soufiane El Bakkali, meilleur performeur mondial de l’année et double champion olympique en titre et double champion du monde en titre, ou encore l’Éthiopien Lamecha Girma, double vice-champion du monde en titre. Un sacré défi!

Série : samedi 11 h 31 (heure luxembourgeoise). Finale éventuelle lundi à 14 h 30.

Patrizia Van der Weken : finir sur une bonne note

La saison de Patrizia Van der Weken a été très compliquée. Depuis son hiver de rêve, où elle a décroché les toutes premières médailles internationales de l’athlé féminin luxembourgeois (3e aux championnats du monde de Nankin et aux championnats d’Europe d’Apeldoorn), les choses se sont gâtées point de vue santé. Tombée malade au retour de Chine, elle a ensuite accumulé les pépins physiques en tout genre et notamment au tendon d’Achille. Malgré tout, même si elle n’a pas affolé les chronos, hormis un excellent 11″05 en Diamond League à Doha au mois de mai – qui lui a permis de valider son billet direct pour Tokyo –, elle a tout de même serré les dents et réussi à se hisser, comme l’an passé, en finale de la Diamond League, à Zurich.

Elle arrive au Japon sans certitudes mais avec l’intention de se battre jusqu’au bout. Et sa tâche s’annonce très relevée, comme l’explique son entraîneur Arnaud Starck, présent sur place : «La série s’annonce particulièrement relevée : deux légendes du sprint au départ (NDLR : Shelly-Ann Fraser-Pryce et Marie-Josée Ta Lou-Smith) et une jeune Sud-Américaine en pleine forme (Liranyi Alonso), vice-championne d’Amérique devant les Américaines et les Jamaïcaines, avec des chronos solides et pleinement confirmés. Il faudra donc être à son meilleur niveau pour espérer passer, ce qui ne sera pas simple», confie le technicien. Qui précise, à propos de son athlète : «Depuis maintenant deux mois, nous avons choisi d’adapter les entraînements de Patrizia afin de prévenir toute blessure sérieuse. Elle aborde ainsi cette série sans pression particulière mais avec une grande motivation. Les vingt-quatre derniers mois ont été intenses et sans faux pas, couronnés par la réussite que l’on connaît. Elle conserve aujourd’hui toute sa détermination et sa volonté de bien faire.»

Elle sera en lice dans la dernière des 7 séries. Les 3 premières ainsi que les trois meilleurs temps se qualifient pour les demi-finales, son objectif.

Série : samedi 12 h 37. Demi-finale éventuelle dimanche à 13 h 20 et finale éventuelle à 15 h 13

Vera Bertemes-Hoffmann : rien à perdre

Contrairement à Charel Grethen, arrivé très longtemps à l’avance, Vera Bertemes-Hoffmann a quant a elle débarqué au dernier moment au Japon : «J’ai déjà fait l’expérience et ça ne fonctionne pas très bien pour moi d’être présente trop longtemps avant ma course en cas de climat humide et chaud. J’ai donc suivi un protocole jetlag à la maison, mis en place par le LIHPS, j’ai fait mon adaptation à la chaleur. C’est mieux pour moi d’avoir juste quelques entraînements très légers sur place.»

La jeune femme a également l’avantage d’avoir ses repères, elle qui déjà fait le voyage en début de saison à Tokyo, pour participer au Golden Grand Prix où elle avait pris une très belle quatrième place, synonyme de gros points pour le world ranking, par lequel elle s’est finalement tranquillement qualifiée : «C’est le même hôtel et je sais que ce n’est pas facile de trouver un endroit pour courir autour», confie-t-elle.

Pour Vera Bertemes-Hoffmann, ces Mondiaux seront ses deuxièmes après ceux de Budapest, il y a deux ans. Et même si elle se présente en très grande forme, en ayant abaissé plusieurs fois son record national du 1 500 m, désormais fixé à 4’05″58 sans oublier les records nationaux du 3 000 m, du 5 000 m et un record personnel sur 800 m, elle est consciente qu’il ne sera pas évident de se hisser en demi-finale : «Le niveau est complètement dingue. C’est énorme ce qu’il s’est passé sur les dernières années. Et je sais que mes 4’05″ ne valent pas grand-chose sur le plan mondial et européen (NDLR : elles sont 36 à avoir couru en moins de 4’00″00, avec son chrono elle est 100^e performeuse mondiale et 40^e européenne). Mais je pense que dans les jambes, j’ai encore plus qu’un 4’05″.»

De là à rêver de passer un tour, c’est-à-dire prendre l’une des six premières places de sa série? Elle ne s’interdit rien : «Pourquoi pas. Je vais tout essayer même si ce n’est pas comme sur le circuit international avec des lièvres. Mais pourquoi pas rêver d’une journée magique. Je vais me tenir prête.» De toute façon, elle n’aura rien à perdre. Et on peut compter sur elle pour tout donner avant de prendre des vacances bien méritées. Elle se retrouve dans la quatrième et dernière série avec, notamment au départ, l’extraterrestre kényane Faith Kipyegon ou encore l’expérimentée Britannique Laura Muir. Le défi s’annonce relevé!

Série : samedi 13 h 20. Demi-finale éventuelle dimanche 14 h 07 et finale éventuelle mardi 15 h 05.

Charel Grethen : l’heure des adieux

Charel Grethen n’a pas connu une saison très facile. Le mileur luxembourgeois a enchaîné les résultats moyens et n’était même pas qualifié directement via le world ranking au moment de l’arrêt de la période de qualification. Mais finalement, comme il s’en doutait, il a pu intégrer les 56 athlètes qui lutteront pour le titre mondial.

Évidemment, le protégé de Camille Schmit ne voit pas aussi loin. Pour lui, le premier objectif sera déjà de réaliser ce qu’il était parvenu à faire lors de ses deux premières apparitions en championnat du monde : se qualifier pour les demi-finales. Pour y parvenir, il devra prendre l’une des six premières places, dimanche, de sa série. S’il a vécu un été compliqué, Charel l’a terminé sur une bonne note. En effet, juste avant de s’envoler pour le Japon il y a déjà plus d’une semaine (il a rejoint son groupe d’entraînement ON à Yokohama), il a participé à une course à Trèves. Et il avait signé son meilleur chrono sur les deux dernières années : 3’35« 70. De quoi lui permettre d’aborder les retrouvailles avec la capitale japonaise regonflé à bloc. Forcément, se retrouver à Tokyo lui rappelle des choses, lui qui y a vécu ses plus belles émotions quand, en 2021, il s’était qualifié pour la finale olympique en signant ce qui reste toujours le record national : 3’32« 86.

Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et le doyen des athlètes grand-ducaux a connu d’immenses déceptions, à l’image de sa non-qualification pour les JO de Paris. Il y a quelques semaines, il a annoncé que ces Mondiaux seraient sa dernière compétition internationale, avant de raccrocher les pointes dans deux semaines, à la maison, à l’occasion du Road mile organisé par son club, le CSL. Mais auparavant, Charel Grethen compte bien montrer une dernière fois au monde de l’athlétisme ce qu’il est capable de faire sur une piste. Avec, pourquoi pas au bout, une nouvelle qualification en demi-finale. C’est tout le mal qu’on lui souhaite!

Série : dimanche 14 h. Demi-finale éventuelle lundi à 14 h 30 et finale éventuelle mercredi à 15 h 20.